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Silence éternel

Qui n'a rien à voir - mais est-ce si sûr ? - ces images de la planète Mars qui me rappellent furieusement un cauchemar d'enfance : moi, survolant, en tout cas scrutant d'en haut, la cité que nous habitions alors mais ... personne ; nulle part. Et ce silence, surtout.

Paysages désertiques, d'une beauté froide et altière comme si ces reliefs burinés ne s'étaient dressés que pour la beauté du geste, gratuitement. Vainement !

Je n'en tire surtout aucune orientation philosophique - ce serait bien altier et trop peu rigoureux : ce fut sans doute quelque chose de cette angoisse qu'évoque Pascal mais ce n'était pas des espaces infinis - tout juste un monde - mon monde - que subitement tout le monde avait déserté.

Pourquoi ce cauchemar m'est-il resté ? pourquoi me revois-je encore, effrayé, tout juste extirpé de sueurs et de stupeur ? J'aurais mauvaise foi à y scruter ma première expérience métaphysique, non plus que l'origine inconsciente de ma prédilection pour la philosophie. Je devinai en tout cas, à ce moment précis, qu'il n'était de monde que pour une conscience susceptible de le percevoir.

Je sais les écrans ; je connais les prismes ; j'ai appris les formes a priori ! Je sais que le monde ne nous est donné que comme objet de conscience et qu'il est impossible de savoir si, hors d'elle, subsistait quelque chose plutôt que rien !

Je ne crois pas mon imagination auteur du monde, ou alors seulement dans le sens originel où elle l'augmenterait. Je suis resté longtemps interdit devant ces antonymes trop policés - matérialisme/idéalisme - pour ne pas être simplificateurs même si, à leur abrupte manière, ils dessinent les deux écueils où ne pas sombrer. Je n'ai pas la superbe ombrageuse pour imaginer jamais que ce monde ne fut élevé que pour moi et crains plutôt d'être qui l'abîme plutôt que ne l'érige.

Curieux vis-à-vis quand même que celui de ce monde qui appelle une conscience pour exister et que cette conscience qui s'écroulerait bien vite de divagations abstruses si elle ne pouvait appeler quelque chose qui lui fût extérieur.

Où je retrouve l'écart. Car ici, décidémenr, je ne vois que pesanteur.