Histoire du quinquennat

INTERVIEW

Nathalie Kosciusko-Morizet admet que la lutte ne doit pas se limiter aux changements climatiques :


«Je ne suis pas très surprise par cette étude. Cela fait plusieurs années que l’on dit que la question des changements climatiques - qui n’est toujours pas résolue d’ailleurs - n’est pas le seul problème et que ce qui se passe avec la biodiversité est au moins aussi grave. S’il est possible, pour les gens, d’appréhender les questions liées au réchauffement climatique, notamment au travers des émissions de CO2, c’est beaucoup plus complexe avec les écosystèmes. D’ailleurs, il y a toujours eu une difficulté scientifique et politique à faire émerger dans le débat les problèmes posés par leur effondrement. C’est pour cela qu’il est si difficile de créer un Giec [groupement d’experts] de la biodiversité. Les auteurs de l’étude nous invitent à une coopération globale et je suis d’accord. Il est plus que jamais temps de mettre sur pied l’Organisation mondiale de l’environnement (OME) que la France appelle de ses vœux depuis des années. A Rio+20, la France a perdu une belle occasion de remettre ce dossier sur la table.

«En revanche, quand Nature nous enjoint de réduire de façon drastique la pression démographique, j’estime que c’est une solution de facilité. Certes, les choses sont plus faciles à gérer à 1 milliard plutôt qu’à 10, mais je trouve ça trop facile. Dans son livre Effondrement, le géographe Jared Diamond montre bien que certaines civilisations, peu nombreuses, comme celle de l’île de Pâques, se sont quand même effondrées parce qu’elles ont détruit leur environnement.

«Plutôt que de s’attaquer au nombre, il faut changer le système et inventer des politiques vertueuses vis-à-vis du climat ET de la biodiversité. C’est ce que nous avons essayé de faire avec le Grenelle. Je suis persuadée que tout problème porte en lui sa solution : dans le noyau de la pêche, vous avez du poison, dans la peau de la pêche, vous trouvez l’antidote. Si le système économique et la mondialisation ont pu être porteurs de problèmes, demain, ils seront porteurs de solutions. Celui qui inventera une façon de produire économe en énergie et en ressources pourra exporter rapidement sa technologie à travers le monde. Voilà un motif d’espérance.»