Dialogue social
Promesse de campagne ; discours de la méthode. Les esprits chagrins s'empressent de constater qu'une conférence ne débouchant sur aucune décision, se promettant juste de faire un bilan d'ici une année est un exercice facile et démagogique sans commune mesure avec la gravité de la situation. De son côté Hollande insiste sur l'originalité de la démarche .... Regardons y de plus près car, en marge de la politique sociale qui sera menée il y a aussi des intentions éminemment politiques
Reconsidération des corps intermédiaires
On ne peut que se souvenir de la volonté proclamée entre les deux tours par Sarkozy de passer par dessus les corps intermédiaires pour en appeler à la relation directe entre le président et le peuple, pour ne pas saisir que c'est ici l'exact contre-pied qu'aura choisi Hollande. Qu'en dernier recours ce soit toujours l'exécutif qui décide n'empêche pas de laisser le dialogue social se dérouler et fixer détails et modalités. Hollande rappelle que nous n'aurions pas véritablement une culture du dialogue et ce n'est pas forcément en référence au modèle allemand de co-gestion qu'il le fit.
Force est de constater que le dialogue, dans notre histoire, que les grandes conférences de remise à plat, du type Grenelle, se firent toujours dans l'urgence de la crise, non sans douleurs ni sans duperie. Ce fut le cas en 36 évidemment ; ce fut le cas aussi en 68 en plein coeur d'une crise universitaire qui fut relayée par un fort mouvement de grève ouvrière.
Reconsidération du rôle du gouvernement
Révélateur et pas seulement symbolique que cette conférence se tienne non à l'Elysée mais dans les locaux du Conseil Economique et Social. Hollande qui a quitté la conférence sitôt son discours prononcé, respecte ainsi son engagement de jouer présidentiel c'est-à-dire de fixer le cap, les grandes orientations et de laisset le gouvernement seul avec les partenaires sociaux.
Sous les symboles ... une réalité
Celle d'un Etat impécunieux qui n'a aucune marge de manoeuvre. Le risque existe d'un marché de dupes où la conférence ne viserait à associer les corps intermédiaires que pour faire passer une pilule amère que le gouvernement seul ne parviendrait pas à faire passer. D'utiliser les syndicats à contre-emploi.
Certes !
Si l'on prend la question d'un peu plus haut, il faut convenir qu'effectivement c'est le modèle social français hérité de la Résistance qu'il importe demain de refonder. Où se joue la promesse de justice faite lors de la campagne - et l'attente de ce côté est loin d'être symbolique. C'est ici que tout se jouera.
Que cette refondation fasse l'objet d'un pacte républicain où chacun s'engage, partis, syndicats, collectivités locales est plutôt de bonne augure et a le mérite de consacré un tournant : c'est au réticences de la presse devant le report à l'an prochain des décisions finales que l'on peut mesurer les dégâts que l'hyperprésidentialisation aura faits dans nos têtes. Il nous faudra bien réapprendre le temps long de la concertation.
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