Religion politique XXI, 56

 

Religion et politique: comment la vertu d'obéissance est apparue : la « superbia », originellement entendue comme la rébellion contre Dieu. Cette rébellion, en tant que possibilité, a été « psychologisée » ; ce n'est pas tant que l'homme veuille se rebeller contre Dieu, et ce à la face de Dieu, que le fait qu'il est rebelle par constitution. La rébellion s'explique désormais à partir d'une disposition humaine qu'on doit rompre, pour qu'elle ne débouche pas sur la rébellion. Afin que l'homme ne se rebelle pas contre Dieu, l'on fait en sorte qu'il obéisse aux hommes, ou plutôt on l'y contraint. - C'est donc ici que s'est produire pour des raisons politiques la psychologisation ou I'« intériorisation » qui par ailleurs s'oppose au politique et dont on se sert à des fins politiques.

Nature llement, l'Église pourrait dire pour se justifier qu'étant donné que Dieu est invisible, la rébellion contre Dieu est également invisible. L'obéissance à Dieu ne peut par conséquent se manifester que comme humilité - à savoir l'obéissance aux hommes pour l'amour de Dieu ou, pour le dire autrement, avec l'arrière-pensée que si j'obéis ce n'est toutefois qu 'en apparence aux hommes. L'apparence de sainteté devient la sainteté parce que même la sainteté ne se manifeste pas et qu'elle est déjà hypocrisie dès qu'elle commence à« paraître ».

On perçoit clairement le revirement chez Thomas dans ce qui suit : Summa theologica (11-11, quaescio 162, articulus V) 1 : La « superbia » est tout d'abord définie comme le contraire de I'« humilitas », laquelle est définie comme « subieccio hominis ad Deum » - par conséquent jamais « ad homines » ! Mais immédiatement après la « superbia » n'est pas simplement définie comme ,, rebellio » contre Dieu, ce qui serait en accord avec lui, mais Thomas dit: « initium superbiae hominis est apostatare a Deo » - l'apostasie de Dieu n'est que le commencement. Ainsi la porte est elle ouverte à toutes les interprétations. On peut désormais dire : derrière la désobéissance aux hommes se trouve le commencement de l'apostasie de Dieu par laquelle a commencé la « superbia ». Thomas pense que même si la « superbia » constitue le plus grand péché, elle n'est toutefois pas le premier ; le premier a consisté dans la désobéissance (quaescio 163) 2 qui n'est pas identique à l'orgueil, du fair que la « superbia » est constamment définie comme: « appetitus inordinatus excellentiae ». Elle se trouve par conséquent dans coutes les vertus: à savoir lorsqu'on fair quelque chose de bien pour l'« excellentia sui », etc.