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Jean-Christophe Cambadélis:
«La gauche plurielle n’a jamais été un fleuve tranquille»

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INTERVIEW Par LILIAN ALEMAGNA, LAURE BRETTON


Député de Paris, Jean-Christophe Cambadélis est potentiellement candidat à la succession de Martine Aubry, si elle décide de quitter la direction du PS en octobre, au congrès de Toulouse.

Etes-vous officiellement candidat au poste de premier secrétaire du Parti socialiste ?

Nous n’en sommes pas encore à ce stade… La phase de congrès se poursuit. Nous n’avons pas de synthèse, et il faut y travailler. Martine Aubry a souligné que le débat avançait, qu’il était positif. Pour autant, elle n’a pas encore dit ce qu’elle souhaitait faire. Donc le premier principe, c’est le respect des règles, des instances, des rythmes et des militants.

Mais quels seraient vos atouts ?

Cette fois il ne s’agit pas d’avoir un premier secrétaire, potentiel candidat à la présidentielle. Ce sera donc un rôle nécessairement transitoire.

Comment le parti peut-il être une forme d’appui pour le gouvernement et non un simple écho des décisions de l’exécutif ?

Avec Martine Aubry, on a eu le retour de l’unité, la rénovation et les valeurs. C’est ce qu’il faut continuer, en sachant que la victoire de François Hollande ouvre un nouveau cycle politique. A nouvelle donne, nouveau brassage !

Le danger est surtout d’avoir un Parti socialiste qui s’endort sur ses lauriers…

L’architecture du changement, ce sont trois pôles : le Président, le gouvernement et un parti qui doit être intransigeant dans la défense de l’exécutif et insatiable dans sa volonté de justice.

Vous avez parlé de campagne de «boutons de veste», militant par militant, mais ce sont Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault qui décideront de qui sera le futur premier secrétaire du parti, non ?

Ils le décideront dans un ensemble ! Ils trouveront celui qui est le mieux à même de faire vivre une collectivité dans le moment présent.

Les militants plébiscitent la rénovation, quels sont vos engagements dans ce domaine ?

On ne va pas arrêter ce qui a fait notre succès ! Le non-cumul me paraît essentiel. Le PS, qui a tout gagné, joue à guichets fermés ; si nous voulons nous renouveler, ça passe par le non-cumul, sinon nous risquons la sclérose. Dans une phase de conquête, il était parfois utile que des élus soient candidats à plusieurs élections. Mais aujourd’hui, où nous avons tout, il faut que le PS soit à la hauteur du partage du pouvoir.

Le traité européen menace-t-il de fragmenter la gauche ?

Il faut appeler les gens à la responsabilité, mais il faut respecter les idées, donc il faut débattre et convaincre. François Hollande a lancé un engrenage, celui du changement de cap en Europe, mais ça n’est pas fini, cela ne fait que commencer.

La droite étant en pleine bataille de succession, ce sont les partenaires de la majorité qui semblent poser plus de problème à l’exécutif…

La gauche plurielle n’a jamais été un fleuve tranquille. Tout le monde connaît le tempérament de nos partenaires, mais ils ne sont pas dans les mêmes situations. Jean-Luc Mélenchon veut la réussite de la gauche et estime que ça passe par un certain nombre de ses positions. Les écologistes sont plus dans la responsabilité, puisqu’ils participent au gouvernement. Tout le monde est aujourd’hui condamné à gagner, personne ne pourra prospérer dans la défaite.

En tapant fort sur le gouvernement, pensez-vous que Mélenchon fait le pari de son échec ?

Je dirai à Jean-Luc, qui a été ministre de Lionel Jospin, que tout pas en avant vaut mieux que mille coups de gueule dans la transformation de la société.