Bloc-Notes 2017
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Vous reprendrez bien un peu de campagne ?

Euh bien … non, vraiment ! Et pourtant il va bien falloir car beaucoup se jouera avec les législatives de Juin. Une campagne de 2e tour confuse, qui mettra du temps à démarrer, où MLP réussira à imposer son tempo et ses thèmes - patriotes contre mondialistes - avant que de se perdre dans d'insanes diatribes lors du débat, alors que Macron, apparemment désemparé au début, tardera à poser ses marques.

Une absence de débat, sans conteste, mais celui-ci pouvait-il avoir lieu ? Chirac en 2002 s'y était refusé mais il faut dire qu'alors la surprise avait été énorme et le score prêté à JMLP sans commune mesure avec celui obtenu par sa fille ; le ver, au reste, était déjà dans le fruit : comment récuser un débat qu'on avait déjà accepté avant le 1e tour ? d'une candidate donnée haut dans les sondages, d'un courant qui flirta avec les 40% au dernières régionales et que la stratégie dite de dédiabolisation, en tout cas de banalisation, aura rendu sinon acceptable en tout cas convenable.

Deux interprétations sont possibles - qui ne sont d'ailleurs pas incompatibles entre elles - sur l'attitude de MLP lors de ce débat :

Ce qui est grave, outre l'image délétère d'une extrême-droite qualifiée pour le 2e tour, pour la deuxième fois en 15 ans, même si, répétons-le, 2002 ne ressemble en rien à 2017, c'est l'impossible débat : non pas tant celui, télévisuel de l'entre-deux-tours, que celui, national, que constitue l'élection présidentielle sous la Ve République. Que la mécanique électorale d'un scrutin à deux tours veuille que d'abord on choisisse et ensuite on élimine ; qu'effectivement, surtout à gauche, rare est le cas où le vote final fût un vote de pleine adhésion et souvent un pis-aller, ne peut pas escamoter cette désolante évidence que demain nous soyons tous contraints, de droite comme de gauche d'ailleurs : pas de choix, même négatif, mais seulement une ardente obligation. Qui ne dessine en rien l'avenir - ou de manière si confuse.

Macron aura eu une chance incroyable - bien plus qu'un réel savoir-faire politique : l'élimination de Juppé et Sarkozy aux primaires, la disqualification de Fillon à cause des affaires ; la victoire de Hamon, qui a tant gêné Mélenchon, mais a nourri son camp de tous les transfuges du PS qui ne supportent pas la gauche de la gauche, tout cela aura escamoté, pour un temps, le vide de son positionnement.

Une chance parce que s'ouvre la possibilité d'une reconstruction politique complète, où le centre, pour la première fois depuis 58, aurait la possibilité d'œuvrer : le résultat des législatives lui donnera, ou non, la possibilité de se frayer un chemin et de droite et de gauche ; de reparlementariser le régime sans avoir même besoin d'une réforme constitutionnelle.

Mais une faiblesse en même temps parce qu'une fois aux manettes, il ne pourra pas ne pas mécontenter successivement les uns et les autres, alors qu'il aura besoin d'eux et que la faiblesse institutionnelle de son mouvement pourra difficilement rivaliser avec des partis solidement organisés et bien décidés à ne pas disparaître. Certes, toute réorganisation commence d'abord par du désordre et donc par une fabuleuse incertitude. Morin parlait d'aventure : il a raison.

Une campagne décevante ? Oui et non ! Agaçante, sûrement oui !

 

Reste l'essentiel

Qui se jouera aux législatives car jamais depuis 81, des législatives suivant immédiatement des présidentielles ( 81 et 88 suite à des dissolutions ; 2002, 07 et 12, depuis le quinquennat et l'inversion du calendrier) n'auront été aussi décisives et incertaines.

Je n'ose écrire réinventer l'espoir de trop savoir combien l'histoire est tragique.