Bloc-Notes 2017
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Drôle de campagne décidément …

Et le voici qui soutient Macron … avec un raisonnement pas forcément faux : Fillon face à Le Pen ne recueillerait pas les voix de gauche, comme en 2002 ; ni d'ailleurs Hamon, celles de droite.

Voici entérinée comme un fait incontournable la présence de Le Pen au 2e tour ; voici la gauche, convaincue d'avance de sa défaite ! Se souvient-on qu'en 95, à l'issue de deux septennats mitterandiens, on ne donnait même pas la gauche au 2e tour : ce fut pourtant Jospin qui arriva en tête au premier. Les circonstances ne sont pas les mêmes, certes, mais, pour autant, ne pourrait-on imaginer que la gauche, qui n'a quand même pas disparu des radars, se réveille enfin et s'affirme ?

Voici une gauche représentée par un frondeur et un insoumis - autant dire que l'aile centrale et droitière du PS ne tardera pas à regimber : l'exemple de 2004 avec Royal montre qu'on ne gagne pas une élection sans le soutien massif et ordonné de son parti ; Hamon le n'a pas. Et que dire de Mélenchon, piètrement soutenu par le PC, dont l'égotisme forcené finit par agacer.

A droite, ce n'est guère mieux : Fillon ne représente que l'aile la plus traditionaliste et ce n'est certainement pas un hasard si les sarkozystes tentent de reprendre la main, ni si un Bayrou - mais que représente-t-il encore- aura fini par rejoindre Macron.

C'est une partie de l'explication : cette élection qui, depuis 65, a été conçue pour fabriquer deux camps s'opposant à la fin, et donc inciter au ralliement, fonctionne moins que, d'une part, le diable est rentré dans le confessionnal - pour reprendre une expression de de Gaulle en 65, que d'autre part, chacun des deux camps est cruellement divisé.

Les affaires qui, s'infiltrent insidieusement, ne font que jeter du salpêtre sur les plaies béantes.

Les dés sont pipés ; le débat n'aura pas lieu ou trop tardivement. Quel débat d'ailleurs ? Quand aucun des deux camps n'est clair sur l'essentiel ; quand les deux provisoires têtes de sondage ne progressent jamais autant que quand elles ne disent rien … ou pas grand chose.

Ce scrutin sera négatif. Les uns voteront pour écarter tout danger de l'extrême droite ; les autres risquent de jouer à fond le jeu du dégage ! qui que ce soit qui le représente, quoiqu'il dise ou propose. Ce scrutin consacre l'évidement de tout programme, de tout projet. D'où le jeu de massacre ! D'où le danger.

L'ironie est, qu'à ce jeu-là, on finisse par se retrouver avec du hollandisme perpétué à peine mâtiné de centrisme sidéral !

Ce scrutin a un nom : entropie maximal.

Paradoxalement, cela sera la victoire du Parlement : les seules élections qui compteront seront les législatives qui suivront. Il est peu probable que le vainqueur ait le lendemain une majorité parlementaire pour le soutenir.

Reste cette donnée incontournable : la recomposition complète du paysage politique. Ce serait la lecture la plus optimiste que de penser que ce scrutin ne fasse que refléter une recomposition encore inachevée. Je ne donne pas cher de la survie du PS - ce serait la victoire à la Pyrrhus de Valls. Je ne donne pas cher de l'avenir de LR qui sous la forme de l'UMP avait déjà été la réponse, illusoire, à l'accession de Le Pen au 2e tour en 2002.

Une classe politique en pleine gestation qui donc se regarde le nombril … pendant qu'au dehors grondent les menaces.

Pas très rassurant tout ceci ! Pas enthousiasmant pour un sou !