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De la langue

 

 

Remarque d'A Schweitzer sur la différence entre les deux langues et, serait-on tenté de croire entre les deux cultures à la fois si différentes et pourtant tellement proches qu'on les imaginerait aisément siamoises. Ce qu'elles sont en réalité.

Il faut être alsacien pour savoir ce qu'est le damier de la robe d'Arlequin. L'homme lui-même était un peu de cela : pasteur, médecin, organiste, philosophe et finalement aussi vite reconnu qu'oublié que personne en tout cas en France ne retient vraiment - trop allemand pour les français ; trop français pour les allemands.

Il n'empêche Lambaréné fonctionne toujours.

On eût beau susciter quelques controverses ici et là, sur son action, ou le regard qu'il portait sur les africains, il y a néanmoins chez cet homme quelque chose d'irrésistible où je ne boude pas mon plaisir.

Aimer comme il le fit Bach et le savoir servir tant par l'écrit que par son jeu d'orgue ; le voir conjuguer avec tant de fougue mais de constance la raison du philosophe, la foi du pasteur, l'engagement du médecin et la passion de l'organiste.

Ils ne sont pas si nombreux ces hommes capables de tout faire ou presque ; capables de le faire avec une si belle modestie. Il me touche ne serait-ce que pour ce délicieux accent qui me fait remonter les voix de mes grands parents

Il faut l'écouter jouer ici, partageant son espace avec son chat

Un homme qui aime tant Bach, les chats ne peut avoir un mauvais fond !!

 

Ce partage d'entre deux cultures vaut qu'on l'entende. Il touche à l'essentiel. Comment faire entendre par la langue ce qui, de toutes manières n'y entrera pas. Que la langue française soit plus rationnelle, plus encline à l'analytse et l'allemande à la synthèse et, peut-être, à l'émotion, est chose mille fois dite. M'intrigue cet inachèvement de la langue allemande qui lui permettrait d'exprimer la vie, le désordre et le bouillonnement de la vie. J'entends bien les linguistes et philosophes rappeler que la langue ne saurait être un contenant de la pensée et qu'au contraire de seulement la mettre en forme, la langue conditionne la pensée. Elles sont, indissociablement envers et avers de la même pièce, de la même réalité. La diversité des langues est assurément la chance de la diversité de l'être.

On ne m'ôtera pas de l'idée, néanmoins, que l'être est poreux, qui fuit et s'évapore de toutes part et s'échappe constamment de se refuser à l'enfermenent dans le langage.

L'inachèvement de la langue est la chance de l'être et l'offertoire de l'œuvre.

 

 

 

 

Certes je m'exprime depuis mon enfance de même façon en Allemand et en Français, mais je ne ressens pas le Français comme ma langue maternelle,bien que je l'ais utilisé depuis toujours dans ma correspondance avec mes parents, parce que c'était l'usage dans ma famille.Pour moi, c'est l'Allemand qui est ma langue maternelle parceque le dialecte alsacien dans lequel j'ai mes racines linguistiques, est allemand. La différence entre les deux langues se manifeste pour moi par l'impression que j'éprouve avec le Français d'avancer dans un beau parc aux chemins bien entretenus et avec l'Allemand, d'errer à travers une forêt magnifique. Les dialectes avec lesquels l'Allemand a gardé contact apportent constamment à la langue écrite une vie nouvelle. Le Français a perdu ce côté enracinement au terroir. Ses racines sont dans sa littérature. Le Français est devenu par là même, dans le meilleur et dans le pire sens du mot quelque chose d'achevé, alors que l'Allemand demeure dans le même sens quelque chose d'inachevé. 
La perfection du Français réside dans la faculté d'exprimer une idée de la façon sa plus claire et la plus brève, celle de l'Allemand, d'en restituer toute la complexité." 

 

 

 

Wohl spreche ich von Kindheit auf Französisch gleicherweise wie Deutsch.Französisch aber empfinde ich nicht als Muttersprache ,obwohl ich mich von jeher für meine an meine Eltern gerichteten Briefe ausschliesslich des Französischen bediente,weil dies so Brauch in der Familie war.Deutsch ist mir Muttersprache,weil der elsässische Dialekt,in dem ich sprachlich wurzle, deutsch ist.
Den Unterschied zwischen den beiden Sprachen empfinde ich in der Art ,als ob ich mich in der französischen auf den wohlgepflegten Wegen eines schönen Parkes erginge,in der deutschen aber mich in einem herrlichen Wald herumtriebe.Aus den Dialekten,mit denen sie Fühlung behalten hat,fliesst der deutschen Schriftsprache ständig neues Leben zu.Die französische hat diese Bodenständigkeit verloren.Sie wurzelt in ihrer Literatur.Dadurch ist sie im günstigsten wie im ungünstigsten Sinne des Wortes etwas Fertiges geworden,während die deutsche in demselben Sinne etwas Unfertiges bleibt.Die Vollkommenheit des Französischen besteht darin, einen Gedanken auf die klarste und kürzeste Weise ausdrücken zu können, die des Deutschen darin,ihn in seiner Vielgestaltigkeit hinzustellen