index précédent suivant

 

 

Traces

Je regarde ces photos d'un monde enfoui ; d'un monde qui n'était pas vraiment le mien et d'une bien autre époque. Et, pourtant, je n'en sus jamais pouvoir détourner les yeux.

Tous ces visages disent ensemble combien sont fragiles nos espaces, nos croyances, nos rites … tout ce que nous appelons notre culture. Furent-ils meilleurs que nous ? Sûrement non ! mais ne méritèrent jamais ce qui leur échut d'inhumanité offensante. Ils s'étaient installés là, parce qu'on les y avait contraints, et y créèrent un monde ; le leur ! et leur langue comme leur musique résonnent encore. Ils avaient montré que l'on pouvait être chez soi partour ! être soi-même partout où une main se tendait et une terre s'apprêtait pour vous accueillir ; que même parfois l'on y pouvait subsister quand tout aloentour vous le reprochait.

Jamais, dans aucune culture, Dieu n'était autant présent en chacun de leurs gestes, de leurs pensées ; de leurs rites. Jamais en tout cas depuis les aurores médiévales. Et ceux-là, oui, inventèrent un monde.

Et le monde les a reniés ! et le monde les a anéantis ; puis les a oubliés. Et si le monde eut honte ce fut si peu ; pour si peu de temps. Au point qu'aujourd'hui grondent à nouveaux les mêmes haines, les mêmes rancœurs ; les mêmes insanités.

Il faut les regarder tous ceux-là : pour ne pas oublier bien sûr ! Pour n'être pas demain aussi lâches qu'hier.

Et laisser la honte grandir et gronder en nous car elle est la seule part d'humanité qui nous reste.