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Front

Parce que, oui, cela va revenir, à une affaire de front ! On n'entend parler ces jours-ci, d'après résultats du 1e tour, que de barrage, de digue à préserver parce qu'elle manquerait de sauter, de front … contre l'extrême-droite, bien sûr.

Loin de moi l'idée de sous-estimer le danger. Il existe. Mais comment ne pas comprendre que nous campons ici aux antipodes de la démocratie ; sur le déni même de la République. En bonne logique constitutionnelle, l'élection est ce grand moment où la Nation fait ses choix et se réunit pour consacrer celui qui va les porter. La chose était claire pour de Gaulle : c'est un moment d'union.

C'est le contraire qui prévaut aujourd'hui.

Ici on ne nous parle que de séparation, de mise à l'écart. Sans doute faut-il combattre politiquement l'extrême-droite. Sans doute et sans conteste. Mais la systématisation de ce vote-barrage (trois fois en 20 ans) met l'électeur dans une position intenable.

Le désastre est tel que l'électeur de gauche et, désormais, celui de la droite classique, n'aurait d'autre fonction que diurétique. Mesure-t-on le dilemme, le drame cornélien de cet électeur qui d'un même tenant écartera l'impie, certes, mais consacrera cet autre qui, de toute manière, ne l'écoutera pas, ne le respectera que formellement, voire le trahira ?

Entre la peste et le choléra, entends-je ici et là ! L'expression est fallacieuse ! Les deux protagonistes ne pèsent pas d'identiques dangers. N'en demeure pas moins que ne nous reste qu'à choisir la main qui demain nous flagellera ! Comment s'étonner que les regards se détournent, que les mains se ferment ; que les oreilles se bouchent ?

Demain, tout le monde sera frustré et les colères monteront d'un cran. La thérapie démocratique ne fonctionne plus qui attise au contraire rejets, dénis, haines de l'autre.

Je ne supporterais pas que par négligence, contrariété voire colère, un éventuel silence favorisât la catastrophe ; je me résous mal à glisser derechef un bulletin confortant l'étroitesse technolâtre qui par dogmatisme ratera l'essentiel mais certainement pas l'orchestration odieuse de toutes les régressions sociales.

Je ne suis pas désespéré mais la chose est désespérante.