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Bruits de bottes

 

Décidément tout se paie.

Une incapacité à faire sortir une majorité claire des urnes - ceci pour la quatrième fois consécutive en moins de deux ans. L'incapacité à mettre un terme à l'emprise du sulfureux Benyamin Netanyahou, en poste depuis mars 2009 et ce malgré une kyrielle de procès en cours et/ou de scandales.

Une stratégie - mais en est-ce encore ? - politique invraisemblablement cynique n'hésitant pas, pour se maintenir au pouvoir, à s'adjoindre ce qui, sur l'échiquier politique israélien, se fait le plus dogmatique parmi les intégristes religieux, et de plus extrémiste à droite. Nous le savons bien pourtant : les relations sont toujours troubles entre religion et politique. Nul n'y gagne rien, sûrement pas la liberté ; jamais le bon sens.

Une série ininterrompue de défiances, d'humiliations, de rejets voire d'expulsions dont la politique d'implantations toujours plus nombreuses de colonies est l'exemple parfait d'une politique du fait accompli. De l'insolence.

Une histoire ratée. Définitivement j'en ai bien peur.

Qu'ils sont loin les accords d'Oslo et la poignée de main entre Rabin et Arafat sur la pelouse de la Maison Blanche en 1993 et plus encore les accords de Camp David de 1978 et les espoirs à chaque fois suscités. Désormais à en croire la presse, même l'avisé Biden hésite à se mêler de la chose.

Voici les protagonistes abandonnés à leurs haines respectives qui, cette fois, engagent même les arabes israéliens avec lesquels une coexistence avait cahin-caha réussi à s'établir qui n'est plus désormais qu'un lointain souvenir.

Oh ils ne sont pas responsables de tout : le cynisme britannique depuis la déclaration Balfour de 17, le minable épisode de l'Exodus, les conditions même dans lesquelles l'Etat d'Israël fut fondé, tout en réalité était réuni pour que les choses se passent mal.

Mais responsables assurément d'avoir laissé l'enchevêtrement d'incompréhension, d'offenses, de rage et de haine filer son écheveau de violences sempiternellement répétées et se nourrissant d'elles-mêmes. Rien ne supposait que ces peuples dussent en arriver là qui, après tout, sont cousins et partagent en grande partie la même histoire.

Girard n'avait pas tort de rappeler qu'à se combattre on finit par se ressembler ; qu'on se hait d'autant plus que précisément on se ressemble … d'où le désespérant cercle vicieux ; d'où cette montée aux extrêmes !

Du côté du monde arabe et palestinien, les positions commencèrent à s'exacerber à partir de 67 et sans nul doute les intégrismes de toiut poil s'y agrégeant, positions et postures rendirent bientôt tout dialogue impossible. Parmi les populations immigrées, issues du Magreb, et parmi les plus engagés, les jeunes souvent marginalisés par la crise économique et reclus dans leurs banlieues comme en de véritables ghettos, furent comme sommés de prendre parti et de s'engager ; et ainsi, bien vite pris en otage, enrôlés en une spirale infernale où dogmatisme, fanatisme et violence forment un cocktail vertigineux. Chacun prenant l'autre à parti et n'obtenant ni reconnaissance ni pardon … L'extrême-droite s'y pourléchant les babines qui se voit offrir sur un plateau argument électorat et prétextes à sauvegarder la République. Sans conteste, quand la guerre ainsi s'exporte, les prodromes de la guerre civile ne sont jamais loin.

Je crois n'avoir jamais été sioniste même si le destin de l'état d'Israël ne me pourra jamais être indifférent ni mon regard tout-à-fait neutre. On ne peut demander à personne d'être exemplaire en permanence ; ni infaillible. Encore moins à un peuple.

On aimerait pourtant - j'aimerais en tout cas - que ce peuple qui a tout enduré ; qui sut se perpétuer ainsi que sa culture au milieu de tous les autres en en payant souvent trop chèrement le prix ; qui a trouvé dans la Loi, la Parole et la fidélité toute la fierté qui lui donnât force de continuer, vertu de persévérer en son être ; qui aura, au delà de toute imagination, de toute probabilité enduré le crime suprême, la négation absolue ; que ce peuple, oui, au moins ne tombât pas dans les pires pièges que tend l'indifférence à l'autre.

Il y est tombé et je vois dans les revendications de certains un indéniable racisme qu'il m'est odieux de seulement imaginer.

Faut-il donc vraiment dans l'Histoire avoir toujours été du mauvais côté et le rester à jamais pour parvenir à être du bon côté ?

La lumière ne peut-elle augurer que les remugles de la démesure ?

Le monde entier a été pris à témoin en 42 … et il n'a pas voulu voir. Le monde entier a de nouveau été pris à témoin, sommé lui aussi de prendre parti … A nouveau nous détournons le regard

Les guerres, toujours surviennent quand on cesse de se parler. Les guerres toujours éclatent quand elles apparaissent comme une solution possible et non plus comme le pire de tous les problèmes.