Chronique du quinquennat

La conférence sociale, dernier rempart contre le populisme
F Fressoz

Avec une implacable lucidité, François Hollande va tenter d'aller jusqu'au bout de ce que Lionel Jospin avait réalisé en 2000  lorsque premier ministre, il s'était exclamé : « l'Etat ne peut pas tout !», choquant alors une grande partie de la gauche.

Le président de la République va tenter de mouiller le patronat et les syndicats dans les transformations sociales dont le pays a besoin pour sortir de l'ornière.  Il va même essayer d'en faire les moteurs du changement.

C'est tout le sens de « la grande conférence sociale » qui s'étire sur deux jours, implique le chef de l'Etat, le premier ministre, une bonne partie du gouvernement et plus de 200 représentants des corps intermédiaires sous le regard patelin du très chiraquien Jean- Paul Delevoye, qui préside le Conseil économique social et environnemental (CESE).

Pour parvenir à ce moment de vérité, il aura fallu passer par bien des étapes et notamment par le sarkozysme, syndrome de la toute puissance politique butant sur sa propre impuissance .

Le sarkozysme ou l'histoire d'un homme qui croyait pouvoir réformer le pays par la seule force de sa volonté et qui, à l'arrivée, se retrouve vaincu par la crise autant que par l'antisarkozysme qu'il a généré .

Avec en sus, des corps intermédiaires traumatisés d'avoir failli disparaître sous la menace du référendum que l'ancien président voulait organiser par dessus leur tête pour réformer la formation professionnelle et le système d'indemnisation des chômeurs.

Cette grande peur des partenaires sociaux est la grande chance de François Hollande : ils se sont vus disparaître. Ils ne pourront résister à l'attrait de se voir indispensables.

Le tout est de ne pas les braquer, de ne pas donner l'impression de leur en mettre trop sur les épaules.  Car ils sont eux-mêmes très malades, mal assis sur leur base, sous-représentés pour ce qui est des syndicats dans le secteur privé et au contraire surreprésentés dans un secteur public qui craque de toutes parts.

Longtemps, il se sont bouchés les yeux. Comme si tout finirait par s'arranger, avec l'aide et la bénédiction de l'Etat . Mais la crise des dettes souveraines a douché les dernières espérances et rendu le pays très lucide.

C'est l'autre chance de François Hollande : les Français ont compris que c'était grave, que les finances publiques étaient à bout, qu'il n'y avait plus d'argent pour financer le modèle social sur les bases du compromis de l'après-guerre.

Tout est prêt pour la passation des pouvoirs et le changement de modèle.  Le moment est tellement dramatique qu'il n'est pas besoin d'en rajouter.

Au contraire, François Hollande fait tout pour banaliser cet instant où le tout Etat, actant son impuissance, transmet le flambeau aux corps intermédiaires.

Il a très bien compris qu'en cas d'échec, il n'y aura qu'un seul gagnant : le populisme.

 


 


 

 

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