Discours de Himmler

24 avril 1943

«Il en va de l’antisémitisme comme de l’épouillage. éliminer les poux ne relève pas d’une conception du monde. C’est une question de propreté. De la même manière exactement, l’antisémitisme n’a pas été pour nous une question de conception du monde, mais une question de propreté qui sera bientôt réglée. Nous n’aurons bientôt plus de poux» 1

 

devant des officiers SS à Poznan, 4 octobre 1943

 

 


EVACUATION DES JUIFS

«Un principe doit servir de règle absolue aux SS: nous devons être honnêtes, corrects, loyaux et bons camarades envers les gens de notre sang, à l’exclusion de tous les autres. Ce qui arrive aux Russes ou aux Tchèques ne m’intéresse absolument pas. Le sang de bonne qualité, de même nature que le nôtre, que les autres nations peuvent nous offrir, nous le prendrons, et, si besoin est, nous leur enlèverons leurs enfants et les élèverons chez nous. Il m’est totalement indifférent de savoir si les autres peuples vivent prospères, ou crèvent de faim. Cela ne m’intéresse que dans la mesure où ces peuples nous sont nécessaires comme esclaves de notre culture. Que dix mille femmes russes crèvent en creusant un fossé anti chars, cela m’est totalement indifférent, pourvu que le fossé soit creusé. […]

… Je voudrais aussi vous parler très franchement d'un sujet extrêmement important. Entre nous, nous allons l'aborder franchement, mais en public, nous ne devrons jamais en parler, pas plus que du 30 juin 1934*, date à laquelle nous n'avons pas hésité à faire notre devoir comme on nous l'avait ordonné, et à mettre nos camarades qui s'étaient montrés indignes, contre un mur et à les exécuter. C'était pour nous une question de tact de n'en avoir pas discuté, de n'en avoir pas parlé. Chacun en a été effrayé, et pourtant, chacun sait qu'il le fera à la prochaine occasion, si on lui en donne l'ordre et si cela est nécessaire.


Je voudrais parler de l'évacuation des Juifs, de l'extermination du peuple juif. Voilà une chose dont il est facile de parler. " Le peuple juif sera exterminé " dit chaque membre du Parti, " c'est clair dans notre programme : élimination des Juifs, extermination : nous le ferons ". Et puis, ils arrivent, 80 millions de braves Allemands, et chacun a son " bon " Juif. " Evidemment les autres sont des porcs, mais celui-là est un Juif de première qualité ". Pas un de ceux qui parlent ainsi n'a vu ce qui se passe. Pas un n'était sur place. La plupart d'entre vous savent ce que c'est que de voir un monceau de 100 cadavres ou de 500 ou de 1'000. Etre passé par là, et - excepté les cas de faiblesse humaine, en même temps, être resté correct, voilà qui nous a endurcis. C'est une page de notre histoire qui n'a jamais été écrite et ne le sera jamais, car nous savons combien il serait difficile pour nous aujourd'hui - sous les bombes, les privations et pertes de guerre - d'avoir encore des Juifs dans chaque ville agissant comme saboteurs, agitateurs et fauteurs de troubles. Si les Juifs étaient encore logés dans le corps de la Nation allemande, nous aurions à l'heure qu'il est, atteint le niveau de 1916-1917.

Les richesses qu'ils possédaient, nous les leur avons enlevées. J'ai donné un ordre formel, qui a été exécuté par le SS Obergruppenführer Pohl pour que ces richesses soient bien sûr intégralement transmises au Reich. Nous n'avons rien pris pour nous-mêmes. Ceux qui ont fauté seront punis conformément aux ordres que j'ai donné au départ, précisant que quiconque s'approprie le moindre mark de cet argent, est un homme mort. Un certain nombre de SS - ils ne sont pas très nombreux - ont commis ce crime, et ils mourront. Il n'y aura pas de pitié. Nous avions le droit moral, nous avions le devoir envers notre peuple, de détruire ce peuple qui voulait nous détruire. Mais nous n'avons pas le droit de nous enrichir, fût-ce d'une fourrure, d'une montre, d'un mark ou d'une cigarette ou de quoi que ce soit d'autre. Nous ne voulons pas à la fin, parce que nous avons exterminé un bacille, être infecté par ce bacille et en mourir. Je ne resterai pas là à observer passivement tant que la moindre tâche pourrie se développe ou tient bon. Quelle que soit la forme qu'elle emprunte, nous devons ensemble la brûler. De toute façon, nous pouvons dire que nous avons réalisé cette mission des plus difficiles, animés par l'amour pour notre peuple. Et ni notre être, ni notre âme, ni notre caractère n'en ont été atteints…

 

 

Discours du 6 octobre 43 à Posen, devant un parterre de Reichsleiter et de Gauleiter

«à ce sujet et dans ce cercle extrêmement réduit, je me permettrai d’aborder une question qui vous semble peut être aller de soi, camarades, mais qui a été la question la plus difficile à résoudre de toute ma vie: la question juive. Qu’il n’y ait plus de Juifs dans votre province est pour vous une chose satisfaisante et évidente. Tous les Allemands — sauf quelques rares exceptions — ont bien compris que nous n’aurions pas supporté et que nous ne supporterions pas les bombardements ni les difficultés de quatre, peut être cinq ou six années de guerre si cette peste qui décompose tout se trouvait encore dans le corps de notre peuple. La phrase «les Juifs doivent être exterminés» (Die Juden müssen ausgerottet werden) comporte peu de mots, elle est vite dite, messieurs. Mais ce qu’elle nécessite de la part de celui qui la met en pratique, c’est ce qu’il y a de plus dur et de plus difficile au monde. […]
Je vous demande avec insistance d’écouter simplement ce que je dis ici en petit comité et de ne jamais en parler. La question suivante nous a été posée: “Que fait-on des femmes et des enfants ?” - Je me suis décidé et j’ai là aussi trouvé une solution évidente. Je ne me sentais en effet pas le droit d’exterminer (auszurotten) les hommes — c’est à dire, donc, de les tuer (umbringen) ou de les faire tuer — et de laisser grandir les enfants qui se vengeraient sur nos enfants et nos descendants. Il a fallu prendre la grave décision de faire disparaître ce peuple de la terre (dieses Volk von der Erde verschwinden). Pour l’organisation qui dut accomplir cette tâche, ce fut la chose la plus dure que nous ayons eu jusqu’à présent. Cela a été accompli. […] Nous aurons réglé la question juive dans les pays que nous occupons d’ici à la fin de l’année. […]
J’en ai fini avec la question juive. Vous êtes maintenant au courant, et vous garderez tout cela pour vous. Bien plus tard, on pourra peut-être se poser la question de savoir s’il faut en dire plus au peuple allemand. Je crois qu’il a mieux valu que nous — nous tous — prenions cela sur nos épaules pour notre peuple, que nous prenions la responsabilité (la responsabilité d’un acte et non d’une idée) et que nous emportions notre secret avec nous dans la tombe»

 

 


 


1)  Cité dans Bradley F. Smith et Agnes F. Peterson, Heinrich Himmler Geheimreden 1933 bis 1945, Propylaën Verlag, 1974, p. 200-201:

«Mit dem Antisemitismus ist es genauso wie mit der Entlausung. Es ist keine Weltanschauungsfrage, daß man die Läuse entfernt. Das ist eine Reinlichkeitsangelegenheit. Genauso ist der Antisemitismus für uns keine Weltanschauungsfrage gewesen, sondern eine Reinlichkeitsangelegenheit, die ja jetzt bald ausgestanden ist. Wir sind bald entlaust.»