Textes

M Conche, Métaphysique p 24

 

La philosophie recherche la vérité au sujet du Tout de la réalité - lequel est infini puisqu'il n'y a rien d'autre qui pourrait le limiter. Si le philosophe, étant le croyant d'une religion, avait la vérité, il ne la rechercherait pas : il recherche ce qu'il n'a pas et qui lui manque. Par là même, il a conscience de sa limitation, de sa finité (de sa « finitude », si l'on ajoute qu'il se sait mortel), laquelle « contient en soi la négation de l'infini » (Descartes, Réponses aux cinquièmes objections, III, 3). La pensée de soi-même enveloppe la négation de l'infini, de sorte que « j'ai en quelque façon premièrement en moi la notion de l'infini, que du fini » (Descartes, Méditation troisième, Spinoza également, mais il ajoute : sive natura. Je fais de même. Le monde est la demeure où nous sommes. Mais où fixer les bornes de cette demeure ? Où s'arrête le monde ? La demeure qui nous cerne est . elle-même cer­née par une demeure plus vaste. Épicure arrête « notre » monde aux étoiles. Mais, aujourd'hui, les étoiles que l'on voit semblent peu de chose dans la galaxie, et celle-ci... Le monde n'est qu'indéfini, non infini, dit Descartes. Dieu ou la Nature, est donc autre chose que le monde, comme l'infini est autre chose que le fini.