Elysées 2012

Le monde que nous quittons

Revenir rapidement sur ce qui se cache sous l'écologie tant les controverses furent nombreuses, et pas toujours du meilleur goût ni de la plus grande honnêteté. Tenter aussi de comprendre ce qui se joue, idéologiquement, philosophiquement.

Une polémique indigne Rapports homme / nature Rupture Ecologie politique
      Bibliographie

Nous avons perdu le monde
Signes de cette perte : l’effacement de l’espace et du temps

Assez intéressant de ce point de vue que dans le texte intitulé la chose, Heidegger commence par une réflexion sur l’espace et le temps

Loin du monde, loin de lui-même, pourquoi ne se prendrait-il pas alors pour un dieu ? Pour un fondateur ?

Toutes les dichotomies classiques viennent de là : le monde est sauvage, brutal, violent

Au commencement était le vol

Vol des oiseaux dont on attend sortilège ; vol des troupeaux que l’on subtilise : étrange terme que celui-ci désignant à la fois une des figures éponymes de la liberté en même temps que le larcin même s’il est avéré que, via la fauconnerie, cette seconde signification dérive de la première. Le vol dans son ambivalence renvoie à la même polysémie que forfait : d’un côté le larcin, de l’autre la liberté.

Au commencement est le vol et il y a fort à parier que l’on y doive voir la parabole de la grande révolution du néolithique : l’homme est chasseur, et à ce titre, prédateur ou parasite. Ce n’est qu’ensuite qu’il se fera paysan ou éleveur : à tout prendre, parasite encore !

Reprenons : définir les règles du bien agir revient inévitablement à supposer quelques principes directeurs à l’aune de quoi on pourra mesurer, à la fois ce que l’on doit faire et ce que l’on doit s’interdire de tenter. La question n’est pas nouvelle, elle n’est même pas fondatrice. Elle vient après la position des principes. Pris au sens le plus large des termes, on pourrait presque écrire que la philosophie n’a rien à dire ici : ce serait bien plutôt aux praticiens de définir eux-mêmes et pour eux-mêmes les codes déontologiques idoines.

N’étaient deux révolutions :

Avènement de la technoscience : bouleversement des sciences

Science vs technique : la technique ne pense pas

A Comte pouvait encore s’insurger en plein milieu du XIXe siècle contre le finalisme et ne voir dans une interrogation sur les causes premières et les fins dernières du monde un réquisit de la pensée métaphysique, tout juste bonne à jouer le rôle de prémisses à l’esprit positif. L’abandon de la question pourquoi au profit de la seule question comment marquant pour lui le passage à l’esprit positif qui devait se dérouler autant dans le domaine du savoir que de la pratique.

La démarche scientifique, telle qu’elle se déploie à l’époque moderne disposait un rapport certes étroit entre science et technique, mais un rapport où science semblait dominer la processus : d’un côté la recherche fondamentale, libre de toute préoccupation pratique ; de l’autre, la technique qui puisait dans l’arsenal théorique des sciences des moyens pour aboutir à ses fins. Certes, la relation était étroite et complexe, ne serait-ce que dans la mesure où la technique offre à la fois des problèmes à résoudre à la science et les moyens de le faire mieux en mettant à sa disposition des instruments d’observation, il n’empêche que c’était l’esprit scientifique qui semblait y devoir mener la danse.

C’est encore une telle perspective qui s’observe chez Bachelard, par exemple, qui illustre à l’envi combien l’esprit scientifique, à travers ce qu’il nomme le sur-rationalisme et à l’envers de la technique viendra toujours proposer des questions où celle-ci ne veut que des réponses.

La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument  à l'opinion. S'il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que celles qui fondent l'opinion; de sorte que l'opinion a, en droit, toujours tort.

L'opinion pense mal; elle ne pense pas; elle traduit des besoins en connaissance. En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion: il faut d'abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas par exemple de la rectifier sur des points particuliers, en maintenant comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire. L'esprit scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu'on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d'eux-mêmes. C'est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S'il n'y a pas eu de question, il ne peut y avoir de connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit.

Relation complexe entre le savoir et le faire, certes, mais relation extérieure, manifestement, où la raison ne peut se déployer qu’en s’affranchissant de toute contingence pratique, de tout impératif utilitaire. Position classique, finalement où, à l’instar de l’art, la science est une fin en soi, qui se justifie par elle-même, et demeure à l’écart de toute interrogation morale et se pose, conformément à l’idéal antique plutôt comme modèle de la valeur en soi : recherche gratuite de la connaissance. En tout état de cause, la question morale ne saurait y être une question scientifique – la connaissance est un bien en soi – tout au plus peut-on admettre que l’avancée de la connaissance puisse poser des questions morales qui devront être résolues ailleurs, dans le champ soit technique, soit politique.  (Comité national d’éthique)
D’un côté, héritiers de la philosophie, les quêteurs de savoir – à défaut d’amateur de sagesse – de l’autre, les ingénieurs, les praticiens, d’abord méprisés, réhabilités depuis, certes, mais demeurant toujours, avec moue condescendante, un peu à l’écart, en dessous dans la grille des valeurs.

Le chercheur scientifique, qui n’est plus depuis longtemps un savant, s’est retiré sur son Aventin – dans son laboratoire – et tente d’inventer un modèle qui permette de rendre compte du réel. Pour y raisonnablement parvenir il a besoin d’être à l’écart. A l’écart des pressions économiques, politiques et techniques. Sa recherche n’a d’issue heureuse possible qu’à condition d’être libre, c'est-à-dire dénuée de toute pression utilitaire.  A la fois parce qu’il a affaire à la relation cause/effet, fût-elle compliquée par la rétroaction qui permet à l’effet d’être lui-même cause, et non à moyen/fin qui pourrait dévoyer son regard et sa capacité à imaginer des hypothèse, mais qu’aussi la simple observation du réel en elle-même ne révèle rien d’autre que de confus et donc de fallacieux.

Il y a donc bien deux aspects à ce retrait du scientifique : l’Aventin est à la fois épistémologique et politique. Manifestement le chemin le plus court – et le plus efficace – entre nous et le monde passe par la théorie, la représentation. Ce chemin est un détour, une ruse de la raison, un truchement. Pour pouvoir lire le monde, il faut préalablement se le représenter théoriquement.

Dans l’échange entre la théorie et l’expérience, c’est toujours la première qui engage le dialogue. C’est elle qui détermine la forme de la question, donc les limites de la réponse. «Le hasard ne favorise que les esprits préparés» disait Pasteur. Le hasard, ici, cela signifie que l’observation a été faite par accident et non afin de vérifier la théorie. Mais la théorie était déjà là, qui permet d’interpréter l’accident

Epistémologique et donc politique la nécessité pour le chercheur d’échapper aux contraintes de l’efficacité et de l’utilité qui précisément ne manqueraient pas de brouiller la capacité du chercheur à se représenter le monde. Il suffit de lire ce que Bachelard écrivait à propos du sens commun pour le repérer :

La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument  l'opinion. S'il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que celles qui fondent l'opinion; de sorte que l'opinion a, en droit, toujours tort.

L'opinion pense mal; elle ne pense pas; elle traduit  des besoins en connaissance. En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion: il faut d'abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter.

La traduction de besoin en connaissance est l’inverse de la connaissance. Autrement dit la recherche doit échapper à toute considération utilitaire ; soit encore, la technique ne pense pas.

Ce qu’on peut remarquer c’est que ce détour n’est pas anodin : il rejoint ce qu’A Comte avait lui-même repéré, l’absolue nécessité pour pouvoir penser le monde, de faire le détour par la théorie, une théorie quelconque. Remarquons ensuite que c’est assurément au moment où le chercheur se distingue le plus du technicien qu’en réalité il s’en rapproche le plus : les deux trichent, les deux usent de ruse et de truchement. Les deux traduisent, étymologiquement. Bacon l’avait écrit, pour commander à la nature, il faut préalablement lui obéir : autant dire que, sous l’apparente soumission au monde, il y a en réalité trajectoire obvie pour le soumettre, à la fin. Mais en même temps, cette soumission est déjà elle-même une injonction puisque cette reconnaissance du monde est conditionnée par une théorisation préalable. Le monde n’est reconnu que comme représentation, que comme monde pensable.

 Dans une telle configuration, aujourd’hui largement dépassée, la question morale est extérieure à l’esprit scientifique, est étrangère à la démarche scientifique. L’esprit scientifique se proclame irresponsable et un F Jacob peut encore écrire  :
Car ce ne sont pas les idées de la science qui engendrent les passions. Ce sont les passions qui utilisent les idées de la science pour soutenir leur cause. La science ne conduit pas au racisme et à la haine. C’est la haine qui en appelle à la science pour justifier son racisme. On peut reprocher à certains scientifiques la fougue qu’ils apportent parfois à défendre leurs idées. Mais aucun génocide n’a encore été perpétré pour faire triompher une théorie scientifique

C’est assurément cela qui a changé : l’intrication de plus en plus forte des sciences et des techniques, où l’on peut déceler un modèle hélicoïdal, assurément dialectique, où l’on ne peut plus imaginer de développement scientifique qui ne s’asseye sur celui de la recherche appliquée, voire de la technique elle-même.

« la découverte de mécanismes fondamentaux permet le développement d’applications pratiques qui, à leur tour, conduisent à de nouvelles découvertes fondamentales qui elles-mêmes déboucheront sur de nouvelles applications et ainsi de suite… »

Le processus a sans doute commencé il y a un moment où l’on peut voir des causes autant sociales qu’épistémologiques, il est en tout cas parvenu à un stade où il est désormais impossible que ne se pose pas, de l’intérieur, une question morale qu’autrefois on laissait se poser à l’extérieur.

Technique vs science : mais la science non plus ne pense pas

Affirmation péremptoire et volontiers provocatrice de Heidegger dans Qu’appelle-t-on penser mais que l’on retrouve notamment dans  Essais et Conférences qui signifie avant tout que si l’esprit scientifique tente de donner une représentation de la réalité, en revanche elle ne pense pas notre rapport à elle, où manifestement l’on peut voir aussi bien l’un des champs de la philosophie elle-même que ce qu’il nomme l’oubli de l’être.

 Ce qui caractérise les sciences c’est bien le primat de la méthode : l’esprit scientifique est une démarche, une méthode et cette méthode a dans règles. Que celles-ci soient pensées à partir de la pratique de recherche ne change rien à l’affaire et il est tout à fait révélateur de ce point de vue que le Discours de la méthode de Descartes soit en réalité le préambule d’un essai scientifique, lui même dépassé quand le discours reste d’actualité.
Ce primat de la méthode si fécond par ailleurs, produit une véritable technicisation des sciences non pas tant en ce qu’elle utiliserait des outils techniques pour parvenir à produire des connaissances mais en ce qu’elle serait organisée de manière technique : parcellisation des tâches, rationalisation des procédures, abstraction et mécanisation accrue. D’où une spécialisation de plus en plus forte des domaines de recherche et donc des chercheurs. C’est ici qu’Heidegger voit le danger : la perte par les sciences de leur sol - ce qu’il nomme déracinement – qui est en réalité une perte de l’objet. Les sciences ne parleraient plus de ce qui est, de l’étant, mais seulement de comment est cet étant qui est.

D’où le danger qu’entrevoit Heidegger d’une science qui aurait le plus grand mal à se défendre et se laisserait ainsi intimider par une raison instrumentale éprise avant tout de rentabilité, de performance, d’une science qui se laisserait arraisonnée par l’industrie.

D’où un second danger, directement lié au premier, de la disparition d’un lieu – l’Université – qui prendrait en charge la remise en question de la science par elle-même, qui interrogerait le rapport de la science à l’objet. Avec comme conséquence immédiate que dans les états modernes les dirigeants soient désormais plutôt formés dans des écoles spécialisées, et non plus dans l’université avec le risque qu’elle soit cette fois-ci soumise politiquement à la raison instrumentale et industrieuse.

Certes, rappelle Heidegger, ce n’est pas la science elle-même, avec ses propres protocoles, qui pourra scientifiquement se poser la question de son rapport à l’être de l’étant et nous aurons inévitablement à nous poser la question de ce qui. Remarquons simplement qu’Heidegger est certainement le mieux placé pour voir, ce que Nietzsche avait déjà pressenti, l’instrumentalisation politique de la connaissance, et ce, quel que soit le jugement  que l’on porte sur son attitude face au régime nazi. Remarquons ensuite que dans la reprise de cette question en 1954 il met en avant l’instrumentalisation technique de la science comme une des formes modernes du triomphe de la raison instrumentale. Remarquons encore qu’une analyse précise des circuits de formation en France, que la récente réforme dite LRU de l’université offre une singulière illustration de ce processus. Favoriser la recherche en avançant, pour unique motif, que la recherche d’aujourd’hui  ce sont les brevets de demain et les brevets de demain les emplois d’après demain, donne manifestement un sens à cette menace, qui illustre, en même temps que celle de l’université, la crise de la science elle-même, retraduite en techno-science.

Remarquons enfin que la question même posée Ethique et management qui se pose de plus en plus est bien le reflet de ces dangers : le plus grand serait encore d’y apporter une réponse technique en offrant à la recherche appliquée d’abord, à la recherche fondamentale ensuite, quelque chose comme un guide pratique, un livre de recettes, un vademecum ! C’est bien pour cela qu’il n’est pas suffisant de se poser le problème en terme d’éthique mais qu’il faut bien, allant à la racine, interroger les fondements, et donc penser en terme moral.

Que la logique de la performance qui gagne l’université en incitant fortement les chercheurs à produire, qui incite déjà certaines universités américaines à réduire voire fermer les unités de sciences humaines, à déposer le bilan des humanités ne laisse pas d’inquiéter. Je ne suis pas certain que ce soit à la métaphysique, à la philosophie ou aux sciences humaines de régler la question morale. Je suis certain en revanche que, scientifiquement, les sciences n’y peuvent répondre d’elles-mêmes. Sans doute est-ce dans le dialogue entre science et philosophie que peut se poser la question du sol, de l’être. Les ultimes tendances des grandes universités mondiales, ivres de performance et de classement semblent le rendre impossible, faute de combattant !

L’inquiétude n’est pas ailleurs.

Ce qui justifie derechef notre démarche : aller chercher du côté de notre rapport à l’objet le tracé fondateur de nos valeurs morales d’où notre réflexion ci dessous sur le bois, la forêt.


Le péril écologique : les trois ruptures

La disparition de l’agriculture

Le génocide

Hiroshima

Le péril écologique : le sentiment de l’imminence

Il faut peut être regarder du côté de la comparaison Athènes, Jérusalem et Rome.
Les fondements de l'éthique sont en crise dans le monde occidental. Dieu est absent. La Loi est désacralisée. Le Su Moi social ne s'impose pas inconditionnellement
Dans ce que dit ici morin il faut retrouver les trois sources (Bergson ?)
Dieu ; loi ; sur moi social


Le premier qui ayant enclos un terrain s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : "Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne!" Mais il y a grande apparence qu'alors les choses en étaient déjà venues au point de ne plus pouvoir durer comme elles étaient : car cette idée de propriété, dépendant de beaucoup d'idées antérieures qui n'ont pu naître que successivement, ne se forma pas tout d'un coup dans l'esprit humain : il fallut faire bien des progrès, acquérir bien de l'industrie et des lumières, les transmettre et les augmenter d'âge en âge, avant que d'arriver à ce dernier terme de l'état de nature. [...] La métallurgie et l'agriculture furent les deux arts dont l'invention produisit cette grande révolution. Pour le poète, c'est l'or et l'argent, mais pour le philosophe ce sont le fer et le blé qui ont civilisé les hommes, et perdu le genre humain.

Du lat. class. sŏrtῑri « tirer au sort, fixer par le sort, obtenir par le sort » en gén. « obtenir du sort, de la destinée » puis « choisir » (lui-même dér. de sors, v. sort); le développement du sens de « passer du dedans au dehors », propre au fr. et qui a évincé à partir du xvie s. issir*, est difficile à expliquer

Ils étaient jumeaux, et la prérogative de l'âge ne pouvait décider entre eux : ils remettent donc aux divinités tutélaires de ces lieux le soin de désigner, par des augures, celui qui devait donner son nom et des lois à la nouvelle ville, et se retirent, Romulus sur le mont Palatin, Rémus sur l'Aventin, pour y tracer l'enceinte augurale.
(1) Le premier augure fut, dit-on, pour Rémus : c'étaient six vautours ; il venait de l'annoncer, lorsque Romulus en vit le double, et chacun fut salué roi par les siens ; les uns tiraient leur droit de la priorité, les autres du nombre des oiseaux (2) Une querelle s'ensuivit, que leur colère fit dégénérer en combat sanglant ; frappé dans la mêlée, Rémus tomba mort.

Moïse dit à l'Éternel: Ah! Seigneur, je ne suis pas un homme qui ait la parole facile, et ce n'est ni d'hier ni d'avant-hier, ni même depuis que tu parles à ton serviteur; car j'ai la bouche et la langue embarrassées.

 L'Éternel lui dit: Qui a fait la bouche de l'homme? et qui rend muet ou sourd, voyant ou aveugle? N'est-ce pas moi, l'Éternel?
 Va donc, je serai avec ta bouche, et je t'enseignerai ce que tu auras à dire.
 Moïse dit: Ah! Seigneur, envoie qui tu voudras envoyer.
 Alors la colère de l'Éternel s'enflamma contre Moïse, et il dit: N'y a t-il pas ton frère Aaron, le Lévite? Je sais qu'il parlera facilement. Le voici lui-même, qui vient au-devant de toi; et, quand il te verra, il se réjouira dans son coeur.
 Tu lui parleras, et tu mettras les paroles dans sa bouche; et moi, je serai avec ta bouche et avec sa bouche, et je vous enseignerai ce que vous aurez à faire.
 Il parlera pour toi au peuple; il te servira de bouche, et tu tiendras pour lui la place de Dieu.
Ex 4, 11-17

Tite Live Ab urbe condita I, 6

on la retrouve dans l’AT comme dans les Evangiles ! on la retrouve chez Descartes pour illustrer la nécessité du cogito .

avec le même suffixe : problème
προβάλλω «jeter devant; mettre en avant comme argument; proposer (une question, une tâche, etc.

Tite Live I, 7

Marx,  Contribution à la critique de l'économie politique, , Éditions sociales , p 4
qui s’oppose résolument au « Toutes nos spéculations manifestent spontanément une prédilection caractéristique pour les questions les plus insolubles, sur les sujets les plus radicalement inaccessibles à toute investigation décisive. » de Comte dans le Discours sur l’esprit positif

G Bataille, L’érotisme p 79

JP Vernant, Mythe et pensée chez les grecs, La découverte, Paris, 1996, p 162

 Parce que son lot est de trôner, à jamais immobile, au centre de l’espace domestique, Hestia implique, en solidarité et contraste avec elle, le dieu véloce qui règne sur l’étendue du voyageur. A Hestia le dedans, le clos, le fixe, le repli du groupe  humain sur lui-même ; à Hermès, le dehors, l’ouverture, la mobilité, le contact avec l’autre que soi. On peut dire que le couple Hermès-Hestia exprime, dans sa polarité, la tension qui se marque dans la représentation archaïque de l’espace : l’espace exige un centre, un point fixe, à valeur privilégiée, à partir duquel on puisse orienter et définir des directions, toutes différentes qualitativement ; mais l’espace se présente en même temps comme lieu du mouvement, ce qui implique une possibilité de transition et de passage, de n’importe quel point à un autre.
Ibid., p 159

Ibid., p 190

La cité était une confédération. C'est pour cela qu'elle fut obligée, au moins pendant plusieurs siècles, de respecter l'indépendance religieuse et civile des tribus, des curies et des familles, et qu'elle n'eut pas d'abord le droit d'intervenir dans les affaires particulières de chacun de ces petits corps. Elle n'avait rien à voir dans l'intérieur d'une famille ; elle n'était pas juge de ce qui s'y passait ; elle laissait au père le droit et le devoir de juger sa femme, son fils, son client. C'est pour cette raison que le droit privé, qui avait été fixé à l'époque de l'isolement des familles, a pu subsister dans les cités et n'a été modifié que fort tard Fustel de Coulanges, La Cité Antique, la cité se forme

Livre III

Levi-Strauss, Race et histoire
L’attitude la plus ancienne et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides puisqu’elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés dans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles: morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions.

R Caillois, l’homme et le sacré, 1950

« l’un des rocs humains sur lesquels sont bâties nos sociétés » M Mauss, Essai sur le don p 148

Plutarque : « Mais, si c’est pour nous que vous combattez, emmenez-nous avec vos gendres et vos petits-fils ; rendez-nous nos pères et nos proches, sans nous priver de nos maris et de nos enfants. Nous vous en conjurons, épargnez-nous un second esclavage. »

Parménide

fragment 53, Hippolyte de Rome, Réfutation de toutes les hérésies, IX, 9, 4

Spinoza Ethique, Livre I Appendice trad Appuhn GF

[La forme antagonie est composée du gr. άντα « face à face, contre (idée d'hostilité) » et ἀγωνία « lutte »

Nietzsche, Aurore, § 19

Je pose en principe un fait peu contestable: que l'homme est l'animal qui n'accepte pas simplement le donné naturel, qui le nie. Il change ainsi le monde extérieur naturel, il en tire des outils et des objets fabriqués qui composent un monde nouveau, le monde humain. L'homme parallèlement se nie lui-même, il s'éduque, il refuse par exemple de donner à la satisfaction de ses besoins animaux ce cours libre, auquel l'animal n'apporte pas de réserve. Il est nécessaire encore d'accorder que les deux négations que, d'une part, l'homme fait du monde donné et, d'autre part, de sa propre animalité, sont liées. Il ne nous appartient pas de donner une priorité à l'une ou à l'autre, de chercher si l'éducation (qui apparaît sous la forme des interdits religieux) est la conséquence du travail, ou le travail la conséquence d'une mutation morale. Mais en tant qu'il y a homme, il y a d'une part travail et de l'autre négation par interdits de l'animalité de l'homme.

Le principal défaut, jusqu'ici, du matérialisme de tous les philosophes – y compris celui de Feuerbach est que l'objet, la réalité, le monde sensible n'y sont saisis que sous la forme d'objet ou d'intuition, mais non en tant qu'activité humaine concrète, en tant que pratique, de façon non subjective. C'est ce qui explique pourquoi l'aspect actif fut développé par l'idéalisme, en opposition au matérialisme, — mais seulement abstraitement, car l'idéalisme ne connaît naturellement pas l'activité réelle, concrète, comme telle. Feuerbach veut des objets concrets, réellement distincts des objets de la pensée; mais il ne considère pas l'activité humaine elle-même en tant qu'activité objective. C'est pourquoi dans l'Essence du christianisme, il ne considère comme authentiquement humaine que l'activité théorique, tandis que la pratique n'est saisie et fixée par lui que dans sa manifestation juive sordide. C'est pourquoi il ne comprend pas l'importance de l'activité "révolutionnaire", de l'activité "pratique-critique".

G Bachelard, Formation de l’esprit scientifique Vrin 1999, §1

F Jacob La logique du vivant P 22

Bachelard, La formation de l’esprit scientifique, chap. I, § 1

Tous les bons esprits répètent depuis Bacon, qu’il n’y a de connaissances réelles que celles qui reposent sur des faits observés. Cette maxime fondamentale est évidemment incontestable si on l’applique, comme il convient, à l’état viril de notre intelligence. Mais, en se reportant à la formation de nos connaissances, il n’en est pas moins certain que l’esprit humain, dans son état primitif, ne pouvait ni ne devait penser ainsi. Car, si d’un côté, toute théorie positive doit nécessairement être fondée sur les observations, il est également sensible, d’un autre côté, que, pour se livrer à l’observation, notre esprit a besoin d’une théorie quelconque. Si, en contemplant les phénomènes, nous ne les rattachions point immédiatement à quelques principes, non seulement il nous serait impossible de combiner ces observations isolées, et, par conséquent, d’en tirer aucun fruit, mais nous serions même entièrement incapables de les retenir; et, le plus souvent, les faits resteraient inaperçus à nos yeux.
Ainsi, pressé entre la nécessité d’observer pour se former des théories réelles et la nécessité non moins impérieuse de se créer des théories quelconques pour se livrer à des observations suivies, l’esprit humain, à sa naissance, se trouverait enfermé dans un cercle vicieux dont il n’aurait eu aucun moyen de sortir, s’il ne se fût heureusement ouvert une issue naturelle par le développement spontané des conceptions théologiques qui ont présenté un point de ralliement à ses efforts, et fourni un aliment à son activité.
Cours de philosophie positive, I, p 63

Le jeu des possibles, Avant propos p 11 et 12, 1986

C. Cohen Tannoudji « Redynamisons la recherche », paru dans Le Monde du 13 janvier 2004 :

« Cette phrase : " la science ne pense pas ", qui a fait tant de bruit lorsque je l'ai prononcée signifie : la science ne se meut pas dans la dimension de la philosophie. Mais, sans le savoir elle se rattache à cette dimension. Par exemple : la physique se meut dans l'espace et le temps et le mouvement. La science en tant que science ne peut pas décider de ce qu'est le mouvement, l'espace, le temps. La science ne pense donc pas, elle ne peut même pas penser dans ce sens avec ses méthodes. Je ne peux pas dire par exemple avec les méthodes de la physique, ce qu'est la physique. Ce qu'est la physique, je ne peux que le penser à la manière d'une interrogation philosophique. La phrase: « la science ne pense pas» n'est pas un reproche, mais c'est une simple constatation de la structure interne de la science : c'est le propre de son essence que, d'une part, elle dépend de ce que la philosophie pense, mais que d'autre part, elle oublie elle-même et néglige ce qui exige là d'être pensé ». Heidegger

Contrairement à ce que l’on croit souvent, l'important dans la science, c’est autant l’esprit que le produit. C’est autant l’ouverture, la primauté de la critique, la soumission à l’imprévu, si contrariant soit-il, que le résultat, si nouveau soit-il.

posant qu’il existe deux types de représentations de la réalité façonnées par deux formes de langage différents : le langage digitale et le langage analogique. Le première correspond au langage verbal et relève de l’induction, de la logique, du factuel et de l’analytique. Le second se définit par la pensée muette, l’anticipation, les approches holistiques, et conceptuelles. Il procède par analogies comme les métaphores ou toutes les formes de communication artistique, ou encore par l’action-expérience (Williams,1997).
M brasseur

La Rome chrétienne

Rupture

Où tous les observateurs s'accordent tient à une véritable révolution de civilisation, entamée sans doute il y a longtemps mais qui devient patente, cruciale :

- nous avons perdu le monde. (8) Et ceci peut s'observer non seulement par la sur-urbanisation de l'humanité mais par la quasi-disparition des agriculteurs. Serres n'avait pas tort quand il soulignait déjà en 92 dans le Contrat naturel combien nous nous préoccupâmes plus d'organiser nos relations humaines que nous ne pensâmes notre relation avec le monde. Ce qu'il illustrait malicieusement avec ce tableau de Goya où, nets sont les protagonistes de la lutte mais si flou le contexte : le monde. Mais une perte aggravée par un secteur agro-alimentaire sur-industrialisé, par l'effacement de l'espace comme du temps produit par la mondialisation.

- la nature est entrée dans l'histoire (9) :pour la première fois, les effets de notre propre développement sur la nature rejaillissent sur nous par un prodigieux effet de feed-backd'autant plus insistant qu'il est crucial, imminent et d'importance. Ce qui, dans les récits bibliques pouvait nous paraître absurde et si évidemment superstitieux (la sanction de l'homme par le monde ) est en train de devenir réalité.

Autant dire que, à condition d'éviter une eschatologie trop sulfureuse, ce que revendiquent précisément des gens comme Cohn-Bendit, mais aussi Morin mais encore Serres, mais pas Girard, effectivement, il appartient effectivement à l'écologie, mais au fond à l'ensemble de nos sociétés d'inventer une écologie politique, c'est-à-dire un projet politique et économique qui à la fois ne remette en question ni l'homme, ni sa liberté, ni sa capacité de se développer mais en même temps propose, mette en place un modèle économique qui préserve l'environnement : le développement durable ?

Ecologie politique


F Guattari : Pour une refondation des pratiques sociales

Pour une mutation écologique et solidaire Orientations du projet Europe Ecologie – Les Verts 2012 :

Colloque Où va le monde ?


1) c'est le cas pour E Morin, Serres. Ce l'est, en tout cas pour les écologistes et dans ce qu'on appelle la gauche radicale.

2) Die Philosophen haben die Welt nur verschieden interpretirt; es kommt aber darauf an, sie zu verändern.
Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c'est de le transformer.

Le contrat naturel de M Serres est paru à la même époque

3) dans la seconde partie de cette conférence

4) Manifeste du PC 1848

5) On relira avec intérêt cet entretien avec E Morin

mais aussi : Entretien Ferry Cohn Bendit (2009)

La pensée occidentale ne sait opérer que par disjonction ou par réduction. Descartes, qui voulait que l'homme soit « comme maître et possesseur de la nature », opère la disjonction entre la science et la philosophie, ce qui aboutira à cette séparation entre le monde des humanités et celui de la technique. Après avoir mis Dieu au chômage technologique, l'homme s'est octroyé le droit de dominer la nature. Cette prétention s'est effondrée récemment. D'une part, parce que cette volonté de maîtriser le vivant se retourne contre nous ; d'autre part, parce que la Terre nous apparaît comme une minuscule planète d'un système solaire lui-même périphérique dans un cosmos gigantesque.
Il faut dire aussi que le christianisme, qui nous a façonnés, est une religion ouverte sur l'humain avec ces valeurs cardinales que sont la charité et l'amour, mais fermée à la nature et au monde animal. À l'opposé, le bouddhisme immerge l'humain dans le cycle des reproductions du monde vivant. La compassion du Bouddha s'adresse à toutes les souffrances. Nous sommes donc également marqués par l'empreinte chrétienne de notre civilisation qui ignore notre relation ombilicale à la nature. Il n'est possible de nous affranchir de cette lourde charge à la fois religieuse et techniciste que par une réforme de notre mode de pensée.
entretien Morin/ Hulot Philo Magazine

6) Maurras : lire

sur le site dédié à Maurras un historique de l'Action Française

7) on trouvera ici texte de Elisabeth Hardouin-Fugier sur la protection animalière sous le nazisme

on trouvera par ailleurs une série d'articles critique de Ferry par le courant même qu'il aura dénoncé

8) Michel Serres lire

9) lire

10) sur l'écologie politique lire J Zin mais aussi JP Deléage



Ecologie : quelle politique ? par franceculture 


Clement Gilles, L'homme symbiotique par centrepompidou