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Que c'est abominable d'avoir pour ennemis
Les rires de l'enfance !

Pourquoi ces vers me sont-ils revenus à l'esprit aujourd'hui d'une chanson qui m'a toujours troublé d'une grande dame qui m'a toujours ému ?

Pour les horreurs qui encombrent l'actualité qui me sont autant dégoût que honte ? Pour ces parts d'enfance qui remontent de loin en loin, mais de plus en plus souvent ? Pour cette émotion étrange qui me saisit devant chaque enfant sans que je sache véritablement pourquoi mais assurément pas parce qu'il serait mon avenir ; encore moins pour sa supposée innocence. Pour cette extrême simplicité, peut-être avec laquelle il embrasse l'existence, impatient ; goulu, confiant.

Pourquoi devenir comme des enfants serait-il la porte d'entrée ? (Mat,18,2) Mais cet enfant, nous n'avons jamais cessé de l'être, tout juste l'avions-nous enseveli sous ces montagnes de choses qui n'encombrent que nos affairements ordinaires, ces importances raides et froides dont se prévaut le sens commun ; qui s'évaporent pourtant aux premiers vents d'automne .

Il m'arrive parfois de songer que nous passons notre vie d'adulte à enfouir ce que nous savions dès le départ et qui fusera avec une énergie bien triste à notre crépuscule.

Et oui, vivre avilit, qui nous met en péril de violence à chaque recoin de nos projets, nous perd autant que notre temps et alourdit au delà de toute mesure. Qu'est-il de plus triste que de trahir le regard d'un enfant ; décevoir sa confiance …

Il est mille et une manière de céder à la violence ; il en est d'atroces ; il en est d'autres, presque imperceptibles. Pas moins dévastatrices pour autant.

Etre à la hauteur de l'enfant qui vous toise, à la hauteur de celui qu'on a été … je ne connais pas de manière plus honnête de tâcher à n'enlaidir point le monde.