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Virevolte + mensonges = cynisme

Ruth Bader Ginsburg à peine décédée, la bagarre commence pour son remplacement Nommé à vie par le président US mais après validation par le Sénat, tout juge à la Cours suprême est un atout potentiel pour faire peser la balance d'un côté plutôt que d'un autre notamment qur les questions morales, religieuses, sociétales etc. Cette femme appartenait au camp dit progressiste : l'enjeu est donc de taille. Qu'elle soit remplacée par un conservateur et c'est tout l'équilibre déjà fragile de cette haute institution américaine qui serait bouleversé.

La seule question qui se pose est de savoir si sa nomination peut se faire par Trump à moins de deux mois des élections. La chose n'est pas inédite. En février 2016, le juge conservateur Antonin Scalia décédait, offrant l'opportunité à Obama de lui substituer un juge progressiste.

Ceci ne se fit pas, Mitch McConnell, chef des Républicains au Sénat fit tout pour empêcher l'audition du candidat d'Obama :

Le peuple américain devrait avoir son mot à dire dans le choix du prochain juge de la Cour Suprême. De fait, le remplacement ne devrait pas avoir lieu avant que nous ayons un nouveau président, déclara-t-il à l'époque.

Ce qui permit la nomination d'un juge conservateur en 2017.

Mais voici que le même, dans les mêmes circonstances, déclare vouloir hâter la nomination du successeur de Ruth Bader Ginsburg

Toute honte bue le voici qui déclare à présent vouloir organiser l'audition au plus vite c'est-à-dire dès que Trump aura annoncé son choix.

Mauvaise foi, tricherie, petits et grands coups bas … Mais est-ce seulement cela ?

Le serment, avait écrit Agamben, garantit le lien entre les mots et les choses, dont le blasphème, est une des formes de rupture.

Ce que sanctionne la malédiction, c'est la disparition de la correspondance entre les mots et les choses qui est en jeu dans le serment. Si l'on rompt le lien qui unit le langage et le monde, le nom de Dieu qui exprimait et garantissait cette connexion bien-disante, devient le nom de la malédiction, c'est-à-dire d'un mot qui a brisé sa relation véridique avec les chose (p 68)

Ici, parce que c'est en quelque sorte un parjure, que le politique s'engage au moins à exprimer sa vérité, et donc à ne pas mentir, il y a rupture du lien entre la parole et son auteur. Évidement absolu de la parole publique, où tout peut se dire sans aucun souci de sincérité mais seul objectif d'efficacité, où la fin justifie les moyens, où la parole précisément n'est plus qu'un moyen. C'est ce moment, incroyable, où parler ne veut plus rien dire ; où tout n'est plus que de la com … qu'importe si elle est mauvaise, l'essentiel est de faire comme si.

Mais ce n'est plus de la ruse ; encore moins de l'habileté politique ; encore moins ce que malproprement l'on nomme cynisme. Non c'est du gangstérisme.

L'ironie veut que ce soit le fait de cette frange la plus traditionaliste ! l'ironie est que ce soit au nom de ces valeurs que l'on s'attache à défendre.

Preuve péremptoire de la victoire de la communication en politique ! Signe de l'évidement maximal.

Je veux bien que la gauche moraliste, bêlante, trop aisément donneuse de leçon et si bien-pensante ait souvent de quoi agacer. Mais, là, cette droite-ci - soyons certains que les nôtres ne valent pas lieux - fait vomir.