palimpseste A propos du système

7 - Du sujet, de l'individu ;
de l'ego ou de l'atome

Etymologie L'aporie de l'individu concepts méthode le système révolution ? suivant

 

Les grands dilemmes philosophiques - et celui-ci en est un, majeur - n’ont sans doute pas de terme assignable. On peut se rjouir telle la servante de Thrace de la maladresse du philosophe, ou se gausser, tel Nietzsche, de son impuissance, on touche cependant avec la pensée complexe, et la notion de système qu’elle véhicule, aux questions fondatrice :


entre idéalisme et matérialisme, la valse-hésitation est constante et il n’est qu’à voir comment, de la psycho-pathologie au cognitivisme on sera passé successivement du tout psychologique au tout somatique, voire génétique. Quid de l’être ou de la pensée est déterminant en première instance ? Nous apprenons en réalité combien c’est le dialogue entre ces deux approches qui nous fait avancer. Notamment en nous offrant une nouvelle approche de l’objectivité qui ne saurait être la mise à distance du sujet mais au contraire son intégration dans le processus de la connaissance.


- épistémologiquement, la question ne se pose décidément plus entre empirisme et rationalisme. Kant, l’avait eu déjà dépassée avec sa Critique ; Hegel et Marx une seconde fois avec l’invention de la dialectique. Pourtant, il n’aura pas suffi de bousculer la logique analytique en inventant un troisième terme - la synthèse - qui fût le dépassement de la contradiction originaire et validant par là même le travail du négatif ; encore fallait-il inventer une nouvelle démarche - que Morin appelle dialogique - qui rendent compte de ces boucles de rétro-action qui seules nous permettent de quitter les rives étroites de la logique linéaire.


Il n’y aura décidément jamais de savoir achevé - nous le savions déjà - mais en même temps s’effondre l’espoir un peu fou et passablement dangereux d’une théorie de la grande unification. Les domaines du savoir se distinguent mais s’inter-pénètrent continuellement. Au moins y auront-nous appris une plus grande prudence encore. Nos champs de connaissance distinguant si fièrement d’entre les sciences dures et les sciences molles, ne sont que des artifices de méthode, utiles évidemment, mais incapables de rendre compte de la complexité du réel. Qu’au moins nous sachions que toute importation hâtive de concepts d’un champ vers l’autre est, par avance, sujette à caution.


Ainsi en fut-il de la notion d’individu : je ne parviens pas à oublier que c’est chez Hegel que l’on trouve la formule la réalité de l’individu c’est l’Etat - formule que Mussolini arborait avec prédilection. La prise en compte de la réalité systémique du vivant, directement rapportée au politique, cela donne le fascisme. Ni plus ni moins !


Ainsi en est-il de la question de l’identité dont on voit bien qu’elle ne se rapporte aucunement à celle de prétendues racines mais à la capacité de répondre à la double contrainte effectivement ambivalente d’à la fois se maintenir en tant que système et de savoir s’adapter aux mutations de l’environnement dans lequel elle se déploie.
Ainsi en est-il de cette sotte fierté avec laquelle nous ne cessons de vouloir affirmer notre prééminence dans l’ordre de l’être. Certes, nous produisons de la pensée consciente et ceci crée une indéniable distance à l’égard du monde auquel nous ne cessons pourtant d’appartenir, mais si l’on nous aborde du côté des fonctions élémentaires, nous sommes bien obligés de constater qu’à l’instar des pierres, des animaux ou même des entreprises, à l’instar de n’importe quel système donc, nous ne faisons jamais que recevoir, stocker, traiter et transmettre de l’information.


Il n’empêche : ce n’est que maintenant, presque deux siècles après l’invention de la biologie et l’entrée de l’histoire et de l’économie dans le champ des savoirs rigoureux et scientifiques, ce n’est que maintenant, dis-je, grâce à la démarche systémique, que nous parvenons à dépasser la dichotomie stérile entre sciences dures et sciences humaines.

Ce qui est vrai des sciences de la nature l’est aussi des sciences économiques et sociales. Les périls environnementaux nous ont aidé à le comprendre : nous avons fait entrer la nature dans l’histoire. Nous savions depuis toujours que la nature déterminait les possibilités de nos actions et nos échecs souvent : nous savons désormais, en retour, que nous pouvons agir sur la nature : en réalité que nature n’a pas de sens ; qu’elle est engoncée, comme nous, dans un réseau étroit de rétroactions dont nous sommes partie prenante, tant acteurs d’ailleurs que victimes.


Il fallait sans doute relire les grecs : ils nomment le monde cosmos - qui veut dire ordre - et la nature physique - qui veut dire ce qui croît, grandit.


Où les sciences, oui, rejoignent la métaphysique ; de quoi l’être est-il le nom ? Du devenir !