Il y a 100 ans ....
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Fête des travailleurs

C'est une histoire récente - moins de vingt ans - mais oui le 1e mai semblait pouvoir devenir un des premiers actes internationaux des travailleurs ! C'est une histoire ancienne en même temps que cette volonté de la droite d'en faire la fête du travail plutôt que des travailleurs ! Elle en a si peur !

Depuis Fourmies en 1891, on sait bien que rien n'inquiète plus que les travailleurs assemblés quand bien même leur rassemblement fût pacifique et se bornât à demander les trois 8 : 8 heures de travail, 8 heures de loisir, 8 heures de sommeil.

La droite s'attachera à en brouiller le sens, jusqu'à célébrer ce même premier mai la fête de Jeanne d'Arc histoire de contre-balancer l'internationalisme par une forte dose de patriotisme ! L'extrême-droite le fait encore aujourd'hui !

Il n'en reste plus grand chose aujourd'hui sinon le rituel désuet de manifestations qui ne rassemblent plus grand monde non faute de revendications à formuler ou de craintes à exprimer mais faute d'espérance en un avenir possible qui ne vous écrase pas.

En ce 1e mai 14, c'est bien tout le contraire. Compère-Morel dans l'Humanité peut lancer en titre de son éditorial l'Avenir est à nous : les résultats du premier tour semblent bien lui donner raison.

Jaurès qui ce jour là est à Carmaux ne dit pas autre chose qui prend apparemment un réel plaisir à égrener l'accroissement des voix socialistes, d'élections en élections ; qui en appelle aussi à la clarification des radicaux sans qui rien n'est politiquement possible mais qui demeurent si fuyants :

Le radicalisme comprendra-t-il que l'heure est venue d'oser ?

mais surtout à l'organisation des travailleurs dans le parti, les syndicats, les coopératives. Grandiloquence ou pas, il la sentait venir, et tout le lui laissait à penser, cette République sociale qui était le fond de son engagement politique.

Ailleurs, en Allemagne, en Autriche, des rassemblements du même ordre qui à la fois laissaient à penser que la classe ouvrière s'était mise en marche et qu'elle pourrait devenir cette force invincible qui empêcherait la guerre qu'on ne voulait pas croire si proche mais qui inquiétait quand même un petit peu.

On est avant Sarajévo : la veillée des armes et les discours martiaux, les industries d'armement en plein essor font bien le lit des discours politiques mais si la crainte est constante, nourrie par l'analyse classique de la collusion congénitale du capitalisme et de la guerre, elle n'a aucune raison, ce 1e mai, de prendre le pas sur l'enthousiasme d'une classe ouvrière qui sent enfin sa force devenir réalité. Le danger de guerre est peut-être réel, mais si diffus, si général qu'il n'est, après tout, qu'une pure question théorique.

Ce sera pourtant la dernière grande fête ! Pour longtemps !

 

 

 

 

1890 - 1891

 

Göteborg

Paris 1914

Minsk 1917

Dresde 1919

A Paris sous la neige !

 

 

 

 

 

1936

 

 

 

 

 

 

 

Thorez place de la Concorde 1947

Paris 1968