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Renoncements ou retraite ? Abdication en rase campagne ou réalisme ?

 

Le gouvernement lance l'offensive : la chose n'ira pas sans anicroche, sans doute, il est pourtant loin d'être sûr qu'elle échoue. Les réformes récentes en disent long - de la loi El Khomri à la réforme de la SNCF tout va, depuis des années dans le même sens. Des réformes qui, en réalité, sont de véritables régressions sociales. Ici, dans Libé, un article qui vient en rendre compte. Et rappelle l'origine de ce qu'on a appelé le modèle français.

Cette origine c'est ce moment si particulier où la France se divise dans ce qu'il faut bien appeler une guerre civile - et où il faudra toute l'habileté politique d'un de Gaulle pour éviter qu'elle n'éclatât franchement à la Libération, mais où en même temps elle apprend à se connaître et à se souhaiter un avenir prometteur. Cette origine c'est cette rencontre, qu'il ne faut certes pas idéaliser - les tensions, les oppositions, les coups bas y furent nombreux - entre des bords extrêmes : dans la résistance on retrouva des hommes venues de la gauche, mais de la droite aussi et parfois même extrême- ne songeons qu'au Colonel de la Rocque - ils s'entendirent pour lutter contre l'occupant ; ils convinrent que si, avant guerre, on avait eu un système de protection sociale, santé, retraite, chômage, il n'y aurait eu ni le 6 Février 34, ni Vichy, ni cette veule soumission au nazisme. Ou plus difficilement en tout cas.

Ces hommes élaborèrent un programme - Le programme - qui nous paraît aujourd'hui extraordinaire, audacieux pour une modernité si timorée désormais, révolutionnaire pour un contexte désespérément réactionnaire tant effectivement on cherche de part et d'autre à revenir sur des acquis qu'on eut trop longtemps tort de croire irréversibles.

Les anciens, quand ils étaient encore vivants, eurent beau en appeler à notre vigilance ! Rien n'y fit.

L'offensive est connue, évidente et déjà ancienne d'un patronat avide de revenir sur des concessions qu'il jugea bien vite excessive. Soit !

L'inquiétant est que désormais chacun y va de son fiel venimeux dans cet inquiétant travail de sape.

Ecoutons-les - des chiffres fallacieux sur le salaire des enseignants aux arguties sur les régimes spéciaux de retraite des uns et des autres : à chaque fois la même odieuse sérénade : au nom de l'égalité dont ces cuistres n'ont aucune idée ni pensée véritable, le discrédit jeté sur telle ou telle partie de la population. On divise pour mieux régner et sous prétexte de privilèges - souvent inexistants ou largement exagérés - pour chevaucher sur la haine, la rancœur, le mépris suscités et aboutir plus aisément à ses fins peu glorieuses.

Le paradoxe est qu'on fait ainsi passer pour social un incroyable cynisme de classe.

Ce mépris sidéral, je le reconnais à ce sourd travail de division qui fait chacun désormais regarder dans le pré du voisin où l'herbe est évidemment plus verte, indûment plus verte, et se considérer victime d'une insupportable injustice. Demain on aura rasé gratis, je veux dire, arasé toutes les disparités et tous nous aurons la même chose : moins ; peu ; trop peu.

Et les maîtres du moment s'esclafferont , du tour si habilement joué.

Tout ceci un jour se paiera cher ! Qu'on n'aille pas chercher plus loin les dérives électorales.

Dans notre pays jacobin, si l’on tue l’espoir du peuple, il part vers l’extrême droite Roudinesco