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Impuissance, illusions ou détermination ?
Cette phrase n'est pas nouvelle : elle a été prononcée en 2002 au sommet de la Terre de Johannesburg - sommet des bonnes volontés ... d'où pas grand chose ne sortit. C'est au fond tout le problème. Ce grand écart qui sépare l'urgence climatique des catastrophes, records et dégâts se succédant à un rythme de plus en plus rapide et le temps long des négociations, de la diplomatie.
La situation est inédite ; elle n'en est pas moins désastreuse.
- inédite parce qu'il ne suffira pas d'une conférence internationale où chacun des participants, négociant au plus juste les efforts à fournir, les sacrifices à consentir et les gains à escompter, se contenterait de défendre ses intérêts nationaux. La crise est mondiale ce devrait donc être une posture mondiale qu'il faille adopter et non seulement internationale.
- désastreuse parce qu'elle pointe le doigt où cela fait le plus mal : qu'ils soient ou non de bonne volonté, que leurs engagements soient ou non feints. Depuis Kyoto (1997) que de lenteurs, que de piètres avancées ... Or si le bilan peut être dressé du point de vue de l'environnement, il le doit aussi du point de vue politique. Demain, les mesures à prendre seront à ce point drastiques, que la tentation, inévitablement sera forte, de les prendre de manière autoritaire : la démocratie, là où elle existe encore, va souffrir. Dès aujourd'hui, ce qui ne peut qu'apparaître comme impuissance des politiques, fait se détourner les électeurs au profit d'extrêmes qu'on eût espéré rangées au magasin des horreurs historiques.
Du tous pourris au tous incapables, le vent, décidément souffle dans la même détestable direction.
Nous n'avons pas les grilles théoriques pour affronter ce type de crise et nos théories économiques ressassent jusqu'à l’écœurement les vieilles recettes du XIXe ... Nous n'avons pas plus de grilles idéologiques qui nous permettent de concevoir une réalité globale et systémique où il ne suffira pas d'attendre que l'autre fasse le premier pas, non plus que d'exiger que nos États fassent seuls le travail.
L'œuvre, de la base au sommet, doit inspirer chacun, à sa place : ce peut être aussi la grande chance de la démocratie ... mais ce n'est pas gagné ; loin de là. Notre génération, biberonnée à la croissance échevelée de l'après-guerre a déjà du mal à concevoir que les Trente Glorieuses ne furent qu'une étonnante exception, comment pourra-t-elle affronter une situation qui à ce point paradoxal contredit la totalité de ses dogmes ? Les générations qui suivent, baignées depuis toujours dans les crises successives, seront-elles mieux armées pour ce défi vital ?
Que l'immensité de l'enjeu s'accompagne de la montée de la violence extrême et aveugle n'a en tout cas pas de quoi rassurer.