Histoire du quinquennat

La semaine d’hyperprésident de François Hollande
Grégoire Biseau
Libé 18 juin

Entre le G20 mexicain, aujourd’hui, et une réunion européenne à Rome, vendredi, le chef de l’Etat devra aussi négocier le remaniement gouvernemental.

Entre le G20 mexicain, aujourd’hui, et une réunion européenne à Rome, vendredi, le chef de l’Etat devra aussi négocier le remaniement gouvernemental. Par Grégoire Biseau Décidément, les questions internationales auront imposé un agenda de fer aux premiers jours du quinquennat de François Hollande. Au lendemain de son élection, il avait dû immédiatement s’envoler pour un G8 aux Etats-Unis et un sommet de l’Otan. Cette fois, il a à peine le temps de contempler sa majorité, tout juste sortie des urnes, qu’il doit se rendre au Mexique pour participer à un G20 (lire page 27). Le nouveau gouvernement attendra donc un peu.

Ce matin, après une cérémonie au mont Valérien, dans les Hauts-de-Seine, il s’envole pour Los Cabos, à la pointe de la basse Californie mexicaine, sur la côte Pacifique. Il y restera jusqu’à demain après-midi. Puis il fera un stop à Rio, sur le chemin du retour, pour assister à la conférence des Nations unies sur le développement durable. Si bien que le chef de l’Etat ne remettra pas les pieds sur le sol français avant jeudi matin. Et comme le lendemain, vendredi, François Hollande repart à Rome pour assister à une réunion entre les quatre grands de la zone euro (Italie, Espagne, France et Allemagne) visant à préparer le sommet de Bruxelles des 28 et 29 juin, le remaniement sera communiqué très certainement jeudi. Une tradition républicaine veut en effet que la composition d’un gouvernement ne soit pas annoncée en l’absence sur le sol français du président de la République. Il est donc fort probable que la composition du nouveau gouvernement sera négociée depuis le Mexique. Ce qui n’est pas un problème, puisqu’il devrait s’agir d’un remaniement très light, avec le renfort de deux ou trois ministres délégués. Le but étant de faire entrer au gouvernement plusieurs personnalités «d’autres familles politiques qui composent la majorité», selon l’expression d’un conseiller à l’Elysée.

Ce G20 au Mexique est-il politiquement sensible pour François Hollande ? Non. Dans l’entourage du chef de l’Etat, on fait clairement comprendre qu’il ne faut pas trop en attendre. «Ce n’est évidemment pas un très bon calendrier, confie un conseiller. Cela arrive trop tôt pour nous.» Les ambitions françaises sont d’ailleurs limitées : réaffirmer comme priorités de l’agenda la croissance et l’emploi. «Il faudra rappeler que le modèle européen a sa forme de compétitivité. La question aujourd’hui est de savoir comment lui redonner de la vitalité sans sombrer dans la seule austérité», relate un conseiller. Car le vrai gros morceau qui attend François Hollande est bien sûr le sommet européen à Bruxelles, la semaine prochaine. Un succès (c’est-à-dire des véritables mesures concrètes pour relancer la croissance et stopper la crise bancaire en Europe), et le chef de l’Etat pourra se féliciter de sa stratégie du bras de fer avec l’Allemagne d’Angela Merkel. Un échec, et le risque d’une nouvelle crise politique dans l’Union européenne risque d’étouffer le tout petit souffle de croissance économique. Et de rendre les arbitrages beaucoup plus délicats.

Pour y voir plus clair, le gouvernement aura entre-temps révélé l’audit des finances publiques commandées à la Cour des comptes. Tout sera sur la table, et on aura alors une idée plus précise des paramètres de l’équation qui doit rendre compatible le respect des engagements de campagne, le soutien à la croissance et la poursuite de la réduction des déficits. Début juillet, la session parlementaire s’ouvrira : le quinquennat de François Hollande pourra alors vraiment commencer.