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Raccourcis vertigineux ...

Je pense que ce sont des fermetures dans notre économie, dans notre société, les pertes d’opportunité, les plafonds de verre qui sont mis, les corporatismes qui se sont construits qui à la fois se nourrissent de la frustration sur le plan individuel et créent de l’inefficacité sur le plan économique
Macron

Emmanuel Macron : la France a « une part de responsabilité » dans le « terreau » du djihadisme Le Monde du 22/11/15
Le ministre de l’économie Emmanuel Macron a affirmé samedi 21 novembre que la société française devait assumer une « part de responsabilité » dans le « terreau » sur lequel le djihadisme a pu prospérer, évoquant une disparition de l’idéal républicain de mobilité sociale. « Le terreau sur lequel les terroristes ont réussi à nourrir la violence, à détourner quelques individus, c’est celui de la défiance », a prévenu le ministre.
« Nous sommes une société dont au cœur du pacte il y a l’égalité », a-t-il fait savoir lors d’une intervention en conclusion de l’université du groupe social-démocrate baptisé « Les Gracques », huit jours après les attentats meurtriers du 13 novembre, revendiqués par l’organisation Etat islamique (EI). Mais « nous avons progressivement abîmé cet élitisme ouvert républicain qui permettait à chacune et chacun de progresser. Nous avons arrêté la mobilité » sociale, a-t-il déploré.
« Des fermetures dans notre économie »
Il a évoqué le fait que « quelqu’un sous prétexte qu’il a une barbe ou un nom à consonance qu’on pourrait croire musulmane, a quatre fois moins de chances d’avoir un entretien d’embauche qu’un autre ».
« Je ne suis pas en train de dire que tous ces éléments sont la cause première du djihadisme. C’est la folie des hommes, et l’esprit totalitaire et manipulateur de quelques-uns. Mais il y a un terreau, ce terreau est notre responsabilité. »
« Nous avons une part de responsabilité, parce que ce totalitarisme se nourrit de la défiance que nous avons laissée s’installer dans la société. Il se nourrit de cette lèpre insidieuse qui divise les esprits, et, si demain nous n’y prenons pas garde, il les divisera plus encore », a-t-il prévenu.
M. Macron a lié les réformes qu’il a récemment défendues à la nécessité de « changer cette société en l’ouvrant ».
« Je pense que ce sont des fermetures dans notre économie, dans notre société, les pertes d’opportunité, les plafonds de verre qui sont mis, les corporatismes qui se sont construits qui à la fois se nourrissent de la frustration sur le plan individuel et créent de l’inefficacité sur le plan économique », a-t-il plaidé.
Il faut, décidément, avoir tout entendu ...

L'inénarrable Macron bat sa coulpe : oh pas au point de revenir sur ses dogmes libéraux mais quand même. Notre société porte une part de responsabilité ! Soit !

Quand on lit tout cela avec un peu d'attention on repère outre la remarque, assez juste, sur la défiance qu'on aimerait néanmoins voir expliquée,

Voici le logiciel néo-libéral mobilisé : tout est bon pour vendre sa réforme.

La formation du citoyen libre est rabattue non pas tant sur le mérite que sur l'élitisme - où il rejoint implicitement toutes les scies droitières contre les pédagolâtres accusés de faire baisser le niveau, d'offrir une formation au rabais, bref de faire mine d'offrir une chance à ceux-là précisément que l'on laisserait sur le bas côté !

Quant à la déréglementation si chère à notre ministre, serait ce à dire que d'autoriser le travail le dimanche ferait baisser les tentations terroristes ?

Tout ceci est passablement odieux et furieusement vulgaire.

Sans ironie, vraiment, je me demande comment on peut ainsi en appeler à la souplesse et à la flexibilité quand on fait soi-même preuve d'une telle rigidité intellectuelle.

Ce qu'il nous offre ici n'est ni plus ni moins que les vieilles recettes, les rengaines éculées de la droite néo-libérale. Ce Monsieur pense comme un simple manager qui eût appris quelques techniques supposées infaillibles qu'il appliquera à tout et n'importe quoi, faute de savoir rien faire d'autre ; rien penser d'autre.

Comment disait Platon encore à propos de l'ingénieur ? Ah oui tu n'épouserais pas sa fille ni ne donnerais ta fille à cet homme-là !

Notre époque s'est vautrée dans les certitudes fates de la technique qui est, décidément, la forme moderne du dogmatisme.