Histoire du quinquennat

«L’aspect irréversible me laisse dubitatif»

Robert Barbault dirige le département d’écologie et de gestion de la biodiversité au Muséum d’histoire naturelle :


«Cette étude change des approches fragmentaires habituelles. C’est un article intéressant. Je pense qu’on y fera référence dans le futur car c’est une vue d’ensemble, une vision écologique qui montre où va le monde. L’idée clé, c’est cette notion de seuils avec effet de bascule que l’on connaissait pour les écosystèmes : cette fois, la notion est généralisée à l’ensemble de la Terre et s’appuie sur le fait qu’aujourd’hui c’est l’espèce humaine qui est le moteur principal des grandes évolutions de la planète.

«Cette étude est un plaidoyer pour mobiliser des efforts de recherche, notamment pour parvenir à identifier les signaux précurseurs. Elle souligne aussi que des phénomènes observés localement (désertification, hausse des températures, déforestation, pollution…) se propagent ou ont un impact ailleurs dans le monde, du fait de notre mode d’existence. On peut donc parler d’un écosystème planétaire.

«En revanche, je reste dubitatif lorsqu’ils prennent pour référence les transitions majeures comme la crise du crétacé tertiaire ou la grande glaciation. Est-on vraiment dans des conditions comparables ? Ces transitions se sont produites sur de très grandes échelles de temps. Aujourd’hui, il y a une accélération sous la pression des activités humaines. C’est toujours LA question : est-on dans la 6e grande crise d’extinction ? Avant, l’homme n’était pas impliqué. Or, là, nous sommes le moteur du phénomène, ce qui, en théorie, laisse entre nos mains la possibilité de redresser la barre. L’irréversibilité du processus me laisse donc dubitatif.»