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extrait d'un débat Guaino-Julliard,
Le Nouvel Observateur,
n° 2229, 29 juillet 07

 

Non, il n'y a pas de mémoire de gauche, ni de mémoire de droite. Je prends l'exemple de la Révolution Française. En tant qu'homme de gauche, je m'en sens évidemment l'héritier. J'admire son universalisme. Mais je sais bien que si son imaginaire est de gauche, dans beaucoup de ses actes elle fait le choix de la contrainte, de la violence et pas de la démocratie. Au XVIIIe siècle, l'identité européenne existait. Voltaire, Diderot, tous pensent européen. Mais, hélas, la Révolution française a fait reculer l'idée européenne au profit de l'idée nationale. Le XVIIIe siècle, grand siècle des civilisations, pense l'homme, ne pense pas la nation. C'est la Révolution ensuite qui pense la nation. Et débouche ainsi sur une formidable régression nationaliste qui explique beaucoup des malheurs postérieurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

Les acteurs de la Terreur révolutionnaire ne sont pas les héritiers des Lumières. Ils en sont les enfants perdus. Ils ont incarné la première génération d'idéologues au pouvoir dans l'histoire du monde. Ils ont dévoyé la philosophie en idéologie. En voulant exporter la révolution par la conquête, ils n'ont pas inventé le nationalisme, mais la guerre idéologique, qui est la pire de toutes les formes de guerre

 

 

 

 

 

M Onfray sur son site

 

La France est un drôle de pays qui porte toujours en son sein une catégorie de gens, qui, sous prétexte de faire le bien de leur prochain, les envoient quand ils le peuvent à la guillotine, au goulag ou dans un camp de concentration. Les robespierristes français font partie de cette engeance qui parle amour du peuple, mais lui raccourcit la tête ; qui célèbre la laïcité, mais se prosterne devant l’Etre Suprême et jouit du rituel de leur religion déiste ; qui en appelle au bonheur de l’humanité, mais recouvre la terre de sang et de ruines, de guerre et d’expéditions punitives en faisant des milliers de cadavres avec le corps des petits et des sans-grades…