Il y a 100 ans ....

Nous ne voulons pas que la République soit pour le prolétariat une duperie
Jaurès, 1905

« Et maintenant plus que jamais il apparaît aux esprits sincères que dans le socialisme est la garantie, qu’en lui seul est le salut. Seul il peut concilier l’autonomie des nations et la justice internationale. Seul il peut, à l’intérieur de chaque nation, concilier la liberté vraie des individus et le droit de la collectivité, en faisant de la propriété sociale la base sur laquelle toutes les énergies individuelles pourront s’appuyer et se développer. Tant pis pour les sophistes qui essaient de dénoncer cette nécessaire affirmation socialiste comme une violation du devoir républicain.

Républicains nous sommes, passionnément, profondément [...] Mais nous ne voulons pas que la République soit pour le prolétariat une duperie. Nous ne voulons pas qu’elle soit un mensonge. Nous ne voulons pas qu’elle puisse prolonger sur une classe ouvrière résignée l’exploitation sociale des régimes passés. C’est plus que le droit, c’est le devoir, des travailleurs, ouvriers et paysans, d’opposer leur revendication totale, leur volonté communiste et internationaliste, aux systèmes de réaction qui maintiennent le privilège capitaliste, aux systèmes d’incertitude et d’équivoque qui affaiblissent ou égarent l’élan du prolétariat.

Oui, des réformes, mais nettement orientées vers la propriété sociale.

Oui, la République, mais tous les jours plus largement pénétrée de l’esprit prolétarien, tous les jours plus animée du souffle socialiste.

Voilà l’œuvre que nous voulons poursuivre ici avec tous les militants, avec ce grand parti socialiste « unifié », que l’on raille parfois, mais que l’on redoute, auquel se rallieront bientôt les quelques groupes qui hésitent encore et qui déploiera, sur le terrain de la République, la vaste bataille de la classe ouvrière organisée pour la conquête du pouvoir et de la propriété. »