Chronique du quinquennat

Du rose au gris

Trois titres suffisent pour nous faire passer du rose enthousiaste au gris souris. Preuve s'il en est du retour au réel après la grande fête électorale. Et voici les porteurs de mauvaises nouvelles ... gel des dépensées, recettes fiscales nouvelles et tout ceci dans un contexte économique sans précédent depuis 84 : fort ralentissement économique, hausse du chômage qui illustre l'étroitesse des marges de manoeuvre.

Ca va tanguer ... sûrement même s'il faudra sans doute attendre la rentrée pour que les premiers effets se fassent ressentir. Politiquement, on savait que les mauvaises nouvelles patienteraient jusqu'à la fin du processus électoral et constitueraient l'argument majeur : la situation est plus grave que prévue ! Elles configurent d'ailleurs une riposte en même temps : après tout, les cinq - voire les dix - dernières années de gouvernement de droite n'ont pas cette exemplarité ni économique ni financière qui permettent à la droite de se draper dans la toge indignée de la rigueur. En même temps quel doigt vengeur pointé sur l'impuissance du politique qui, coincé entre les contraintes internationales, la crise européenne et la désindustrialisation, n'a plus d'autre magistère désormais que celui de Cassandre, d'Harpagon mâtinée de Pinay.

L'enthousiasme fait rage.

Suggéré durant la campagne, mais l'a-t-on voulu entendre, ce quinquennat en deux temps où seul le second serait celui espéré d'un mieux. Il y a fort à parier que le second temps se fera attendre. Suggéré encore lors de son second passage à Des paroles et des actes par Hollande, cet aveu que rien de son programme ne tiendrait si ne revenait pas la croissance. On risque fort de demeurer encalminé dans le premier temps. Le second restera-t-il la lune promise aux foules crédules ?

Le voici ce moment délicat du quinquennat : dès le début - et tout le monde s'accorde à penser qu'il déterminera toute la suite. Que Hollande à coloration de justice et d'apaisement parvienne à le faire admettre et supporter, alors il engrange les prémisses d'un mandat réussi. Sinon ! Encore faudrait-il qu'il obtienne du côté de l'Europe, plus que de vaines et prudentes incantations à la relance .... Pas de tournant de la rigueur comme en 83, après la grande illusion, non d'emblée la nasse !

Ce quinquennat s'inaugure sur l'humeur, l'ambiance. Il va nous falloir un grand psychologue ... ou un grand illusionniste ! De ceux en tout cas qui parviennent à nous convaincre que ce n'est pas possible autrement ... mais que de toute façon, ainsi, c'est moins pire qu'autrement. Tout va se jouer sur la nuance de l'implicite. D'une crise plus grave qu'il n'apparaît ; de remèdes, si douloureux soient-ils moins amers que si la droite .... etc.

Oui le rose a cédé la place au gris souris. Et entre le gris et le brun, le passage est si facile !

Ne reste plus pour contre-balancer l'horizon des costumes de banquiers que la figure tutélaire, si symboliquement morale, si moralement symbolique de Mendès-France. Elle avait été suggérée durant la campagne : elle est imprimée en filigrane sur les billets

 

 


 


 

 

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