μεταφυσικά
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1) Hic et nunc ...
Confessions

 

L'allemand a un très joli mot pour dire ceci : Sehnsucht ; le français le pense comme nostalgie où résonne la douleur grecque mais aussi νοστεω - revenir, mais aussi partir, comme si ceci revenait au même.

Qui part sans un pincement ? Qui, d'ailleurs, le pourrait ?

Le mot éducation le suggère : dans nos parcours, tout sonne comme expulsion. Tous, un jour, nous partons, plus ou moins loin mais ce que nous délaissons en réalité est moins un espace, moins cette terre qui nous vit naître, laquelle, après tout, n'aura été tout au mieux qu'aléatoire, qu'un temps - celui de notre enfance.

Heimlich

Je tiens pourtant cet exil pour décisif ; bien plus irréversible que ces déplacements qui nous firent changer de ville, de région, parfois de pays, au gré de nos études, de nos emplois J'eus la chance de n'y avoir jamais été contraint : pas une ville, pas une région que je n'eusse choisie - ou cru choisir ; nulle contrainte, économique ou politique qui m'eût fait abandonner mon pays ; rien ! L'allure d'une vie heureuse en somme, qui ne se drapa en tout cas point dans les sur plis du tragique.

Rien qui fût à dire ou avouer ? je m'interroge néanmoins sur cette constante impulsion qui m'aura fait ne pas tenir en place : hormis les mutations paternelles que je dus bien un peu subir qui me firent délaisser l'Alsace pour la Lorraine mosellane, puis pour Nancy, quel débordement fallut-il pour m'entraîner ainsi toujours plus à l'Ouest, de Paris à Chartres avant d'échouer - c'est le mot - dans la Sarthe ? Moi qui voyage si peu, d'être trop casanier, comme on dit, moins par peur que par paresse, mais surtout goût excessif de mon chez-moi où seul je me sens bien être ...

Le tiens-je de mes accointances germaniques, je ne sais ? La dilection pour le Heim y est effectivement très forte, tellement prégnante qu'il sert de suffixe à de nombreux villages ... Le traduire par foyer ne dirait pas tout ; par domicile, pas assez ; par intérieur s'en approche quelque peu. Il se niche quelque chose de la familiarité, de l'intimité, autant que de la racine dans ce terme-ci. J'entends encore ma mère s'étonner que les parisiens se contentassent de logements si étriqués et les considérer avec autant de réprobation que de complainte : il n'y habitent pas, disait-elle, mais se contentent d'y dormir ; c'est pour cela qu'ils sont toujours dehors.

Il y aurait donc un art germanique de l'habiter : nous y revoici !

Dans cette distribution entre intérieur et extérieur, je devine qu'il y eut dans les propos maternels quelque chose qui ressembla à une morale, qu'elle n'avouait pas, mais qui la hantait. Le Heim, peu ou prou, devait être l'émanation d'une vie intérieure ; un habitat étriqué, froid, ou, d'ailleurs, trop scrupuleusement ordonné devait bien être un peu le signe inquiétant d'une vie intérieure pauvre. S'il n'y parvenait pas, l'échec engageait toute une vie et la mission qui avait échu à la gardienne du foyer.

Je le saisis tout-à-coup à me souvenir d'elle : dans cet art de l'habiter, il y eut incontestablement un privilège presque exclusif accordé à l'intérieur sur l'extérieur. Effet culturel d'une cité plus autoritaire que libératrice et d'emplois tellement peu satisfaisants en dépit d'une idéologie qui en fit un devoir autant moral que matériel ? Prégnance encore très forte du sentiment et de la pratique religieuse, d'autant plus engageante d'ailleurs qu'il vous mettait toujours en face et sous le regard de l'autre en ces terres où le protestant damait le pion au catholique sous le regard parfois étonné du juif ? comment savoir ?

Je viens en tout cas d'une contrée où courir les affaires du monde revenait à n'avoir pas de vie intérieure et se lisait dans l'indigence du Heim ! Je viens en tout cas d'une famille où l'on privilégiait toujours l'intérieur sur l'extérieur. J'en porte encre les traces.

Peut-être, après tout, n'était-ce qu'une névrose parentale habilement couverte d'us régionaux et de préceptes moraux bien convénients en l'occurrence ... Les affres paternelles le prédisposèrent assez peu à voir le monde autrement que comme une menace inéluctable. Les roides assises maternelles, l'entêtant devoir toujours grevé de faiblesses qui marqua sa propre enfance firent d'elle le thuriféraire inlassable de la chaleur contre l'engelure du monde. Freud, en son temps, avec l'incroyable étroitesse de ses préjugés viennois, avait couché sur un lit de Procuste les fonctions masculines et féminines selon cette même ligne intérieur/extérieur adjugeant à l'homme l'autorité et raison du siècle, à la mère, tendresse et protection. Je ne suis pas certain que la femme existât vraiment ...

Les blessures de mon père béaient trop encore que son silence ne parvint jamais à panser pour qu'il revêtît ce rôle que la bienséance bourgeoise lui avait pourtant dévolu. Je le réalise soudainement : dans ma famille, en réalité, d'extérieur il n'y eut point. La sphère du Heim occupait tout l'espace : nous habitions juste à côté de l'école où mon père enseignait et où nous apprenions. Elle n'était ainsi que la pointe avancée d'une intimité que nous ne délaissions jamais.

Nous n'habitions pas le monde et le monde ne nous habitait pas. Fut ce une bulle protectrice ? non pas même ! Au delà de la ligne, rien ; rien en tout cas qui vaille.

Il y eut bien des vacances, mais des déplacements bien plus que des voyages : nous passâmes nos étés - tous nos étés - au même endroit où nous retrouvions nos grands-parents ; nos vacances intermédiaires à Strasbourg chez eux. Nous ne visitions pas le monde : ma mère, simplement, déplaçait son Heim en d'autres lieux. En réalité nous n'allions nulle part. Nous allions bien à l'étranger mais la frontière nous était tellement accoutumée qu'elle ne pouvait offrir aucun dépaysement.

Pour moi, non, décidément, cette terre d'origine, n'occupa aucun espace et me sembla pour l'éternité identique à elle-même ....

 

L'espace est infini ; pourtant nous y découpons des territoires, des frontières et si souvent nos haines. Enfant, de les côtoyer journellement je regardais ces frontières que gardaient encore des douaniers avec ce mélange de fascination et de crainte qui caractérise la candeur. La flèche s'était arrêtée ici, à Strasbourg, où je naquis; elle aurait pu se ficher sur une autre terre, presque la même, un peu plus loin, sur l'autre berge du fleuve. Je suis né français; j'aurais pu naître allemand. Le hasard ici était naturel.

Les miens, depuis de très nombreuses générations échouèrent dans ce même espace: ils naquirent pourtant allemands. Le hasard ici avait été historique ou culturel comme on préfère dire parfois. Belliqueux, en vérité.

Je sais la raison faire ombrageux ménage avec le hasard et les sciences s'évertuer à en repousser les limites. Il en faut des lignes s'entrecroisant, des causes s'enroulant, s'inversant ou s'enchevêtrant pour accoucher de ce moi si chétif et de si peu d'importance dont nous sommes pourtant si stupidement fiers ... Il n'est peut-être nulle logique qui débouchât sur la nature humaine et l'idée m'effleure parfois que la terre où l'on naît ne soit ni un lieu, ni même un moment ; une icône, seulement.

Ici et maintenant.

Une simple circonstance.

Tous nous cherchons notre identité, la revendiquons ou la défendons. Ou croyons sottement devoir le faire. Ou pire encore, nous entichons à la face de l'autre de l'avoir décelée. Identité ! nous avons même une carte pour cela qui nous rattache à une race enfuie, à une mémoire enfouie. Elle mentionne un nom, un lieu et une date comme si la lignée et le temps suffisaient à nous définir. Je crains au contraire qu'ils ne nous perdent. Quand je veux dire mon identité, je m'écorche plutôt sur bien plus de questions que je ne trouve de réponse.

Je veux ici écrire cette question. Pourquoi toujours l'ici se dérobe sous mes pas; pourquoi le maintenant ne me console non plus que l'auparavant.

 

Unheimlich

Contraint et forcé, ou bien volontaire enthousiaste, il fallut bien un jour partir. Le havre offert n'était qu'un chemin qu'on ne peut que dévaler mais jamais remonter autrement qu'en songes. Je l'ai écrit et le crois profondément : nous ne sommes pas de ce monde ; non plus d'ici que d'ailleurs. Et si peu de notre temps.

Certes, les aléas du chavirage nous firent parler telle langue plutôt que telle autre ; ponctuer, hâbleurs et rodomonts, nos moindres inclinaisons de gestes trop volubiles pour l'étroitesse de nos pensées ou bien au contraire emmurer nos émotions dans une retenue taiseuse qui se voudrait humble mais ne parvient qu'à être timide ; bien sûr d'être né ici nous fit nous enrober d'autant de rites que de musiques, nos gestes et nos élans. Pourtant, tout ceci qui nous fit éclore n'aura été que clairière matinale, trop calme pour n'être pas inquiétante ; trop sereine pour n'être pas troublante.

Nous intéressons-nous véritablement aux choses, au monde ? Bien sûr nous partons mais n'est-ce pas pour déplacer ailleurs cette clairière utérine que nous redoutons tant de voir s'éloigner ? Nous allons faire notre vie, tenter de grandir et d'être autonome : décidément il ne sera jamais question que de nous comme si le monde n'était que terrain où s'ébattre, espace à assujettir et que nous fussions seuls, toujours, sans autre mire que cette douleur originaire. Or si le chemin vaut promesse d'ailleurs, qu'il dessine un destin de s'inventer ainsi une vocation, il ne vaut pourtant que pour le départ : j'aime que le latin devenio dise à la fois aboutir et venir de, suggère en même temps les deux extrémités de la trajectoire. L'une ne vaut que par l'autre ; il ne saurait être de ligne sans ces deux extrémités qui, en rêve ou réalité, se rejoignent toujours. Montaigne s'agaçait de ceux-là qui ne savent voyager ni reconnaître l'insolite qui prennent l'aller pour le venir ... mais n'est-ce point ce que tous nous faisons avec plus ou moins d'ouverture d'esprit certes, mais en désapprenant si rarement d'ériger notre moi pourtant si fragile en méridien d'origine ? Il ne saurait décidément être de regard projeté en avant, téméraire ou angoissé, qui d'un même tenant ne se fût déjà retourné en arrière ...

Eve presque toujours porte à rebours son regard effrayé. Et si ensemble, ils partent conquérir le monde et le saturer de leurs traces, que ces deux-là peuvent à tout le moins se consoler de n'être pas seuls, ils traîneront pourtant devant eux, invariablement, cette douleur à peine muette d'une origine enfouie. Cette certitude d'avoir tout perdu ; la crainte de n'être plus rien ...

Je veux bien admettre que cette nostalgie soit motrice ; ou bien croire que ce souvenir un peu flou mais vivace d'un désir inconnu d'avoir été déjà comblé fût ce rêve entêtant qui nous incitât à poursuivre incontinent notre marche ; ou bien enfin supposer qu'aux détours des ornières, au delà des brumes matinales camouflant si insidieusement l'horizon pour l'effort de la découverte, quelque réminiscence parfois s'incruste en nous qui nous offre une destinée. Les rois furent guidés par une étoile qui les conduisit vers Béthléem, et Moïse de même regardait le ciel - nos visées, toujours, tracent notre origine. Il n'empêche : douleur il y a, qui demeure et suinte.

Qui part, d'abord, rêve de revenir.

Ces traces que nous nous entêtons de laisser et dont nous couvrons le bruit du monde ne sont au fond que d'ultimes rémanences et l'aller ne vaut décidément que pour cet impossible retour ...

Je les imagine, tous les deux, regarder la province perdue, contrits sans doute ; mais réinventant l'espoir parce que tout simplement murmurait encore la vie ....

Qui s'éloigne, ne part ainsi jamais les mains vides mais les larmes lourdes de ces réminiscences.

Est-ce pour cela, pour cette suave douleur que nous nous entêtons à clamer nos origines ? laissant sottement accroire que nous serions quand tout en nous hurle de devenir ou d'éclosions ? étaler nos identités que nous jetons comme autant d'offenses à l'autre de ne pas les partager ?

Comment dire cette identité exsudant de toute part ? comment supporter la perte qu'exige d'advenir ?

Et la joie digne du dénuement ?

 

Qui ne recherche ses traces, ses racines ? L'enfant regarde sa mère et devine, sous l'affection lasse d'un sourire mille fois répété, les délices presque gommées d'une genèse enfouie. L'homme mûr rapporte des histoires de famille qui n'intéressent personne que sa nostalgie. Le grand-père raconte ses guerres aux petits-enfants qui les répéteront dans la cour de récréation comme si un peu de sa gloire rejaillissait sur eux - à moins de s'agacer déjà de ce vieillard par trop rabâcheur. Le vieil écrivain enfin, court après sa jeunesse et tente sous la plume déjà tremblante de réinventer les lustres nostalgiques d'une enfance presque éteinte.

Quant à moi, j'ai trop longtemps cru n'avoir pas de passé : j'aurais aimé, comme tout enfant, passer mes vacances dans la vieille demeure familiale, retrouver le cheval à bascule ou la voiture à pédale que mon père aurait commencé de casser; j'aurais aimé, ah ça oui, ! me promener le long des sentiers où autrefois mon père s'était éveillé aux charmes de la nature; j'aurais aimé jusqu'aux jours pluvieux que l'été réserve souvent aux trop longues vacances scolaires; j'aurais aimé, sans qu'on m'en donnât nécessairement l'autorisation, fureter dans la poussière d'armoires trop abîmées pour avoir l'honneur encore d'une chambre à coucher, et y dénicher quelque vieux livre interdit aux vignettes troublantes où j'eusse écorné les mystères de la vie. J'aurais aimé me travestir de nippes baroques extirpées de quelque coffre oublié, me faire corsaire à l'affût de trésors mirifiques ou hidalgo ténébreux enivrant quelques vierges d'un tango initiatique.

Mais de cela, rien ou presque!

Ma famille a succombé aux désastres de deux guerres, ne laissant surnager que le regret d'une aisance passée, quelques photographies et le goût amer de traces effacées. Rien ne reste des splendeurs bourgeoises passées: l'horreur fit son office qui faucha les hommes et détruisit les choses.

Quand je vins au monde, il ne restait déjà plus rien, ni personne. Naître juif, en cette seconde moitié de siècle, m'aura certes épargné l'horreur et la souffrance, mais certainement pas la difficulté d'être. Il eût été facile bien sûr de me draper dans le tragique holocauste et donner à mon personnage la profondeur de ceux que l'angoisse étreint et dépenaille. Sans doute le fis-je quand, adolescent, je cherchais où poser mes pas et tentais d'inventer une identité qui ne fût pas totalement oiseuse. Mais quand le temps n'a plus rien d'épique, il ne reste plus qu'à briller par soi-même. Quand le temps se dérobe, qui n'offre aucune aspérité où s'accrocher, aucune trace par où se repérer, ni aucun promontoire où se grandir, la glissade est tellement séduisante où se laisser à sombrer, que la mollesse bourgeoise prendrait presque des allures de grandeur !

Non, être juif m'a seulement marqué par la vacuité imposée. Quand autour de moi je voyais les amis se réunir aux grandes occasions familiales en de vastes tablées tapageuses, un rien vulgaires mais tellement riantes, mes dix doigts suffisaient à compter ceux qui, vers Noël, se rassemblaient autour de nous.

Ma famille se réduisait à presque rien: huit personnages qui souriaient de nos joies et facéties enfantines mais jamais ne riaient comme l'on peut rire quand on croit encore que la vie toujours est belle et que les difficultés se résolvent. Non que nous fussions tristes, mais l'ombre toujours semblait voiler les regards et saccader les gestes.

Douleurs ...

Qui part néanmoins souffre. Emmène avec lui un monde de visages, de relations, de savoir-faire ; un univers de paysages, intérieurs ou non. Qu'en sera-t-il si un jour il devait revenir ? Personne ne l'aura attendu ; personne ne le reconnaîtra. Le fouettera cette certitude pourtant tellement évidente, le tourmentera cette péremptoire cruauté d'un monde - son monde - qui ne l'aura ni plus attendu qu'espéré. Étranger parmi les siens comme il le fut de sa terre d'accueil souvent inhospitalière, le voici, déchiré ; d'entre-deux ; exilé deux fois. Le sot imbu d'une gloire rodomonte que fustige Montaigne se trompe de n'être en réalité jamais parti en dépit des distances qu'il eût parcourues : l'aller ne vaut décidément pas retour.

Je suis parti ainsi, un jour, plus heureux que fier, de n'imaginer pas pouvoir demeurer. Il faudra plus tard inventer une esthétique du parcours et tricher un peu en brodant un fil de trame dans ce qui ne fut assurément qu'hésitations ou errances ; que je supposais alors simplement dans l'ordre des choses. Tenter de s'éloigner sans rompre ; partir mais demeurer un peu - rester voisins. Le temps fit le reste qui creusa fissures et silences que je ne parvins pas toujours à combler. Aujourd'hui seulement qu'ils ne sont plus là, je sais avec certitude que le regard projeté en arrière n'enrobera plus jamais qu'un imaginaire.

Coincé d'entre roche et crevasse, le présent est sentier qui se dérobe. Pis qu'une blessure purulente ou qu'une sape poreuse, il est ce corps même qui perd. Curieuse conformation de nos âmes, étonnantes contorsions de nos membres qui nous font sans cesse tourner et retourner mais espérer gagner quand en vérité tout s'égare ; redouter perdre.

Affronter en réalité le regard de l'autre et, pour la première fois, ne s'y pas reconnaître. Enfant, rencontrai-je jamais l'autre ? je n'en suis pas certain, calfeutrés que nous restâmes sous l'oeil bienveillant des nôtres. Fut ce une grâce ou bien au contraire une invraisemblable gageure, je ne sais mais les voûtes de mon enfance furent antres d'innocence : doublement. Non seulement j'y fus toujours épaulé, même pour les ires démesurées que je ne parvenais pas à contenir, mais surtout l'on s'abstint d'y juger. Reconnaissance folle à l'endroit de ceux-ci qui sont partis, à qui je dois tant : m'avoir appris qu'il ne suffisait pas de pardonner ; qu'il importait de ne jamais juger.

L'innocence est ici, dans cet au delà de l'horizon : ne pas commettre le mal n'y est rien ; ne pas même le savoir. L'exil est là : quand subitement le regard se porte sur vous et juge - qu'il approuve ou condamne, qu'importe au fond ! Qui juge vous aura toujours déjà placé au dehors, de l'autre côté de la ligne.

Telle est la rencontre de l'autre : avant d'être celle de la différence, celle du jugement. Grandir, c'est sortir : rencontrer mais accepter, affronter mais aimer nonobstant jusqu'aux aspérités de cette ligne qui tranche, divise plus souvent qu'elle ne réunit.

 

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