Elysées 2012

Philosophie spontanée
de l'écologie

Revenir rapidement sur ce qui se cache sous l'écologie tant les controverses furent nombreuses, et pas toujours du meilleur goût ni de la plus grande honnêteté. Tenter aussi de comprendre ce qui se joue, idéologiquement, philosophiquement.

Une polémique indigne Ecologie politique   Bibliographie
       

Eléments pour une écologie politique

Si l'on veut mesurer l'enjeu de ce qui peut apparaître comme une mutation profonde de civilisation, il faut envisager deux éléments :

- d'où nous venons. Je veux dire sur quelles strates philosophiques, en réalité métaphysiques, se joue notre rapport au monde.

- où nous allons. Je veux dire que, sauf erreur, les développements récents de nos sociétés sont trop lourds, trop importants pour qu'ils ne supposent pas, plutôt que de simples ajustements, une véritable rupture qui nous oblige à réinventer sinon le monde tout au moins notre rapport au monde.

Ce que nous avons écrit plus haut est trop rapide, nécessairement : suffisant pour répondre à l'approche faite en son temps par L Ferry, mais trop court pour mentionner l'enjeu.

En effet de deux choses, l'une : ou bien les événements actuels ne sont qu'une énième transformation-évolution du système et il suffira bien de trouver quelque aménagement ça et là ; ou bien il s'agit de quelque chose de plus radical mais alors nous manquons vraisemblablement du logiciel, comme on dit maintenant, pour le penser. Or tant du côté des politiques - mais ce peut n'être qu'un effet de discours pour un positionnement stratégique dans l'élection à venir - que du côté des théoriciens - mais ce peut toujours être une illusion rétrospective - converge l'idée d'une mutation de civilisation. (1)

Dans ce dernier cas, nous aurions besoin d'une représentation nouvelle de notre rapport au monde mais du coup aussi de bien comprendre celle d'où nous sortons à peine, sans réellement toujours en mesurer la portée ni d'ailleurs le comprendre.

Economie politique : étude théorique des latitudes et moyens d'action de politique économique des gouvernements et des collectivités territoriales, dans le but de réaliser des réformes structurelles, de mener une politique conjoncturelle et de favoriser le développement économique de long terme, et du résultat de ces actions. Il reste également utilisé pour désigner la discipline économique dans son ensemble. Telle est en tout cas la définition qu'en propose Wikipedia. Insuffisante nous semble-t-il parce qu'elle n'en mesure pas l'enjeu, elle indique néanmoins qu'il s'y agit non pas d'une analyse de telle ou telle stratégie à adopter mais au contraire de la philosophie générale que doit adopter un état dans son gouvernement économique.

Le préalable de l'économie politique

En réalité quand on analyse par exemple comment Marx intervint et, en particulier, conçut sa Contribution à une économie politique on observe plutôt qu'il s'y agit des principes philosophiques devant régir l'économie.

S'il part de la philosophie du droit, il arrive ainsi très vite à la conclusion que les formes juridiques et politiques de l'Etat ne peuvent s'entendre qu'à partir des conditions matérielles de la société civile elles-même seulement compréhensible à partir de l'économie politique :

Le premier travail que j'entrepris pour résoudre les doutes qui m'assaillaient fut une révision critique de la Philosophie du droit, de Hegel, travail dont l'introduction parut dans les Deutsch-Französiche Jahrbücher, publiés à Paris, en 1844. Mes recherches aboutirent à ce résultat que les rapports juridiques - ainsi que les formes de l'État - ne peuvent être compris ni par eux-mêmes, ni par la prétendue évolution générale de l'esprit humain, mais qu'ils prennent au contraire leurs racines dans les conditions d'existence matérielles dont Hegel, à l'exemple des Anglais et des Français du XVIIIe siècle, comprend l'ensemble sous le nom de « société civile », et que l'anatomie de la société civile doit être cherchée à son tour dans l'économie politique.(passage complet)

Le plus intéressant est la suite : même s'il affirme qu'il faut aller chercher le sens non pas du côté de la philosophie mais de l'économie politique, il n'empêche qu'il ne peut le faire qu'en s'appuyant sur une philosophie, à tout le moins une problématique, à partir de quoi penser. C'est celle des relations dialectiques entre la superstructure idéologique, politique et juridique déterminée par l'infrastructure économique regroupant l'état des forces productives et les rapports de production.

Le résultat général auquel j'arrivai et qui, une fois acquis, servit de fil conducteur à mes études, peut brièvement se formuler ainsi: dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives matérielles. L'ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base concrète sur laquelle s'élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociales déterminées.

C'est ici le sens me semble-t-il qu'il faut donner au concept d'économie politique : non pas une théorie qui se réduirait exclusivement à la stricte approche des échanges et de la production de valeur mais au contraire une approche globale qui intégrât l'économie dans la structure sociale et politique.

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Il faut bien reconnaître qu'en la matière c'est Heidegger qui aura eu raison. (voir ci contre) On voit bien en quoi Marx récuse la philosophie pour ce qu'elle n'a été avec Hegel et Feuerbach et qu'il lui semble qu'elle doit partir du réel concret, mais en réalité il ne peut lui-même avancer qu'en supposant une conception du monde préalable. Et celle-ci se proclame bien matérialiste. Et ceci concerne bien évidemment aussi la XIe thèse sur Feuerbach (2)

C'est presque à la manière de Kant, transcendantale, qu'il faut l'entendre ici : une économie ne peut être politique qu'à la condition de dégager ses propres conditions idéologiques de possibilité. Il en va de même pour l'écologie politique. Ainsi, et de la même manière que Marx, avant même de pouvoir faire oeuvre économique, dut régler ses comptes avec la philosophie allemande, aussi bien d'ailleurs qu'avec le socialisme utopique français et l'économie d'un Ricardo et d'un Smith - puisque ce sont là les sources avouées du marxisme - de la même manière je ne vois pas comment une écologie qui se voudrait politique pourrait ne pas faire le détour par notre représentation du monde, par la représentation de notre rapport au monde.

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Par ailleurs, et c'est bien ce qu'avance M Serres (3) lorsqu'à la fois il prend l'exemple de Robin des Bois, et celui de l'histoire des sciences : jamais, quand il y a rupture épistémologique, ce n'est avec les shémas anciens que l'on parvient à faire des déécouvertes - ce pourquoi ces dernières paraissent toujours être le fruit du hasard ; jamais ce n'est, lorsque de nouveaux espaces apparaissent, à partir de l'ancien que surgissent les réponses mais toujours sur le fond du nouveau.

C'est donc à la fois en partant du rapport au monde qui est le nôtre, de la crise qui le caractérise ; mais en n'imaginant pas une seule seconde pouvoir y trouver réponse qu'il faut tenter de fonder non pas seulement, non pas surtout un bricolage technique ou politique, mais les fondations d'un nouveau monde, d'un modèle social et politique qui intègre le monde et ne le réduise pas en objet.

Le monde que nous quittons

Deux sources affirmait E Morin, grecque et chrétienne. Revenons-y


F Guattari : Pour une refondation des pratiques sociales

Pour une mutation écologique et solidaire Orientations du projet Europe Ecologie – Les Verts 2012 :

Colloque Où va le monde ?


1)c'est le cas pour E Morin, Serres. Ce l'est, en tout cas pour les écologistes et dans ce qu'on appelle la gauche radicale.

2) Die Philosophen haben die Welt nur verschieden interpretirt; es kommt aber darauf an, sie zu verändern.
Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c'est de le transformer.

3) dans la seconde partie de cette conférence



Ecologie : quelle politique ? par franceculture 

 


Clement Gilles, L'homme symbiotique par centrepompidou