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Comment échapper à la confusion politique
Serge Halimi  Le Monde Diplomatique mai 2015

 

En prétendant que « Mme Le Pen parle comme un tract communiste des années 1970 », M. François Hollande a contribué au brouillage des repères politiques en France. La multiplication des alliances entre des Etats qu’a priori tout oppose rend également plus délicate la compréhension des relations internationales. Et l’information accélère sans cesse la cadence, ce qui accroît la confusion ambiante. Dans ce contexte chaotique, comment conjurer les replis identitaires et clarifier les enjeux ?

Plus de quatre ans après le début des révoltes arabes et les manifestations planétaires contre l’envol des inégalités — des « indignés » à Occupy Wall Street —, l’absence de résultats immédiats et la perte de repères clairs découragent les ardeurs à transformer la société et le monde. Un désenchantement s’exprime : « Tout ça pour ça ? » De vieux partis se décomposent ou changent de nom. Des alliances insolites se multiplient, ce qui bouscule également les catégories politiques habituelles. La Russie dénonce les « fascistes de Kiev » mais accueille à Saint-Pétersbourg un rassemblement de l’extrême droite européenne ; la France alterne proclamations vertueuses sur la démocratie, la laïcité, et soutien redoublé à la monarchie saoudienne ; le Front national (FN) prétend se réjouir du triomphe électoral d’une gauche radicale et internationaliste à Athènes.

La machine médiatique amplifie ce brouillage d’autant plus naturellement que sa cadence s’accélère et qu’elle ne sait plus produire que des sujets haletants propres à retenir l’attention et à susciter le voyeurisme, la compassion hébétée, la peur. L’extrême droite et le fondamentalisme religieux profitent souvent du désarroi général et de la mise en avant quasi systématique des thèmes qui leur sont chers. Combattants rivaux du « choc des civilisations », ils propagent la nostalgie d’un retour à un univers de traditions, d’obéissance, de foi. Ils défendent un ordre social pétri autant que pétrifié par le culte de l’identité, de la terre, de la guerre, des morts.

Ici et là, des tentatives de débordement, d’échappée belle, se heurtent, comme en Grèce, à un bloc compact de malveillance et d’interdits. Les intérêts en jeu sont puissants ; la bataille, forcément inégale. Sortir de la nasse exigerait une vision claire des forces sociales à mettre en branle, des alliés à gagner à sa cause, des priorités sur lesquelles fonder une action (1). Or, aux repères cardinaux qui ont armé les combats émancipateurs d’autrefois — la droite et la gauche, l’impérialisme et le progressisme, l’ethnie et le peuple —, semble mieux que jamais s’appliquer une observation de l’écrivain Jean Paulhan : « Tout a été dit. Sans doute. Si les mots n’avaient changé de sens ; et les sens, de mots (2). »

La France en offre un exemple singulier. Depuis que le FN est devenu l’un des principaux partis du pays, le terme de « tripartisme » a retrouvé une seconde jeunesse. A un minuscule détail près : à l’origine (1944-1947), le mot renvoyait à deux partis se réclamant du marxisme et à un troisième de centre gauche (3)…

L’actuel jeu à trois a déclenché un concours d’amalgames, chaque protagoniste prétendant que les deux autres se sont, au moins tacitement, ligués contre lui. « UMPS », répète le FN. « FNPS », objecte M. Nicolas Sarkozy. « UMPFN », corrigent nombre de dirigeants de gauche. Le brouillard paraît d’autant plus impénétrable qu’aucune de ces trois imputations n’est tout à fait infondée. « En matière économique, la politique de François Hollande est la même que celle de Nicolas Sarkozy (4) », admet par exemple M. Arnaud Montebourg, un ancien ministre socialiste dont la perspicacité a décuplé depuis son éviction du gouvernement, en août dernier. Union pour un mouvement populaire (UMP) et Parti socialiste (PS) donnent le sentiment qu’ils s’affrontent en France, mais aucun ne remet en cause les grands paramètres économiques et financiers fixés par l’Union européenne, dont presque tout le reste dépend.

Une grande coalition des modérés, comme en Allemagne, ne clarifierait-elle pas la situation ? L’un des dirigeants de la droite française, M. Alain Juppé, en a suggéré l’idée : « Il faudra peut-être songer un jour à couper les deux bouts de l’omelette pour que les gens raisonnables gouvernent ensemble et laissent de côté les deux extrêmes, de droite comme de gauche, qui n’ont rien compris au monde (5). » Entre ces « modérés et réformistes des deux camps », le centriste François Bayrou ajoute qu’il ne « voit pas de différence majeures » : « Il n’y a aucune difficulté à créer une telle entente sur le fond (6). »

Droitisation de la société française ?

Tout a été dit, sans doute… En 1989 déjà, l’actuel premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis affichait sa morosité : « Lentement, le scepticisme s’installe. Petit à petit, on estime que, coincés entre les contraintes économiques et la désaffection sociale, le terrain ne peut être reconquis. Il faut chasser sur les terres de l’adversaire, et comme cela a quelque chose de rebutant, c’est le sauve-qui-peut général (7). » Vingt-cinq ans plus tard, dans un contexte économique bien plus dégradé qu’alors (en 1988, le taux de croissance était de 4,3 % ; en 1989, de 4 %), les socialistes au pouvoir justifient une nouvelle fois leur embardée néolibérale et le vide abyssal de leur projet politique en se retranchant derrière une prétendue droitisation de la société française. M. Cambadélis se lamentait donc à nouveau en octobre dernier : « Tous les thèmes réactionnaires classiques ont pris le dessus : l’identité par rapport à l’égalité, la liberté pour les Français de souche et pas pour ceux qui sont issus de l’immigration. C’est extrêmement grave (8). » C’est même un constat de faillite saisissant…

Mais doit-on s’en étonner ? Loin de détourner la foudre réactionnaire, la politique des « modérés » l’attire tel un paratonnerre, dans la mesure même où elle échoue depuis des décennies. Sans proposer d’autre destin collectif que la promesse de nouvelles pénitences récompensées par un demi-point de croissance supplémentaire. Directeur d’un journal progressiste américain, Jim Naureckas observe pareille débandade dans son pays depuis l’essor du Tea Party : « Le centrisme ne fonctionne comme idéologie que si vous estimez que les choses vont plutôt bien et requièrent uniquement des changements mineurs. Dans le cas contraire, si vous pensez que des transformations importantes sont nécessaires, alors, loin d’être “pragmatique”, le centrisme est voué à l’échec (9). »

Et pas toujours, on le voit bien, au profit d’une option progressiste. Ce cas de figure décrit l’actuelle situation grecque : un parti social-libéral, le Pasok, ramené de 45 % à 5 % des voix en cinq ans tandis que le score de Syriza s’est envolé. Il pourrait aussi s’appliquer, dans une moindre mesure, à celle de l’Espagne. Mais d’autres partis sociaux-démocrates résistent mieux. En Italie, par exemple, M. Matteo Renzi a profité de la confusion générale pour s’imposer électoralement (40,8 % lors du scrutin européen de mai 2014) en campant le rôle de l’insurgé lové au cœur du système. Non pas tant pour le transformer, car la politique de M. Renzi ne fait que déférer aux attentes du patronat transalpin, mais pour en modifier la forme, le style : jeunesse, informalité, discours générationnel à la Tony Blair qui pourfend les « privilèges » des salariés protégés en prétendant se soucier des jeunes, condamnés, eux, aux contrats précaires. Les élites dirigeantes s’emploient toujours à diviser les classes populaires sur la base de la nationalité, de la religion, de la génération, du mode de vie, des préférences culturelles, du lieu de résidence (10). Et à saturer le débat public afin que ces polarisations constituent de nouvelles identités politiques qui ne présenteront aucun danger pour l’ordre social.

Le succès du FN découle de ce brouillage en même temps qu’il l’amplifie. Son discours mêle un nationalisme ethnique (la « préférence nationale ») qui séduit l’électorat de droite, et des proclamations sociales ordinairement défendues par la gauche. Se fondant sur les questions de l’identité, de l’islam, de l’immigration, omniprésentes dans le débat public, celle-ci prétend, telle l’ancienne ministre écologiste Cécile Duflot, qu’« il n’y a plus qu’une feuille de papier buvard entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen (11) ». Mais l’ancien président de la République récuse une telle analyse en insistant sur un aspect essentiel qui, selon lui, la contredit : « Mme Le Pen, quand on dit qu’elle est d’extrême droite, c’est un mensonge. Elle a le programme économique de l’extrême gauche. (…) Elle propose exactement les mêmes mesures, notamment en termes de smic et de retraite, que M. Mélenchon (12). » M. Sarkozy accouple également Mme Le Pen avec le PS : « Voter pour le FN au premier tour, c’est faire gagner la gauche au second. C’est le FNPS (13). »

Que veulent au juste ces électeurs du Front national, objet de tant d’attentions concurrentes ? Souvent issus des milieux populaires, massivement partisans d’un retour au franc (63 %) selon les enquêtes d’opinion, ils se disent à la fois beaucoup moins favorables à la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune que ceux de l’UMP (29 % contre 52 %) et plus demandeurs que ces derniers du rétablissement de la retraite à 60 ans (84 % contre 49 %). Les deux électorats se retrouvent en revanche pour exiger une réduction drastique du nombre d’immigrés et l’interdiction du voile à l’université (14).

Alors, droitisation de la société française ? Le mot « désarroi » correspond sans doute mieux à une situation où des électeurs de gauche se démobilisent parce qu’ils se sentent trahis par une politique… de droite. Et où près de la moitié des partisans du FN voudraient « que le système capitaliste soit réformé en profondeur » et proposent d’« établir la justice sociale en prenant aux riches pour donner aux pauvres (15) », alors que l’extrême droite ne forme aucun projet de ce genre. Mais l’histoire abonde ainsi de cas de protestations légitimes dévoyées faute de débouchés appropriés.

La politique internationale ne rend pas le monde plus déchiffrable. En particulier pour ceux qui imaginent encore que la boussole des grands principes — démocratie, solidarité, droits humains, anti-impérialisme, etc. — oriente et dicte le jeu diplomatique. Celui-ci est déterminé plus que jamais par les intérêts d’Etat. Mais, même au temps de la guerre froide, la Pologne socialiste livrait du charbon à l’Espagne de Franco, l’aidant ainsi à briser une grève de mineurs dans les Asturies. Et la Chine de Mao Zedong entretenait d’excellents rapports avec un bouquet de tyrans proaméricains. Symétriquement, lorsque l’Union soviétique occupa l’Afghanistan, les djihadistes du cru étaient armés par la Maison Blanche et photographiés avec tendresse par Le Figaro Magazine…

Le monde est-il donc devenu plus déroutant au motif qu’aujourd’hui les Etats-Unis confortent indirectement l’Iran en Irak, s’y opposent au Yémen et négocient avec lui en Suisse (lire « Washington débordé par l’affrontement entre Riyad et Téhéran ») ? Ou parce que la République socialiste du Vietnam compte sur la flotte américaine pour contenir les tentations hégémoniques de la République populaire de Chine ? En vérité, les Etats ont presque toujours cherché tantôt à se dégager de l’étreinte d’un protecteur trop puissant, tantôt à dissuader l’attaque d’un adversaire en imaginant des alliances de revers. Mettre en avant les choix politiques peu progressistes de la Russie ou de la Chine pour reprocher au premier ministre grec d’explorer à Moscou ou à Pékin les moyens éventuels d’échapper à l’étau financier de l’Union européenne relèverait par conséquent de la posture morale. Et condamnerait à l’impuissance tous les pays qui ne peuvent pas faire dépendre leur salut de la solidarité d’une communauté politique mondiale, bien peu opérationnelle à l’heure actuelle.

Pendant des décennies, le combat contre l’impérialisme occidental a valu aux Etats qui s’y engageaient le regard plein d’indulgence des militants de gauche, d’autant qu’en général le régime social des nations rebelles tranchait aussi avec celui des Etats-Unis et bousculait les multinationales. Dorénavant, exception faite de quelques Etats d’Amérique latine, ce cas de figure est devenu beaucoup plus rare ; peu de territoires échappent à l’emprise du capitalisme. Mieux vaut donc marcher avec ses deux jambes, mais en avançant l’une après l’autre… C’est-à-dire encourager les résistances à l’hégémonie occidentale lorsqu’elles ouvrent le jeu international, augmentent le nombre d’options offertes aux dissidents qui suivront ; mais également comprendre qu’apporter son appui à des Etats en butte aux pressions des grandes puissances n’oblige ni à soutenir ni à excuser leurs autres choix politiques et sociaux. Le temps des solidarités automatiques et des oppositions systématiques n’est plus. Ce confort-là a vécu.

« Vous ne voulez plus des classes, ni de leur lutte ? Vous aurez les plèbes et les multitudes anomiques. Vous ne voulez plus des peuples ? Vous aurez les meutes et les tribus », avertissait le philosophe marxiste Daniel Bensaïd (16). Dans les pays où la politique a longtemps servi de religion séculière — avec ses rituels, sa liturgie, ses mystères —, l’abaissement qu’elle a subi (rétrécissement du choix, marketing, confidences intimes, corruption, pantouflages) ne pouvait manquer d’aimanter les passions ailleurs. Or la foi et une vision ethnique de la nation ont en commun de procurer un moyen assez simple de déchiffrer le monde, avec une grille de lecture peu susceptible d’être chamboulée six mois plus tard. Accepter que l’appartenance religieuse ou culturelle constitue la clé d’identification d’une société dépossédée de tout autre repère revient cependant à rendre problématiques (ou impossibles) la plupart des alliances politiques et des convergences sociales qu’un changement radical requiert.

A ce jeu, les fractions les plus réactionnaires de la société risquent de s’imposer : une droite occidentale qui, au nom des valeurs chrétiennes du Vieux Continent, voire d’une laïcité qu’elle a presque toujours pourchassée, engage une guerre culturelle contre un islam minoritaire ; des fondamentalistes musulmans qui font rimer refoulement des séquelles du colonialisme et mise en accusation de l’héritage progressiste des Lumières. En Europe, l’issue d’un tel affrontement ne ferait aucun doute ; seul un romancier halluciné comme Michel Houellebecq peut imaginer qu’il déboucherait sur l’arrivée au pouvoir des islamistes.

Est-ce donc l’effet du désespoir suicidaire d’une fraction de la gauche radicale, ou la conséquence de l’isolement social et politique de ses franges les plus universitaires, si des bribes de ce discours identitaire et religieux s’y font dorénavant entendre ? Dans un entretien publié par une revue destinée à des intellectuels et artistes d’extrême gauche, la porte-parole du Parti des indigènes de la République (PIR), Mme Houria Bouteldja, vient ainsi de parler des mariages mixtes en proposant qu’« on règle le problème avec la conversion (17) »… « La perspective décoloniale, explique-t-elle, c’est d’abord de nous aimer nous-mêmes, de nous accepter, de nous marier avec une musulmane ou un musulman, un Noir ou une Noire. Je sais que cela semble une régression, mais je vous assure que non, c’est un pas de géant. » Sans doute, mais un de ces pas de géant qui précipiteraient la division permanente des catégories populaires, le séparatisme racial ou religieux, le « choc des civilisations ».

Les dynamiteurs de la souveraineté

Interrogé par Le Figaro pour savoir « que dire à un jeune de 20 ans », l’essayiste Michel Onfray a eu cette réplique un peu cynique : « Le bateau coule, restez élégant. Mourez debout. » D’autres options existent, moins désespérantes. Elles consistent à engager avec une vigueur redoublée les combats, indissociables, pour la démocratie économique et pour la souveraineté politique. Leur issue peut paraître incertaine aujourd’hui dès lors que trop de sujets nous en détournent, sur lesquels nous n’avons pas toujours prise. Mais le destin de la Grèce nous y ramène.

Démocratie économique ? Il s’agit en définitive d’endiguer puis de mettre un terme au pouvoir de chantage que le capital exerce sur la société (18). Un projet longtemps associé à la gauche, même si, à la Libération, un parti centriste comme le Mouvement républicain populaire (MRP) se déclarait lui aussi « opposé au capitalisme qui réserve le pouvoir de décision économique aux seuls détenteurs du capital et qui organise les relations humaines sur la base de la supériorité du capital (19 ».

Souveraineté politique ? C’est ce bien précieux que l’Union européenne prétend dynamiter lorsqu’il s’agit des Grecs. En mars dernier, M. Sarkozy s’est félicité qu’à peine élu M. Alexis Tsipras ait « ravalé ses promesses électorales » et se soit « mis à genoux » (20). Sous couvert d’anonymat, des officiels de l’Eurozone s’expriment avec autant de délicatesse. Ils exigent que le premier ministre grec change de majorité et de politique s’il veut épargner à son pays l’asphyxie financière. « Ce gouvernement ne peut pas survivre (21) », a déjà décidé l’un d’entre eux. Toutefois, à moins d’un coup d’Etat, ce genre de verdict relève encore de la souveraineté populaire. Alors, à qui se sent désemparé face à un monde aux repères brouillés, voilà un combat à mener, simple, juste, universel et solidaire. Il est d’autant moins perdu d’avance que chacun aura compris qu’il résume presque tous les autres.

Serge Halimi

(1) Lire « Stratégie pour une reconquête », Le Monde diplomatique, septembre 2013.

(2) Jean Paulhan, Enigmes de Perse, Babel, Paris, 1992.

(3) Le Parti communiste français (PCF), la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) et le Mouvement républicain populaire (MRP).

(4Les Echos, Paris, 1er avril 2015.

(5Le Point, Paris, 1er janvier 2015.

(6Le Point, 9 avril 2015.

(7) Intervention du 16 décembre 1989 au colloque du PS « Où sont nos divergences idéologiques ? ».

(8) « Questions d’info », LCP, 15 octobre 2014.

(9) « Centrist anxiety at the “New York Times” », FAIR, 2 février 2015.

(10) Lire Benoît Bréville et Pierre Rimbert, « Une gauche assise à la droite du peuple », Le Monde diplomatique, mars 2015.

(11Le Monde, 1er avril 2015.

(12) TF1, journal de 20 heures, 17 mars 2015.

(13Le Figaro, Paris, 2 mars 2015.

(14) Sondages IFOP - Le Figaro Magazine du 3 avril 2014 et Cevipof - Le Figaro du 8 avril 2014.

(15) Respectivement 47 % et 45 %. Sondage Cevipof-Le Figaro déjà cité.

(16) Daniel Bensaïd, Eloge de la politique profane, Albin Michel, coll. « Bibliothèque idées », Paris, 2008.

(17Vacarme, n° 71, Paris, printemps 2015.

(18) Lire Frédéric Lordon, « La gauche ne peut pas mourir », Le Monde diplomatique, septembre 2014.

(19) Cité par Mario Einaudi et François Goguel, Christian Democracy in Italy and France, University of Notre Dame Press, 1952.

(20Le Figaro, 2 mars 2015.

(21Financial Times, Londres, 6 avril 2015.