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Crise oui, mais pas anodine …

Encore un gouvernement qui explose en plein vol après moins de deux ans … Serions-nous encore sous la IVe, nous nous en amuserions ! Nous sommes en Italie mais où depuis la fin de la Démocratie Chrétienne en 1994, on observe un, lent d'abord puis de plus en plus violent et cynique, virage à l'extrême-droite.

La presse se pourlèche des dernières péripéties : un ministre de l'intérieur, Salvini, qui saborde lui-même le gouvernement auquel il participait avec l'évidente intention de déclencher des élections anticipées dont il se rêve le grand vainqueur. Belle photo dans Le Monde montrant avec toute la virilité aggressive dont les casques romains peuvent témoigner pour cacher l'extrême fragilité de l'acteur désormais principal qui dépend de tous les autres pour éviter la catastrophe annoncée même de ceux qui en furent les protagonistes … Sergio Mattarella a 78 ans ; peu de pouvoirs ; une vue assez claire semble-t-il des choses à ne pas faire mais en a-t-il les moyens ? Il y a tellement loin de la coupe aux lèvres !

Alors restent ces rapprochements ridicules, absurdes mais qui en disent long sur la finesse de l'analyse politique. Oui, bien sûr Salvini peut aisément avoir cette moue boudeuse que l'on sait avoir été celle de Mussolini et que l'on retrouve chez Trump ! Mais quoi est-ce tout ?

Je repère néanmoins combien la moue de Salvini est imperceptiblement cynique, un poil sarcastique comme s'il se reconnaissait raconter n'importe quoi mais conscient néanmoins de jouer un bien mauvais tour qu'il emportera vu la médiocrité de ses adversaires.

On ferait bien, pourtant, de renoncer à jouer avec les mots et d'appeler un fasciste par son nom. M'exaspère qu'on nomme populiste tout et n'importe quoi - en France de Le Pen à Mélenchon, ce qui est absurde - en Italie le mouvement 5 étoiles, Salvini, Berlusconi.

Cette étrange manie de croire avoir expliqué un phénomène après l'avoir seulement nommé conduit tout droit à ces analogies douteuses sans portée ; insignifiantes. Tellement révélatrice de la vacuité idéologique actuelle ; de la pusillanimité ambiante.

Qu'il y ait chez un Trump ou un B Johson des pulsions mégalomaniaques qui transpirent les poussées d'adrénaline ou de virilité frustrée … sans doute.

Ce qui est grave aujourd'hui est que, face à ces ditigeants qui pratiquent le mensonge et la provocation avec une vulgarité insensée, sans finesse, qui usent et abusent du premier niveau comme s'il se fût agi du seul, et, de l'autre côté, une presse sotte à en désespérer qui semble manquer des canons les plus rudimentaires de l'esprit critique, l'électorat, lui, demeure, seul, désemparé ; et vire lentement où le conduisent ses pulsions.

Parallèlement les sourires carnassiers de l'un et de l'autre ponctuent d'autant plus cruellement la faiblesse de nos dirigeants. Ceux-là vont leur chemin, sans vergogne quand au nom des rituels démocratiques et diplomatiques ceux-ci persévèrent à chercher conciliation et juste milieu.

Ne leur a-t-on pas appris à ces têtes d'ampoule, que pour jouer, même aux échecs, il faut être deux et respecter les mêmes règles . L'un a beau jouer le nouveau monde et l'autre la fin de son monde, qu'ils paraissent anémiés, malingres, velléitaires, eux qui ne parviennent même plus à faire couple. Prompts demain à tolérer ce qu'ils avaient refusé hier avec la morgue d'un matamore fatigué.

 

Pourquoi donc me font-ils penser à ce pauvre Daladier de retour à Munich qui marmonna « Ah les cons, s'ils savaient » face à une foule qui l'applaudissait mais dont il avait redouté qu'elle ne voulût le lyncher !!!

L'histoire, certes, ne se répète pas, mais elle bredouille. Les scrupules, quand il en restent, de nos démocrates les laissent souvent niais, pantois face au cynisme des tyrans du jour.

L'intelligence ne paie pas toujours ! Rarement tout de suite !

 Le Corbeau honteux et confus
   Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.