index précédent suivant

 

Itinérance mémorielle

 

 

Dans cet invraisemblable sabir macroneux, l'expression désigne seulement quelques déplacements sur les grands lieux de la 1e guerre mondiale à l'occasion du centenaire de l'armistice du 11 novembre 18. Quel président ne l'eût pas fait à sa place ? qui n'en eût pas profité pour tester sa popularité ? ou du moins mesurer la vigueur de l'unité nationale ? Quel président n'en eût pas profité pour quelque rencontre politique nécessaire ou stratégique ? Nul ne lui en eût tenu grief.

Mais il s'agissait d'autre chose ! Toujours cet entêtement à paraître plus qu'il n'est, à se hisser à hauteur prophétique. Ridicule et parfois obscène. Comme ci-contre où l'écran géant laisse à douter de qui ou ce que l'on célèbre. Derechef, où je cherchais les signes de pesanteur, impudeur et vulgarité, cette pathétique superbe à se placer devant tout, tout le reste.

Mais, après tout, c'est une remarque de Joxe dans un documentaire saisi au vol la semaine dernière, peut-on ne pas délirer ainsi quand tout, du protocole, au mode d'élection jusqu'aux pouvoirs consentis, vise à vous placer devant ou au-dessus sans que vous n'ayez plus besoin de personne ? Lui, cela fait depuis le début que son incroyable chance, sa formation universitaire et son parcours professionnel plutôt favorable lui auront fait s'imaginer élu des dieux et investi d'un destin hors du commun. Il est bien trop embarqué dans l’idolâtrie de sa propre odyssée pour ne plus savoir repérer dans chaque événement, même accidentel, le signe astral de sa propre parousie.

A contre-courant, vraiment, d'une Nation dont il semble avoir perdu contact autant qu'intuition. D'où cette remarque maladroite sur Pétain qui excite polémique … pour rien.

A contre courant en tout cas de ce documentaire diffusé cette semaine qui vise avec plus ou moins de bonheur que cette guerre fut celle évidemment du front, mais aussi celle de l'arrière et donc de tout le peuple rassemblé. J'avais en son temps tenté de comprendre ce qui s'était joué durant ces quatre terribles années : je n'y suis sans doute parvenu qu'en toute petite partie - je ne suis pas historien - mais je voulais seulement, profitant des ressources mises à disposition, laisser ma petite trace ne serait ce que pour expliquer à mes petits enfants, un jour, comment la grande histoire pouvait fracasser violemment la toute petite, celle de nos destinées individuelles.

Cette guerre mérite pourtant mieux que cette prétentieuse utilisation présidentielle et ceci pas seulement pour le nombre de vies brisées et de destins meurtris :

 

Bref : un peu agacé de cette utilisation ampoulée de l'histoire ! Tous ces morts méritent mieux … au moins le silence. Et que plus jamais personne ne grommelle : c'était mieux avant