Elysées 2012

«Sale mec»: la sortie de Hollande enflamme la campagne

 


Le candidat PS a imité mardi le chef de l'Etat lors d'un déjeuner avec la presse. L'UMP crie au blasphème, les journalistes présents relativisent.

Par CHRISTIAN LOSSON, LAURE EQUY, JONATHAN BOUCHET-PETERSEN

 

Si seulement ce pouvait être le même faux pas que celui de Lionel Jospin pendant la campagne de 2002! C’est ce dont rêve le patron de l’UMP, Jean-François Copé qui a comparé au «vieilli, usé, fatigué» de l'ex-Premier ministre et alors candidat socialiste contre Jacques Chirac, la petite phrase lâchée, mardi en «off», par François Hollande.

Le candidat PS, devant quelques journalistes qu’il avait conviés à déjeuner, s’est mis à la place de Nicolas Sarkozy se présentant aux Français: «Je suis le Président de l’échec, je suis un sale mec, mais dans cette période difficile, je suis le seul capable, j’ai le courage…». «Il va se présenter comme le capitaine courage recherchant l’impopularité», a ajouté Hollande, en faisant référence notamment à la TVA sociale, d’après l’AFP qui a participé à ce déjeuner.

Le lendemain, après lecture de ces propos rapportés par Le Parisien, l’UMP joue (surjoue?) l’indignation. Arrivant au nouveau siège parisien de l’UMP, rue de Vaugirard, le chef des sénateurs UMP, Jean-Claude Gaudin, interrogé par les journalistes, ne sait pas sur quel pied danser: «On est venu écouter Jean-François Copé, pas parler de François Hollande.» Il est le seul à hésiter.

Le secrétaire général de l’UMP, lors de ses voeux à la presse, lance l’offensive. «Ces propos sont indignes et nous ont profondément choqués. On a compris dans cette phrase la conception qui est la sienne de ses adversaires politiques et du sens de l’Etat.» Copé y décèle le signe que le socialiste «est faible sur le fond»: «Celui qui injurie est le même qui dit "je ne sais pas ce que je faire sur la retraite à 60 ans, les finances publiques, l’education nationale". Comme par hasard!»
«Hollande s’est discrédité»

Tout aussi outrée, la ministre très sarkozyste Nadine Morano sermonne le candidat à la présidentielle, dont «l’une des première qualités doit être le sang froid, le respect de l’adversaire» et réclame «des excuses publiques». «Hollande s’est discrédité, il n’est pas digne de concourir à la présidentielle».

Le député (UMP) des Bouches-du-Rhône, Renaud Muselier, dégaine, lui, un communiqué. «Pour tenter de relancer sa campagne enlisée par son absence de préparation et l’incohérence de ses propositions», Hollande «veut nuire à l’image du Président de la République.» Et Muselier d'ajouter: «Tomber dans l’injure ne le rendra ni plus combatif ni plus crédible.»

Auparavant, la garde rapprochée de Sarkozy avait déjà défouraillé. Christian Estrosi tirant à vue sur une attitude «abjecte sur le plan personnel mais également dangereuse sur le plan politique car elle abaisse la fonction présidentielle». Claude Guéant, sur Europe 1, avait noté: «J’observe que beaucoup de gens qui travaillent avec lui se laissent aller à des propos violents, mensongers, à des insultes»
La twittosphère en feu

La twittosphère s'emballe aussi autour du «off». Outre Nadine Morano, c'est la députée proche de Copé, Valérie Rosso-Debord, qui s'offense. Et la cellule riposte de l'UMP est sur le grill. L'un de ses membres, Guillaume Peltier, l'auteur du «Plus Hollande est candidat, moins il est président», twitte ainsi:

Mais si tout cela n'était pas monté en épingle? Qu'en pensent les journalistes présents lors de ce déjeuner? Thomas Legrand, éditorialiste de France Inter, dément:

Alexandre Kara, chef du service politique d'Europe 1, se contente lui de décrire la scène telle qu'il l'a vue:

«Polémiques à deux balles»

Les journalistes qui suivent l'Elysée, habitués aux sorties du chef de l'Etat, relativisent. A l'image d'Arnaud Leparmentier, du Monde:

Ou de Nathalie Schuck, du Parisien:

Toujours sur Twitter, les socialistes Bruno Julliard et Delphine Batho, porte-parole de Hollande, minimisent et s'étonnent de la polémique.

Reste la baston à venir entre les cellules ripostes des deux partis? Notons que le nom de domaine http://www.salemec.com/, renvoie  à un site d'une église évangélique. Reste salemec.fr, toujours libre.

Le "off" n'en finit plus de mourir. Certains, à l'instar de Bruno Roger-Petit, sur atlasinfo.fr, l'ont même définitivement enterré.