SERMON CCLI
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 Abbaye Saint Benoît de Port-Valais
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SERMON CCLI. POUR LA SEMAINE DE PAQUES. XXII. LA PÊCHE MIRACULEUSE (1).

 

ANALYSE. — Dans la pêche miraculeuse que fit faire le Sauveur à ses Apôtres avant sa résurrection, on voit les méchants mêlés aux bons, les barques presque coulées à fond et les filets rompus ; autant de caractères de l'Eglise actuelle. Dans la pêche miraculeuse qui suivit la résurrection et qui désigne l'Eglise triomphante, on ne voit aucun de ces caractères. Les bons séparés des méchants, on aborde heureusement au rivage, il n'y a ni schismes ni hérésies pour rompre les filets. S'il est dit de plus que les poissons pris sont tous grands, c'est que tous les élus le sont aussi. S'il est dit encore qu'ils sont au nombre de cent cinquante-trois, c'est que ce nombre est le produit de tous les nombres inférieurs additionnés jusqu'au nombre dix-sept inclusivement, et que le nombre dix-sept rappelle les dix commandements pratiqués par les justes avec l'assistance des sept dons du Saint-Esprit. Afin donc d'être un jour comptés parmi les élus, réconcilions-nous au plus tôt avec notre ennemi, la parole de Dieu.

 

1. Quand notre Libérateur pêche, c'est pour nous délivrer. Or, nous remarquons dans le saint Evangile qu'il a pêché deux fois, c'est-à-dire que deux fois il a fait jeter les filets : la première fois, quand il choisit ses disciples, et cette seconde fois, lorsqu'il fut ressuscité d'entre les morts. La première pêche était l'emblème de l'état actuel de l'Eglise ; et la seconde, celle qui suivit la résurrection du Seigneur, la représente telle qu'elle sera à la fin des siècles.

Dans la première pêche, en effet, il commanda bien de jeter les filets, mais sans dire de quel côté; il ordonna simplement de les jeter. Les disciples les lancèrent; il n'est pas dit si ce fut à droite, il n'est pas dit non plus si ce fut à gauche. Les poissons désignant ici des hommes: si on avait jeté à droite, c'eût été ne prendre que les bons; et à gauche, on n'eût pris que les mauvais. Mais les bons devaient être dans l'Eglise mêlés aux méchants ; aussi jeta-t-on au hasard les filets pour tirer des poissons qui signifieraient le mélange des méchants et des bons. Il est encore dit de cette pêche qu'on y fit une telle capture qu'on en remplit deux barques qui coulaient à fond, c'est-à-dire qui étaient chargées jusqu'à s'engloutir (2) ; jusqu'à s'engloutir, car elles ne s'engloutirent pas réellement, mais elles y furent exposées. D'où venait ce danger ? De la multitude même des poissons,

 

1. Jean, XXI, 1-14. — 2. Luc, V, 1-7.

 

symbole frappant du péril que devait taire courir à la discipline chrétienne le grand nombre que l'Eglise avait à rassembler dans son sein. Il est dit encore que dans cette même pêche les filets se rompirent à cause de la quantité trop considérable des poissons. Qu'annonçait cette rupture, sinon les schismes qui devaient se former ?

Ainsi donc cette pêche mystérieuse reps. sente trois choses : le mélange des bons et des méchants, l'accablement produit parla foule, l'éloignement des hérétiques. Le mélange des bons et des méchants, car ce ne fut ni à droite ni a gauche qu'on jeta les filets; l’accablement produit par la multitude, car on prit tant de poissons que les barques enfonçaient; enfin les divisions causées par les hérétiques, car les filets se rompirent sous le poids de la capture.

2. Considérez maintenant cette autre pêché dont on vient de nous lire l'histoire. Si elle eut lieu après la résurrection du Seigneur, c'est pour nous faire connaître ce que sera l'Eglise après notre résurrection. « Jetez le filet du côté droit », dit le Sauveur. C'est ainsi que ne seront pas confondus avec les autres ceux qui paraîtront à la droite. Vous n'avez pas oublié que le Fils de Dieu nous i donné l'assurance qu'il viendrait avec anges; que toutes les nations se rassembleront devant lui; qu'il les séparera, comme le berger sépare les brebis d'avec les boucs; qu'il places les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. Aux brebis il dira ensuite : « Venez, recevez (309) le royaume » ; et aux boucs : « Allez au feu éternel (1). —Jetez à droite », signifie donc le voici ressuscité et je veux donner une image de ce que sera l'Eglise à la résurrection des morts. « Jetez à droite ». On jeta, à droite les filets, et on ne pouvait les retirer, tant ils étaient chargés de poissons !

Ici donc encore il y en a un grand nombre, mais ce nombre est déterminé ; il est dit de plus que ces poissons nombreux sont tous de grands poissons ; tandis qu'à la première pêche le nombre est indéterminé. C'est qu'aujourd'hui, avant la résurrection et la séparation des bons et des méchants, s'accomplit cette prédiction d'un prophète : « J'ai annoncé et j'ai parlé ». — « J'ai annoncé et j'ai parlé ? » qu'est-ce à dire ? J'ai jeté les filets. Et puis ? « Ils se sont élevés au-dessus du nombre (2) » . Il y a un nombre fixé, ils l'ont dépassé. Ce nombre est celui des saints qui : doivent régner avec le Christ. Ce qui dépasse ce nombre, ce sont ceux qui peuvent entrer aujourd'hui dans l’Eglise, sans pouvoir entrer dans le royaume des cieux.

Voilà pourquoi je vous adjure de vous arracher à ce siècle pervers ; voilà pourquoi je vous presse, vous qui aspirez à vivre, de n'imiter pas les mauvais chrétiens. Ne dites donc pas: Pourquoi me le défendre ? Un tel n'est-il Ma fidèle; et pourtant il s'enivre ? Pourquoi me le défendre ? Un tel n'est-il pas fidèle, il a pourtant des concubines ? Pourquoi me le défendre? Un tel n'est-il pas fidèle, et pourtant il trompe chaque jour ? Pourquoi me le défendre ? Un tel n'est-il pas fidèle, et pourtant il consulte les astrologues ? Voulez-vous maintenant être de bons grains ? Vous ferez alors partie du monceau de froment. Voulez-vous n'être que de la paille ? Vous serez en tas aussi, mais pour être livrés à un immense incendie.

3. Voyons la suite. « On amena les filets jusqu'au rivage » ; Pierre même les tira sur la rive :vous l'avez remarqué durant la lecture de l'Evangile. Qu'est-ce que le rivage, sinon la limite de la mer? Mais, dans cette limite de la mer, vois la fin du siècle. Or, à la première pèche, les filets ne furent pas traînés jusqu'au rivage: on. versa dans les barques les poissons qu'on venait de prendre. Aujourd'hui, au contraire, on les tire jusqu'à la rive. Espère la fin

 

1. Matt. XXV, 31-41. — 2. Ps. XXXIX, 6.

 

du monde. Elle viendra, pour le bonheur de ceux qui sont à droite, pour le malheur de ceux qui sont à gauche.

Quel est le nombre des poissons ? « Ils tirèrent les filets, qui renfermaient cent cinquante-trois poissons ». L'Evangéliste fait ici une remarque importante. « Et quoiqu'il y en  eût tant », de si grands, « le filet ne se rompit point ». Là aussi les élus seront grands, et il n'y aura point d'hérésies; ce qui fait même qu'il n'y en aura point, c'est que tous seront grands. Que faut-il pour être grand ? Lis les paroles mêmes du Seigneur dans l'Evangile, et tu le sauras ; car il dit quelque part : « Je ne suis pas venu abréger la loi ni les prophètes, mais les compléter. En vérité, je vous le déclare : Celui qui violera un seul de ces moindres commandements et qui enseignera ainsi », qui violera en se conduisant mal, et qui enseignera en excitant même à faire le bien, « celui-là sera appelé très-petit dans le royaume des cieux (1) ».

Que faut-il entendre ici par le royaume des cieux? L'Eglise que nous voyons, car elle aussi se nomme le royaume des cieux. Si elle ne portait pas ce nom, maintenant qu'elle recueille les bons et les méchants, le Seigneur lui-même ne dirait pas dans une de ses paraboles : « Le royaume des cieux est semblable à un rets qu'on jette dans la mer et qui réunit toutes sortes de poissons » . Ensuite ? « Le royaume des cieux est semblable à un rets qu'on jette dans la mer ». Rets ou filets, c'est tout un. « Et qui réunit toutes sortes de poissons ».  Ensuite? On le traîne jusqu'au rivage; le Seigneur le dit expressément dans la parabole ; et après l'avoir traîné jusque-là , les pêcheurs s'asseoient, « choisissent les bons, les mettent dans des vases, et jettent les mauvais dehors». Le Seigneur s'explique ensuite.

« Ainsi en sera-t-il à 1a consommation du siècle, dit-il » ; n'est-ce point là le rivage ? « Les anges viendront, ils sépareront les méchants du milieu des justes et les jetteront dans la fournaise embrasée; là sera le pleur et le grincement de dents (2) ». L'Eglise n'en est pas moins appelée le royaume des cieux. On voit nager ensemble dans la mer de bons et de mauvais poissons ; il en est ainsi dans ce royaume des cieux qu'on appelle l'Eglise actuelle; on y traite de très-petit celui qui enseigne

 

1. Matt. V, 17-19. — 2. Matt. XIII, 47-50.

 

310

 

le bien et qui fait le mal, car lui aussi en fait partie. Il n'en est pas séparé, il est réellement dans ce royaume des cieux qui n'est autre que l'Eglise avec sa situation présente. Il enseigne le bien, il fait le mal; on a besoin de lui; c'est un mercenaire. « En vérité je vous le déclare, dit le Sauveur, ceux-là ont reçu leur récompense (1)». Ils sont utiles en quelque chose, néanmoins, sans quoi le Seigneur en parlant de ces hommes qui enseignent le bien et qui font le mal, ne dirait pas à son peuple : « Les Scribes et les Pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse; faites ce qu'ils disent, mais gardez-vous de faire ce qu'ils font ». Pourquoi ? « Parce qu'ils disent et ne font pas (1) ».

4. Que votre charité maintenant redouble d'attention , je veux expliquer ce que désignent ces grands poissons. « Quiconque violera, est-il dit, l'un de ces moindres préceptes, sera appelé très-petit dans le royaume des cieux ». Il y sera donc, mais très-petit. « Au contraire, quiconque les pratiquera et les enseignera, sera appelé grand dans le royaume des cieux ». Voilà ces grands poissons qu'on a pris du côté droit. « Quiconque pratiquera et enseignera » ; pratiquera le bien, enseignera le bien, ne mettra pas sa vie en contradiction avec ses paroles, ne fera pas de son langage fidèle un témoin de sa vie mauvaise ; donc « quiconque agira et instruira de cette manière, sera surnommé grand dans le royaume des cieux. Or, poursuit le Seigneur, si votre justice ne l'emporte sur celle des Scribes et des Pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux (2)». Dans quel sens prends-tu ici le royaume des cieux ? dans le sens de ces paroles : « Venez, bénis de mon Père, recevez le royaume (4). — Si votre justice ne l'emporte sur celle des Scribes et des Pharisiens ». Qu'est-ce à dire, « sur celle des a Scribes et des Pharisiens ? » Songe à ces Pharisiens et à ces Scribes qui occupent la chaire de Moïse, et à qui s'adressent ces mots : « Faites ce qu'ils disent, et gardez-vous de faire ce qu'ils font; car ils disent et ne font pas ». Ainsi la justice des Pharisiens consiste à dire sans faire. Que votre justice l'emporte donc sur celle des Scribes et des Pharisiens, en disant bien et en faisant bien aussi.

5. Est-il encore besoin de répéter les mêmes choses sur le nombre des cent cinquante-trois

 

1 Matt. VI, 2. — 2. Ib. XXIII, 2, 3. — 3. Ib. V, 20. — 4. Ib. XXV, 34.

 

poissons ? Vous connaissez cela. Ce nombre est formé de dix-sept. Commence par un et additionne tous les nombres qui vont depuis un jusqu'à dix-sept ; ainsi compte : Un et deux, trois, et trois, six, et quatre, dix; ainsi jusqu'à dix-sept, et tu obtiens cent cinquante-trois.

Maintenant donc il ne nous reste plus qu'à savoir ce que signifie dix-sept, le nombre qui sert à former celui de cent cinquante-trois. Que signifie dix-sept? Voici d'abord dix dans la loi ; or les dix préceptes de la loi, ou le Décalogue, ont d'abord été écrits sur des tables par le doigt de Dieu. Si la loi te montre dix, l'Esprit-Saint révèle en toi l'idée de sept; car ce nombre est consacré au Saint-Esprit. Aussi la loi ne parle de sanctification qu'au septième jour. Dieu a fait la lumière, il n'est pas dit qu'il l'ait sanctifiée ; il a fait le firmament, il n'est pas dit qu'il l'ait sanctifié; il a séparé la mer de la terre et a commandé à la terre de pousser des plantes, il n'est pas dit qu'il l'ait sanctifiée ; il a fait la lune et les astres, il n'est pas dit qu'il les ait sanctifiés; il a commandé à des animaux de sortir des eaux pour nager et pour voler, il n'est pas dit qu'il les ait sanctifiés; il a fait sortir de terre les quadrupèdes et tous les reptiles, il n'est pas dit qu'il les ait sanctifiés ; enfin il a fait l'homme, il n'est pas dit qu'il l'ait sanctifié. Nous voici au septième jour, où Dieu s'est reposé : c'est ce jour qu'il a sanctifié (1). Ce repos du Seigneur était l'emblème de notre repos, et nous serons pleinement sanctifiés lorsque nous nous reposerons éternellement avec lui. Pourquoi Dieu se reposerait-il? Ses oeuvres ne l'ont point fatigué. Toi-même, si tu n'as qu'une parole à dire, te fatigues-tu? Tu n'as pas même à faire le moindre mouvement, s'il te suffit de commander pour qu'à l'instant s'exécute ta volonté. Et quand, pour tout faire, Dieu n'a dit que peu de mots, il aurait tout à coup perdu ses forces?

6. Ainsi donc que le nombre dix te rappelle la loi, et le nombre sept, le Saint-Esprit. Puis à la loi ajoute l'Esprit-Saint; car en vain tu recevrais la loi; si tu ne reçois point le secours du Saint-Esprit, tu n'accompliras point cette loi que tu lis, tu n'en exécuteras point les ordonnances, tu deviendras même prévaricateur. Que l'Esprit-Saint te vienne en aide, tu la pratiqueras; et sans lui, c'est la lettre qui

 

1. Gen. II, 3.

 

te tue. Pourquoi? Parce qu'elle ne fera de toi qu'un prévaricateur, sans que tu puisses t'excuser sous prétexte d'ignorance, puisque tu as reçu la loi. Or , incapable d'être excusé pour cause d'ignorance, puisque tu as reçu la loi, tu es perdu si l'Esprit-Saint ne vient à ton aide. Que dit en effet l'Apôtre saint Paul? « La lettre tue, mais l'Esprit vivifie (1) ». Comment l'Esprit vivifie-t-il? En faisant accomplir la lettre, pour que la lettre ne tue pas. Les saints sont ceux qui accomplissent la loi de Dieu avec le secours de Dieu. La loi peut commander, elle ne saurait aider. Qu'à la loi vienne s'adjoindre l'Esprit-Saint pour aider; on accomplit alors-la volonté de Dieu avec joie, avec plaisir. Beaucoup, il est vrai, accomplissent cette loi par crainte ; mais en l'accomplissant ainsi avec crainte du châtiment, ils aimeraient mieux n'avoir pas à craindre; tandis que ceux qui l'accomplissent par amour pour la justice, trouvent en elle de la joie, puisqu'elle n'est pas leur ennemie.

7. Aussi le Seigneur dit-il : « Accorde-toi au plus tôt avec ton adversaire, pendant que tu voyages avec lui (2) » . Quel est cet adversaire? Le texte de la loi. Et le voyage? Cette

 

1. II Cor. III, 6. — 2. Matt. V, 25.

 

vie. Comment ce texte est-il ton adversaire? C'est qu'on y lit : « Tu ne commettras point d'adultère », et tu voudrais en commettre : « Tu ne convoiteras pas le bien de ton prochain », et tu voudrais ravir ce qui appartient à autrui : « Honore ton père et ta mère u, et tu es outrageux envers tes parents : « Ne fais point de faux témoignage (1) », et tu ne cesses de mentir. Or, tu vois bien que ce texte est devenu ton adversaire, puisque tu fais le contraire de ce qu'il dit. Tu as là un adversaire redoutable, ne le laisse pas entrer avec toi dans la demeure mystérieuse; arrange-toi, pendant que tous deux vous êtes encore en chemin. Dieu est prêt à vous mettre d'accord. Comment vous mettra-t-il d'accord ? En te pardonnant tes péchés et en t'inspirant, pour faire le bien, l'amour de la justice.

Or, quand avec l'assistance de l'Esprit-Saint tu auras fait ainsi la paix avec ton adversaire, c'est-à-dire avec les dix préceptes de la loi, tu auras en toi le nombre dix-sept; ce nombre, une fois en toi, se développera jusqu'à celui de cent cinquante-trois. Ainsi tu seras à la droite pour être couronné, et non plus à la gauche pour être condamné.

 

1. Exod. XX, 1-17.

 

 

 

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