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Les dix ans de la Nouvelle Entente
Ce 21 avril 14 Paris se met en fête pour accueillir les souverains britanniques venus célébrer les dix années de l'Entente Cordiale. Visite symbolique plus que politique ni le George V ni Poincaré n'ayant de réels pouvoirs. Et chacun d'y aller de sa décoration telle la maison de couture Paquin ornant sa façade. La République qui ne cesse de s'inventer ses fastes a toujours adoré les monarques .... des autres !
Mais au delà de l'événement mondain que relaie toute la presse - l'Humanité comprise - avec force photos et commentaires il y a la représentation d'une alliance qui met un terme à un différend de plus d'un siècle et qui, liée à celle franco-russe, est supposée signifier à l'empire allemand non seulement son encerclement diplomatique et la ferme résolution de répondre à toute agression de celui qui a hérité désormais du statut d'ennemi héréditaire.
Or, l'affaire est d'importance ne serait ce que parce que la France tout en comptant sur la Russie ne méconnaît ni ses forces ni surtout ses faiblesses. Mais elle l'est encore d'un point de vue historique parce qu'ayant réglé leur vis-à-vis colonial, cherchant à s'éviter tout nouveau Fachoda qui ne pourrait qu'arranger les prétentions coloniales allemandes, elle constitue un renversement d'alliance mettant un terme à toutes les suspicions que les deux empires napoléoniens avaient suscitées, concrétisant, presque un siècle après, le rêve d'un Talleyrand qui, en dépit ou à cause de sa propension à servir tous les maîtres qui se présentaient à lui, avait très tôt - et sans doute le premier - compris que plus rien ne serait possible pour la France en Europe sans l'Angleterre, en tout cas jamais contre elle.
Autre manière de dire que, désormais, pour les britanniques, l'homme dangereux sur le continent, ce n'est plus la France mais bel et bien l'Allemagne, parce qu'elle la concurrence non seulement sur les marchés mais aussi sur les mers où ils s'étaient jusque là réservé une suprématie incontestée.
