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Détestable bruit de fond

Benjamin Griveaux qui se prend les pieds dans le tapis ! Spontanément j'aurais tendance à souffler : Bien fait ! Celui qui, non sans morgue, balaya de remarques toutes plus assassines que méprisantes ses concurrents à la mairie de Paris [1] ; celui qui non sans fatuité répéta jusqu'à la nausée, l'avènement d'un nouveau monde de la politique ; celui qui joua avec une invraisemblable prétention la puisssance conjuguée de l'expert et de la jeunesse, tentant de se hisser à l'ombre de Macron, tombait dans le piège le plus classique. Cette jeune génération rompue aux arcanes de la communication et aux secrets de l'Internet, tombe à la première crise de sa communication.

Pan sur le bec !

La chose m'intéresse assez peu ! Je ne l'aurais sans doute même pas mentionnée si, comme souvent, le bousin imbécile ne venait s'y intercaler et préconiser la recette à suivre !!!

En passant, hier soir, les Informés de France-Info : et voici deux dames, plus révolutionnaires l'une que l'autre, l'une du Figaro l'autre de France 24, entreprenant de voir derrière cette affaire la main invisible de l'extrême-gauche sous le fallacieux prétexte que la délation fût une des armes des révolutionnaires russes ! Pauvre femme ! Lui a-t-on dit que les communistes pesaient à peine 1% ? Et qu'il ne suffit pas que l'avocat fût aussi celui de Mélenchon pour y voir une manœuvre de la France Insoumise ? Je ne parle pas de l'autre qui s'empressa de sortir les cisailles de la censure pour en appeler à - quoi déjà ? ce n'était pas clair - le silence, la censure, l'interdiction de s'exprimer ; le couvre-feu médiatique !

Outre les délires anti-complotistes de la supposée chef de service politique et les remugles aisément ultra-droitiers de l'autre, comment ne pas remarquer ces éléments de langage comme on dit désormais : haro sur les réseaux sociaux ! Alors que, de manière évidente, ce n'est pas de ceci dont il s'agissait puisque la vidéo a été diffusée sur un site créé pour l'occasion par un individu connu et ne le niant pas pour un objectif proclamé ; que ni la presse ni twitter ne l'ont diffusée et que la vidéo ne prit d'ampleur médiatique qu'à partir du moment om d'autres notamment un ancien de LREM s'enticha d'en faire mention.

Alors quoi ?

Serait-ce qu'à nouveau, comme pour l'affaire Mila, ces auto-proclamés libéraux n'aiment tant la liberté que quand il s'agit de la liberté d'entreprendre ; de la libre concurrence ; de la liberté de circulation des marchandises … mais beaucoup moins quand il s'agit de la liberté de circulation des hommes ; des idées …

Cette manière, si contournée, qu'a un Macron de laisser parler mais de ne pas écouter ; de laisser manifester mais de ne pas en tenir compte ; d'offrir carte blanche aux policiers comme pour mieux asseoir que libéral signifie aussi régalien - c'est-à-dire autoritaire - est le symbole des contradictions pour ne pas dire des hypocrisies de notre époque !

Interrogez-vous, Mesdames, sur cet utilitarisme qui fait le fond de notre époque et qui, pour toute morale, se pique de croire que chacun saura toujours calculer son comportement au mieux de ses intérêts. N'en paie-t-on pas ici le prix ? Vertu, arithmétique et désir ne font décidément pas ménage apaisé !

Alors les uns et les autres d'évoquer l'américanisation de la vie publique : mais quoi cette intrusion du privé dans le public est un classique : a-t-on oublié les rumeurs contre Mme Pompidou ? ou les sous-entendus sur l'âge de Mme Macron ? Il n'est de moderne ici que la rapidité de la circulation de l'information et la désormais impossibilité de retenir longtemps une affaire !

July n'a pas tort : Griveaux c'est le moins que l'on puisse dire a péché par orgueil ! Quand on est ministre on fait attention ; quand on revendique un poste en vue aussi ! Ces pseudo-experts de la modernité ont perdu le contact avec le réel. Ils oublient - c'est peut-être le plus grave - la détestation où l'opinion publique les tient. Justifiée ou non cette détestation est un fait. Ne pas en tenir compte est coupable.

Il ne fait décidément pas bon frôler les lumières du politique : on y perd le sens ; le bon sens et même le souci de la moindre élégance ! Ah si au moins la leçon servait à un peu d'humilité …

 

 


1) Denis Cosnard et Sacha Nelken , Benjamin Griveaux, une campagne en forme de chemin de croix, Le monde du 14 février

La campagne de Benjamin Griveaux vire alors au chemin de croix. Le 17 juillet, première station douloureuse : Le Point publie des propos tenus en privé par le candidat quelques semaines plus tôt. L’ancien ministre y qualifie tous ses concurrents d’« abrutis ». Hugues Renson ? Un « fils de pute ». Mounir Mahjoubi ? « Bon… no comment. » Cédric Villani ? « Il n’a pas les épaules pour encaisser une campagne de cette nature. Il ne verra pas venir les balles, il va se faire désosser ! » 

Quant au député Pierre-Yves Bournazel, également un temps candidat à la Mairie, Benjamin Griveaux se vante de le tenir « par les couilles »