palimpseste Chroniques

Minable !

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Le mot, même pas de la semaine ... du mois !

Qui est miné, usé par les privations, la misère, la maladie. Dont l'aspect extérieur révèle la pauvreté, la misère. Très mauvais, très médiocre.1

Minable, oui, cette polémique autour d'un Depardieu s'exilant ... en Belgique, pour payer moins d'impôts. Que la chose manque quelque peu d'élégance - mais sûrement pas de provocation - ne saurait cacher combien le discours sur le patriotisme de l'impôt de fonctionne pas - ou plus ! combien ceci n'est que la face émergée d'un récif bien plus anguleux sur quoi se seront juchés, en toute légalité, tous les conseillers fiscaux et autres gestionnaires de patrimoine.

Minable oui - au sens premier du terme - ce pays qui ne sait plus rien regarder, ni ses riches, ni ses pauvres et se contente de furtives polémiques pour s'imaginer encore exister !

Minable encore ce jeu interminable sur cette énième fin du monde qui, à défaut de se produire, nourrit les gazettes de commentaires dont la vacuité l'aura disputé à la stupidité comme si la gravité de ces temps difficiles n'avait plus qu'à se mettre en scène dans la mauvaise comédie de nos peurs dans l'attente d'un émissaire qu'on saura sacrifier demain.

Minable encore - dans le sens de misère - cette reconnaissance a minima des affres de la colonisation. (2) On y reconnaît bien la patte Hollande : ce souci, louable, d'apaisement, dans un pays déchiré par ses fractures béantes, mais cette quête systématique de l'entre-deux, d'un apparent juste milieux qui respire plus le politiquement correct que le réel courage d'un rebond. Pays si épuisé qu'il n'a rien à offrir désormais que la lâche reconnaissance de son passé trouble et le veule adoubement d'un régime si peu démocratique !

Minable, tellement, que cette sombre polémique, quand il eût mieux valu un débat, sur le mariage pour tous qui offre la part belle à tous les remugles d'extrême-droite et aux exhalaisons intégristes. Comme s'il fallait une fois de plus illustrer la pertinence de notre société à faire corps, ou qu'il lui fallût une fois de plus renoncer, par peur d'avoir à inventer une modernité qui lui échappe, à regarder en face ce qui la fonde.

Non, décidément, ce temps n'est pas celui des fondateurs mais des plâtriers qui s'échinent avec l'entêtement du désespoir, à escamoter des béances qui pourtant rongent....

Nous sommes peut-être, ici, à cet instant précis, en ce lieu si particulier du mitant : où, d'égale distance d'avec la rive que nous avons quittée et de celle que nous rêvons d'atteindre, les flots semblent nous entrainer dans un tourbillon où la tentation est aussi forte mais aussi improbable d'un retour en arrière que d'un bond en avant. Obérée par la difficulté d'un temps qui ne paraît rien vouloir céder, la posture est désormais celle du dilemme entre un conservatisme étriqué et vain et un point de mire hors d'atteinte.

Pour ces temps épiques, il nous faudrait des hommes épiques car c'est bien d'une épopée dont il s'agit. Je ne suis pas certain que la dialectique y puisse encore pourvoir.

 


1) définition

2)«Nous avons le respect de la mémoire, de toutes les mémoires. Nous avons ce devoir de vérité sur la violence, sur les injustices, sur les massacres, sur la torture.»

«Rien ne se construit dans la dissimulation, dans l’oubli, et encore moins dans le déni. La vérité, elle n’abîme pas, elle répare. La vérité, elle ne divise pas, elle rassemble.»

«La question qui est posée à nos deux pays, l’Algérie et la France, elle est simple, elle est grave : sommes-nous capables d’écrire ensemble une nouvelle page de notre histoire ? Je le crois. Je le souhaite. Je le veux.»

«Nous ne devons pas faire de la demande d’un visa un parcours d’obstacles ou, pire, une humiliation. Nous avons besoin que […] s’amplifient les allers-retours de […] tous ceux qui animent [notre] relation.»

«De même que la France et l’Allemagne avaient été capables […] d’être les moteurs de la construction européenne, l’Algérie et la France peuvent construire aussi l’union, l’unité méditerranéenne de demain.»

«Pendant 132 ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste, brutal et destructeur. Ce système a un nom, c’est la colonisation, et je reconnais ici les souffrances [de la colonisation].»
Discours d'Alger