Bloc-Notes 2016
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Folies

Encore et toujours ! Berlin cette fois après Paris, Nice et tant d'autres. Ce n'est rien de dire que le terrorisme est la stratégie du pire ! S'attaquer à l'Allemagne qui en 2015 avait - provisoirement - sauvé l'honneur de l'Europe dans la crise des migrants, le faire au moment même où, élections obligent, et pressions tant de l'extrême-droite en plein élan mais aussi de l'aile très droitière du CDU, notamment sa branche bavaroise - le CSU - n'est pas anodin. Voudrait-on faire tomber un des derniers bastions d'une politique étrangère démocratique - en dépit de tous ses atermoiements, revirements et ambiguïtés - qu'on ne s'y prendrait pas autrement.

Car, politiquement, c'est bien de ceci dont il s'agit. Pour les terrorismes de tout poil, en dépit des paravents idéologiques ou religieux, le grand ennemi n'est autre que la démocratie telle en tout cas qu'elle est entendue en Occident. Le pire est que le stratagème marche. Montée des extrêmes un peu partout qui ne recueillaient il y a une quinzaine d'années qu'une part confidentielle des suffrages ( Autriche, Pays-Bas, Pologne, France) ; arrivée au pouvoir d'autocrates patents (Orban, Poutine …) sans compter des personnages sulfureux et vraisemblablement incontrôlables comme Trump. Des trois grandes puissances actuelles, ni la Chine ni la Russie ne sont gouvernées de manière démocratique et il y a lieu de craindre pour les USA ! Édifiant, non ? Cela fait longtemps que l'Europe ne fait plus rêver ! Désormais la démocratie non plus ! la porte est décidément grand ouverte …

Mais, géopolitiquement, c'est de cela aussi dont il s'agit : ces gens-là sont des sue la haine, c'est entendu mais aussi des va-t-en guerre. Les USA étaient restés seuls en piste dans les années 90 après l'effondrement du bloc soviétique. Cela ne dura pas : entre temps, la montée de la Chine et la réapparition de la Russie sur la scène internationale, l'incapacité de l'Europe de prendre sa place et de jouer un rôle décisif et, progressivement, sans même qu'on en prenne une conscience claire, des USA de plus en plus faibles, incapables de faire entendre sa voix au delà de son propre camp, encore moins d'imposer ses vues. Alep en est l'illustration patente ; désolante ; scandaleuse. Il est bien loin le temps où les USA se débarrassaient sans vergogne ni difficultés des régimes qui les gênaient. Toutes postures morales et déclarations tonitruantes confondues n'y purent mais : le régime syrien est toujours en place et la Russie y fait à peu près ce qu'elle veut dans un silence général et à peine honteux. Comment ne pas songer aux années trente où d'abdications en renoncements, on fit le lit du fascisme et la puissance irrésistible d'Hitler.

Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez la guerre.
Churchill

Oh, je sais, l'histoire ne se répète jamais, mais bigre que ceci y ressemble ! Et je crains bien qu'on ne puisse demain répéter l'invective que Churchill adressa au gouvernement Chamberlain suite aux accords de Munich en 38. Cela fait depuis quelques années déjà qu'on invoque ici la guerre contre le terrorisme mais s'il n'est rien de pire que la guerre, il n'est pourtant rien de plus désastreux et honteux que ces guerres dont on menace mais qu'on n'a plus ni le courage ni la force de mener.

Comment ne pas songer à cette montée aux extrêmes qu'évoquait Clausewitz et à l'analyse qu'en fit Girard ? Croire qu'évoquer la guerre et en scander les périls soient manière de l'éviter est d'une incroyable pusillanimité. Je crains bien que ces temps de paix que l'Europe connaît depuis 45 ne soient terminés. Tout nous y prépare …et nous regardons ailleurs.

Ce monde qui part en capilotade, qui s'effrite et perd tous ses repères tant idéologiques, moraux que politiques, ce monde-ci me révulse et je crains de ne plus le comprendre. Ou trop ?

Mérite-t-il seulement qu'on le défende ?

Ce monde est sale ! pire : il nous souille.