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1001 photos : le tambour-major

Troisième photo retenue ici d'Alfred Eisenstaedt - après celle de Goebbels, celle de la mère devant les ruines d'Hiroshima, celle-ci apparemment anodine mais très dans la manière du photographe, passé maître dans l'art de surprendre les moments insolites.

1950, tôt le matin, dans les jardins du campus de l'université du Michigan. Le photographe avait été chargé de faire un reportage sur la fanfare de l'université, alors célèbre. Il surprit le tambour-major en plein exercice, dans cette posture presque entièrement désarticulée, la jambe droite levée très haut et la tête comme tirée en arrière ou attirée par la lourdeur de la coiffe. Assurément la posture du jeune homme aurait pu suffire pour justifier la prise, mais manifestement les sept gamins qui le suivent et se piquent de l'imiter, forment un défilé tout-à-fait plaisant et la démonstration d'un bonheur tout simple.

Ce n'est pas un hasard si, lors de sa publication, le rédacteur en chef intitula cette photo Ode à la joie.

Ce n'est pas que la joie ici se caractériserait par l'absence de recul ! Ce dernier demeure la condition de l'humain, je le maintiens. Qui permet à chacun, et d'abord au photographe, de donner un sens à ce qu'il saisit. Mais elle se traduit ici par une absence totale de retenue un peu comme en ces rires de très jeunes enfants dont les éclats ne sont encore retenus par aucune des normes que décence, pudeur et politesse imposent à leur expression.

Il y va sans doute ici comme de la littérature : les beaux sentiments sont plus difficile à traduire. L'enfant est un truchement aisé pour révéler des sentiments simples, sans retenue ; tout d'une pièce. Et les photographes ne s'en privent jamais. Serait-ce à dire que les adultes … ?

Mais ceci est plus une affaire de philosophie que de photographie, non ?

 

 

 

Quelques photos d'Eisenstaedt