palimpseste Chroniques

L'intervention de Hollande sur TF1 :
Une leçon de communication

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Il a fait le job

On se plaignait du flou, de l'absence de perspectives, en tout cas de mise en perspective. C'est désormais fait. Le rôle du président sous la Ve étant de fixer le cap et de veiller à la bonne observance des objectifs fixés quand c'est au gouvernement - Premier Ministre en tête - de mettre en oeuvre la politique de la Nation, on a eu droit ce soir, à la fois au cap et aux étapes. Le maître mot : agenda, répété à plusieurs reprises, comme sait le faire tout bon enseignant ou communiquant. Un agenda en deux temps : deux ans pour le redressement ; deux ans pour la reconstruction avec un voeu simple - que la France soit en meilleure situation, et les français vivent mieux en 2017 qu'en 2012.

Il ne nous a pas promis de la sueur du sang et des larmes mais il aurait pu le faire. En tout cas, le changement c'est maintenant se sera vite transformé en l'effort c'est maintenant et l'amélioration c'est pour demain.

Autre leçon de communication : l'engagement pris de tenir l'opinion au courant des avancements, des étapes. Il s'y était engagé durant la campagne. Certes la période estivale ne s'y prêtait guère, mais assurément le fait de n'être pas intervenu depuis le 14 juillet n'aura pas été pour rien dans la période de flottement.

Posture de combat, et le terme est le même que celui utilisé par Ayrault, détermination, volonté seront les leitmotive de cette intervention avec cette note plutôt intéressante qui relève bien de la mystique du chef : je sais où je vais. Assez intéressante cette posture à la fois de combat et d'autorité - lui que l'on soupçonne toujours de mollesse sinon de faiblesse. Que ce soit dans le geste et le regard, ou dans les propos mêmes; on sent la volonté de rappeler qui est le chef.

 

Sur les bisbilles gouvernementales, le maintenant c'est fini claque bien plus fort que la sourde injonction d'Ayrault : il y a ici un côté silence dans les rangs qu'impose la référence unique à ses engagements de campagne. Le la est donné : ils n'ont qu'à s'y tenir !

Mais le geste aussi : ces mains qui balaient tantôt de la gauche vers la droite mais bien plus souvent fendent verticalement l'espace comme pour mieux fixer le trait et assurer la position.

Posture d'autorité encore que celle qui consiste à en appeler à la concertation avec les partenaires sociaux, certes, mais à fixer néanmoins une date limite après quoi il prendra les décisions nécessaires. Autorité du calendrier qui exige que tout soit en place pour que les deux années 2012 & 2013 soient celles du redressement : on comprend alors mieux le j'accélère du début de l'entretien ainsi que les je vais encore plus loin répétés à deux reprises ou l'insistance sur l'importance des réformes qu'il annonce de fond voire historiques.

Les chroniqueurs diront demain dans la presse ce qu'ils en auront retenu - et sans doute y trouveront-ils à redire.

La question en réalité est politique : mais au moins le cap est fixé. On pourra juger d'ici la fin de l'année (4 mois) si les réformes ont été mises en place ou non. Leurs effets ? C'est une autre affaire.

Politiquement, on peut avec Médiapart y voir du Schröder pur sucre. Sans doute est-ce là de la bonne et saine social-démocratie voire du social-libéralisme. J'y vois l'effort sans cesse répété à la fois de la synthèse qui lui est si caractéristique et celui de la justice qui fut l'âme de son programme. Ponctionner trente milliards mais à égalité sur le budget, les entreprises et les familles ; cette réforme attendue sur le droit social qui tente (gagnant/gagnant) de préserver, en réinventant quelque chose qui semble ressembler à la fameuse flexi-sécurité, autant les intérêts des salariés que des entreprises, tout ceci ressemble assez bien à ce souci d'équité mais aussi à cette tendance à vouloir ménager la chèvre et le choux.

On est loin - très loin - de la rupture.