Palimpsestes

Irruption du peuple

Qu'on le veuille ou non, l'irruption du peuple produit inévitablement un conflit de légitimité et, donc, un vrai problème de souveraineté.

Comment parler légitimement au nom du peuple quand ce peuple est, ici, présent, agissant surtout, et dit le contraire de ce que l'on avance ? C'est le destin tragique et comique à la fois de tout intermédiaire qui frôle presque toujours l'usurpation, parce que les places sont les mêmes, d'entre la traduction et la trahison!

Conflit pour l'Assemblée elle-même, déchirée entre sa propre légitimité et celle du Roi, d'un roi traître qu'elle ne se résout pas à déclarer tel, qu'elle ne se résout pas à condamner, qu'elle parvient juste à suspendre provisoirement (après la fuite de Varennes) : bref d'un Roi dont elle ne sait que faire parce que sa négation revient à la suppression de la constitution et donc à la remise en question de sa propre légitimité.

Conflit pour l'Assemblée encore qui ne sait comment agir face à ce peuple turbulent qu'elle est supposée représenter, dont elle a pour tâche de traduire la volonté et qu'elle semble soudainement trahir.

Cette irruption, nous l'avons déjà dit, bouleverse le temps du politique, elle redistribue toutes les cartes parce que ce qui est supposé dehors, subitement est dedans. Le peuple, parce qu'il est le principe même de la souveraineté, est sacré mais le sacré n'a de sens qu'à partir du moment où il transcende ce qu'il ordonne. Or, voici le sacré immanent et cette immanence revêt ici un sens bien particulier.

C'est sans doute sur ce point que les lectures de gauche et de droite diffèrent le plus et où se marque cette ligne de partage que nous évoquions.

Car, finalement, que veut le peuple ?

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