Il y a 100 ans ....

La Prusse

Destinée étrange que celle de cet état, qui a disparu depuis, puisque, après 45, plus aucun état fédéral allemand ne portera ce nom. Commencée très tôt sous la forme d'un tout petit territoire d'une Europe très orientale, il va gonfler progressivement mais surtout au XVIIIe et XIXe siècle jusqu'à atteindre, après le Congrès de Vienne, les frontières françaises.

Les Borusses - d'où vient le terme prussien - les presque Russes font partie des Baltes occidentaux, à compter du ve siècle. Par la suite, ils se sont divisés en plusieurs tribus. Les Aesti dont Tacite faisait mention dans Germania pourraient bien avoir été des Prussiens. Tacite les compare d'ailleurs aux Suèves, un groupe de peuples germaniques, mais ayant un langage ressemblant aux langues celtiques.

Les Borusses étaient divisés, à l'origine, en neuf clans auxquels s'associaient les Galindiens, les Sudoviens et les Skalviens de façon plus au moins permanente. Ainsi, les chroniques parlent parfois des douze provinces de la Prusse pré-teutonique. Les Nadruviens étaient le clan le plus puissant et celui qui résista, par la suite, le plus longuement à l'invasion et l'assimilation germanique.

Après des tentatives en 997 et 1114 pour soumettre les Baltes occidentaux, le Duché de Mazovie intensifia ses attaques, à partir de 1209, pour soumettre les Baltes occidentaux encore païens. En représailles, ceux-ci firent des incursions en Mazovie. Ne parvenant pas à les vaincre, le duc Conrad Ier de Mazovie invita d'abord les chevaliers de l’Ordre Teutonique à s’installer en Pologne, à la frontière avec les Borusses, puis les encouragea en 1231 à pénétrer sur les territoires de ces derniers.

Par la Bulle d'or de Rimini, l’empereur Frédéric II puis le pape proclamèrent la Prusse marche de l'Empire, comme telle confiée à la garde des chevaliers teutoniques. Au milieu du XIIIe siècle, les Borusses tentèrent une ultime révolte qui les affaiblit définitivement. En l'an 1300, tous les peuples baltes occidentaux étaient sous l'autorité de l'État monastique des chevaliers teutoniques. De 170 000 vers l'an 1200, les Borusses ne furent plus que 90 000 vers 1300.

Les chevaliers teutoniques étendent rapidement leur domination, régnant sur la Prusse, la Courlande en Lettonie actuelle et la Livonie, sans compter un grand nombre d’établissements localisés dans l'Empire romain germanique). En l'an 1300, tous les peuples baltes, sauf les Lithuaniens, étaient sous l'autorité de l'Ordre teutonique. La Prusse devint une terre de colonisation allemande : des terres agricoles furent données généreusement aux colons venus des régions de langue allemande (Allemagne septentrionale, de Frise et de Hollande)

L'ordre entre 1308 et 1455 s'étendit à la province d'Estland et aux villes de Nerva et Wassamberg puis conquiert la Samogitie ; joignant ainsi ses territoires du nord et du sud ce qui lui permet de dominer toute la façade orientale de la mer Baltique. Selon certaines sources, l'ordre aurait compté jusque 28 commanderies, 46 châteaux, 81 hospitaliers, 35 maîtres de couvents, 40 maîtres d’hôtels, 37 pourvoyeurs, 95 maîtres de moulins, 700 frères chevaliers, 162 frères de chœur ou prêtres et 6 200 serviteurs. La capitale du nouvel État est fixée à Marienbourg à compter de 1309.

La guerre du royaume de Pologne-Lituanie contre l'ordre Teutonique signe son déclin . Sa défaite à Grunwald (1410) le contraint l'Ordre teutonique à signer la première paix de Thorn (1411)où il fait d'importantes concessions territoriales.

La population prussienne se révolte contre les chevaliers au milieu du XVe siècle et demande l'aide du royaume de Pologne. Celui-ci déclenche la guerre de Treize Ans (1454 à 1466) contre l'État monastique des chevaliers teutoniques.Sa défaite à la bataille de Puck, en 1462, le contraint à signer le second traité de Thorn (1466) par lequel il cède la Prusse-Occidentale ; la Prusse-Orientale demeure sous la domination de l'Ordre teutonique, mais l'État monastique devient vassal du roi de Pologne. Par la même occasion, le Grand-Maître de l'Ordre devient sénateur du royaume de Pologne.

Albert de Brandebourg-Ansbach – de la famille souabe des Hohenzollern – élu trente-septième grand maître de l'Ordre en 1511 prit l'initiative de déclencher un nouveau conflit en 1519-1521, qui se révéla désastreuse pour l’État teutonique. Il négocia alors avec Sigismond Ier de Pologne) un accord qui l’autorisait à se convertir à la religion luthérienne et à séculariser l’État monastique des chevaliers teutoniques. En contrepartie, les territoires restés entre les mains de l’Ordre, au lendemain du traité de Thorn de 1466, seraient transformés en duché héréditaire de Prusse, vassal du royaume de Pologne. Le traité de Cracovie fut signé le 5 avril 1525 et la capitale du duché de Prusse fut installée à Königsberg.

En 1618, Jean Sigismond de Hohenzollern, électeur de Brandebourg, descendant direct de Frédéric Ier de Brandebourg, hérite du duché de Prusse à la mort de son beau-père Albert Frédéric de Prusse, décédé sans héritier mâle survivant.

Il s'agit d'une union personnelle entre la marche de Brandebourg, qui relève du Saint-Empire, et le duché de Prusse, qui relève de l'Etat polonais ; mais c'est bien l'origine de la création du Royaume de Prusse.

En 1688, Frédéric III devient prince-électeur de Brandebourg et son ambition est de se faire couronner roi de Prusse. Il obtient satisfaction en 1701, sous le nom de Frédéric Ier avec le titre de « roi "en" Prusse » (personne ne peut être couronné roi à l'intérieur du Saint-Empire romain germanique). Mais les Hohenzollern balaient bien vite cette nuance et se font appeler « rois de Prusse ». A partir de cette époque, le terme de « Prusse » désigne des territoires qui ne font pas partie de la Prusse originelle.1 Sous le règne de Frédéric II de 1740 à 1774, le royaume devient une grande puissance politique et militaire, accroissant considérablement son territoire par l'acquisition notamment de la Silésie (1742) et de la Prusse royale (qui devient ensuite la province de Prusse-Occidentale) en 1772. À la fin du XVIIIe siècle, le territoire prussien s'agrandit encore vers l'est lors des 2e et 3e partages de Pologne en 1793 et 1795. La province créée autour de Posen/Poznan (1793), puis de Varsovie (1795) reçoit le nom de Prusse-Méridionale.

Les Hohenzollern

Leurs destin ressemble à celui de la Prusse : ils régnèrent tout d'abord sur de petits territoires avant d'étendre leur pouvoir de la Prusse à la Rhénanie. Mais a une destinée géographique inverse : la Prusse s(étendit continuellement vers l'Ouest ; la famille, quant à elle, vers l'Est.

Le berceau de la Maison de Hohenzollern se situe autour de la ville de Hechingen en Souabe et naquit vers le XIe siècle. Le nom de cette famille tire ses origines dans le nom de leur château : le château de Burg-Hohenzollern. La Maison de Hohenzollern a pour devise « Sinus Deo » Rien sans Dieu.

Elle adopta son blason en 1192. La Maison de Hohenzollern se divisa en deux branches :

La branche catholique de Souabe qui régna dans la région d'Hechingen jusqu'à son extinction en 1869. Au milieu du xixe siècle, Charles-Antoine de Hohenzollern-Sigmaringen céda volontairement sa souveraineté sur la Principauté de Hohenzollern-Sigmaringen au Royaume de Prusse, constituant ainsi l'une des deux composantes de la Province de Hohenzollern.

La branche protestante de Franconie qui régna avec Frédéric Ier de Brandebourg sur la marche de Brandebourg depuis 1415, lui permettant d'être Prince-Électeur du Saint-Empire romain germanique, puis sur le Duché de Prusse dès 1525, fiefs réunis au sein d'une union Brandebourg-Prusse en 1618 qui donnera naissance au Royaume de Prusse en 1701.