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Figures d'entropie

 

Paris, depuis longtemps, n'aura été à ce point hanté par des chantiers en tout genre … à moins que ce ne soit illusion de ma mémoire. Travaux de voieries, entretien du viaduc du métro ; travaux dans différentes églises, réaménagement des berges … comme si la crise sanitaire évidant l'esspace de ses habitants, autorisait au moins le lancement de travaux ordinairement réservés à la période estivale.

Ci-contre la balustrade séparant l'allée de la voie du RER C

Oui, c'est à cette tendance à la désorganisation de tout système que je songeais.

Qu'il soit physique ou biologique, le parcours d'un système n'est pas réversible : il aura de plus en plus de difficulté à se maintenir et les efforts qu'il fournira pour y parvenir de moins en moins efficaces.

Nous avons cru avec les Lumières que les choses iraient leur train inexorable vers un mieux nécessaire. Ce sont les grecs qui avaient raison : l'ordre est une exception instable et provisoire : tout système tend à se détériorer même si localement il veut développer des exceptions néguentropiques.

Ceux-là qui courent pour s'entretenir ou s'entraîner ne le font jamais que pour ne pas s'encroûter ou s'empâter. La langue nous l'avait pourtant clairement indiqué : en se restaurant ou désaltérant, nous ne faisons jamais que lutter contre l'insidieuse dégradation.

La lente oxydation qui achève de briser la continuité de la matière révèle ici combien la moindre inattention qui nous ferait regarder ailleurs, la plus petite négligence qui nous ferait reporter à plus tard brise une ligne cette fois irréversible. Jouons les fanfarons si cela devait nous rassurer mais restons conscients que nos vies durant nous éreintons plus souvent nos efforts à réparer qu'à construire, à endiguer les désastres qu'à préparer nos conquêtes.

Ce n'est décidément pas pour rien que négligence est l'antonyme de religion.

Une affaire de lien que l'on parvient à maintenir ou non.