Elysées 2012

Marseille : un échec ?

Sarkozy assiste à distance à l’échec de la rentrée de l’UMP

C’était il y a pile cinq ans, à Marseille, au Campus de l’UMP. On sentait le vent de la conquête. Nicolas Sarkozy tenait la vedette, entouré d’une nuée de journalistes, buvant ses paroles comme l’immortalisa une célèbre photographie de l’Afp.
Cette année, à dix mois de l’élection, on sent surtout les vents contraires. Nicolas Sarkozy est absent de Marseille. Il est président. L’UMP se contente d’afficher son slogan « Avec Nicolas Sarkozy, la Républiqueagit, la République protège », avec en fond d’écran Notre Dame de la Garde. A huit mois de l'élection, chacun veut garder la foi. A Marseille, on ne rencontre que quelques conseillers politiques de l’Elysée, alors que la cérémonie orchestrée par Jean-François Copé peine à décoller. Nicolas Sarkozy le sait, qui a passé des coups de téléphone à ses proches pour  redresser une réunion mal engagée.
A Marseille, il fallait lancer un message fort. Il a été occulté par la maladie de Jacques Chirac à la veille de son procès et le retour de Dominique Strauss-Kahn à Paris.
Il fallait afficher l’unité : la fête a été gâchée par Jean-Pierre Raffarin qui s’est rebiffé contre les critiques du président lors du petit déjeuner de la majorité jeudi. Nicolas Sarkozy a dû céder face à l’ancien premier ministre, qu’il recevra lundi matin à l’Elysée. On a essayé de recoller les morceaux avec un petit déjeuner réunissant ministres et responsables UMP expédié dimanche matin avec la litanie de discours de clôture.
La fête a aussi été gâchée par les critiques de l’électron libre, Patrick Devedjian, président du conseil général des Hauts-de-Seine, qui a déploré ne pas voir le projet de société qui s’impose pourla France.M.Devedjian et M. Raffarin sont peut-être « has been », comme l’a dit Lionnel Luca, député des Alpes Maritimes. Mais ils ont exprimé une inquiétude partagée.
 C’est le troisième problème : l’UMP n’a pas de projet. Bruno Le Maire n’a pas présenté de propositions concrètes. Certes, avec une équipe de conseillers de l’Elysée, coordonnée par le jeune normalien Jean-Baptiste de Froment, il a préparé des fiches avec des options sur chaque sujet. Mais, chut, c’est secret. On n’en saura rien avant la fin de l’année. M. Le Maire s’est donc fait étriller pour deux propositions qui devaient signer son marquage politique : la fiscalisation des allocations familiales et la réduction des indemnités chômage des cadres.
Mais à la différence de son ennemi Laurent Wauquiez, qui avait persisté dans sa dénonciation de l’assistanat, qualifié de « cancer » qui rongeait la société et fut finalement promu ministre de la recherche, M. Le Maire a reculé devant les militants. Devant la presse, M. Le Maire indiquait : « si une proposition heurte ma famille politique, je ne vais pas m’entêter ».
L’entourage de M. Sarkozy reproche à l’ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin d’être parti d’un projet à coût zéro et de s’être attaqué à la politique familiale, alors que le PS a offert un biais d’attaque en proposant de facto de revenir sur le quotient familial.
Dans les couloirs, Franck Louvrier, conseiller en communication du président, estime qu’il vaut mieux que le débat ait lieu aujourd’hui que plus tard. Le conseiller spécial Henri Guaino, qui a participé à une table ronde sur les valeurs de la droite, défend le pacte républicain, note que les cadres sont les plus déstabilisés lorsqu’ils sont frappés par le chômage. On comprend vite qu’il ne partage guère la philosophie de M. Le Maire.
 Enfin, l’Elysée a pris connaissance des derniers sondages publiés par le JDD. François Hollande écrase Nicolas Sarkozy par 59-41. Plus gênant, François Hollande progresse fortement sur l’électorat de plus de 50 ans, alors que les personnes âgées sont le socle de l’UMP. « Hollande y arrive pas mal chez les vieux. C’est chiant », peste crûment un proche du président.

 Arnaud Leparmentier

 


L'Elysée côté jardin