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Sic transit …

Petites promenades, encore et toujours et me voici arpentant l'avenue Pouvillon. Et voici ma culture prise en flagrant délit de défaillances. Sapristi ! Qui pouvait bien être ce sans doute bien brave garçon qui lui fit mériter la consécration d'une avenue.

Rentré, je me précipitai sur Wikipédia et je découvris, parce que décidément ce ne fut pas une défaillance de mémoire, qui était ce sbire : je n'en avais jamais rien su. Ecrivain, se voulant réaliste, se piquant de quelques envolées psychologiques, le lascar aimait à raconter le monde paysan de ce dernier quart du XIXe. Dreyfusard enfin ce qui lui valut quelques déconvenues dans le tout Paris fin de siècle déjà bien acariâtre et furieusement nationaliste … mais c'est tout.

Depuis …

L'ironie veut qu'au coin de cette avenue se trouvait l'hôtel particulier de Lucien puis Sacha Guitry ! Si l'œuvre de ce dernier a encore quelque écho - merci le cinéma - ce restant d'opulence que père et fils accumulèrent a laissé place à un vilain petit immeuble moderne, sans doute confortable mais avec autant d'âme et de chaleur que la créature de Mary Shelley incarnée par Boris Karloff.

Vous qui vous rengorgez de la reconnaissance supposée des autres, qui courrez les flatteries ou même seulement l'écoute, sinon admirative en tout cas déférente, de votre entourage, vous qui rêvez de laisser trace par vos œuvres, vos actes, vos prébendes ou la gratitude à quoi votre place oblige … pensez à ce pauvre Pouvillon ou à tous ces mausolées qui encombrent les cimetières … De nous, il ne reste souvent rien ou si peu ; quelque infime sillon parfois pour nos proches mais si vite recouvert par l'affairement ordinaire où la confusion des jours.

Où s'arrête le légitime effort d'être, où commence la boursouflure de l'orgueil, la vanité de la démesure ? Je ne sais ; je sais seulement que la ligne est ténue, presque invisible que parfois l'on franchit seulement par inadvertance.

Nous ne sommes jamais qu'ombres gesticulant sur les parois de nos propres errances.