Bloc-Notes 2017
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Votons

J'aime bien ce jour ! C'est le seul, dans nos démocraties représentatives, où nous ayons - à peu près - la parole avant que de la déléguer sottement mais entièrement, pour cinq longues années. Quoique longuement sondée et de toute part, demeure cette part d'aléatoire qui fait frémir les élites, les futurs élus, les candidats.

Jamais autant qu'aujourd'hui, où la perspective est réelle de voir écartés du 2e tour les deux grands partis qui se sont succédé au pouvoir depuis 58, la vox populi ne sera autant décisive, destructrice ou fondatrice, tant les repères usuels se sont effacés ; tant le désir de tout bouleverser est fort - dont j'ai peine à mesurer combien il est régressif ou salutaire.

Il y a une dimension de doute en tout ceci : beaucoup auront glosé sur le fossé creusé entre l'opinion publique et les élus mais cette distance - en creux - est le fait même de la représentation. C'est le rôle de la classe politique de le combler et je lis dans les vœux de certains à refonder une VIe Républque, non seulement l'entropie d'une constitution qui s'essoufle ou s'effrite, que le souci, finalement très cartésien de transformer ce doute sceptique, si dévastateur, en un doute méthodique. Tous les meccanos institutionnels seront les bienvenus qui redonneraient à nos institutions les contre-pouvoirs républicains si nécessaires mais pour l'heure si faibles, je ne suis pas certain que ceci soit suffisant. Une élection est affaire de contrat, oui sans doute, mais de confiance aussi - donc de foi. Comment ne pas constater que celle-ci est tragiquement écornée ?

Il faudra entendre - et finement analyser - ce qui se lira ce soir en se méfiant des idées tutes faites, des doxa toutes faites … c'est le plus dur.

C'est un moment bien paticulier - où le sacré a sa part - que celui où s'exprime le peuple. Ce serait une faute de ne pas l'entendre si détestable puisse être parfois l'expression politique que cette parole peut revêtir.

Ce qu'il faudra regarder, sous les chiffres :

- l'étiage de la gauche : elle n'a pas disparu, mais, éclatée entre Hamon, Mélenchon et Macron, les chances qu'elle a ou aura perdues de se recomposer demain

- les scores de Fillon et le Pen qui devraient traduire les porosités désormais inquiétantes entre droite et extrême-droite

Ce qu'il y a de sûr : les couteaux déjà aiguisés qui s'impatientent de sortir de leurs fourreaux ! Les discours déjà prêts pour la campagne décisive, pour une fois, des législatives.