Approche du politique

Individu /société

Etymologie

Ne jamais oublier que l'individu, c'est d'abord ce qui est indivisible. L'élément premier. Il est donc, en latin, ce qu'en grec on nomme atome: a-tomos ce qui ne se découpe pas. Si une société doit s'entendre comme composée d'éléments premiers (individu pour les uns, famille pour les autres) alors il faut comprendre qu'elle se présenterait comme une grandeur discontinue, non pas comme un espace ou un temps (qui eux sont divisibles à l'infini) mais comme une entité rationnelle, arithmétique en quelque sorte, c'est-à-dire comme une façon de penser le réel.

L'acte de naissance de la société

Y en a-t-il seulement un? Peut-on comme Rousseau se dire qu'au départ, il y aurait un état pré-social, un état de nature et qu'ainsi l'homme serait entré en société par un acte volontaire, historique, repérable et analysable?
Évidemment non!


- d'abord parce que si l'homme est chronologiquement premier, logiquement c'est la société qui est première et l'homme second. L'homme est un animal politique. Puisqu'il n'est homme que sous le regard de l'autre, des autres hommes, qu'il ne prend conscience et construit son humanité que dans la relation avec un autre homme. La condition de possibilité de l'homme est, bien entendu le fait social lui-même, la co-présence au monde et le sentiment qu'on en a
- ensuite, parce que même si par absurde, une telle hypothèse devait se vérifier, nul ne serait là, ni trace ni témoignage pour l'attester. Qu'une hypothèse invérifiable et non explicative en toute logique est une absurdité.
- enfin parce que Rousseau lui-même ne l'a jamais avancé. Ce dernier, cohérent, avance en réalité quelque chose comme une hypothèse d'école, un raisonnement a contrario. Pour comprendre ce qu'est une société, son fondement, imaginons ce qui se serait passé si elle n'existait pas. Tel est le sens de l'état de nature

Se poser la question en terme de fondement pas d'histoire

Si les formes que prennent les sociétés se comprennent en raison des circonstances et déterminismes historiques (économiques, politiques, sociaux, idéologiques ...) en revanche le fait social lui s'entend en terme de fondement, c'est-à-dire ce que qui le fonde, à la racine: l'essence de l'homme.
Ce qui alors apparaît assez clairement: les théories politiques dépendent dans une large mesure de la conception positive ou négative qu'elles se sont de l'homme. Le fondement du politique est donc bien aussi idéologique. Il est en tout cas philosophique.

Au centre, la question de la violence

Elle fonde la justification du fait social aux yeux de presque tous les auteurs. Une violence interminable, sans cesse reproduite parce que justement la coalition même des faibles peut vaincre les forts et n'évite pas même la riposte ultérieure. Non parce qu'elle serait répréhensible moralement, mais qu'elle remette en cause la reproduction même de l'espèce, la violence est cela même que la société doit pourfendre. Que paradoxalement elle reproduit en pourfendant même.

A la périphérie la question du travail

Que ce soit du point de vue de la phénoménologie, ou de la psychanalyse, le travail apparaît comme un des moyens de canaliser ou sublimer cette violence tout en garantissant la pérennité de la conscience humaine.
Toute la question, et elle est politique, reste alors de savoir si toute société est nécessairement répressive et doit le rester (Freud), ou si, au, contraire, elle peut être au service sinon des désirs tout au moins de la liberté des individus.
On observera donc attentivement comment, de périphérique, la question du travail, deviendra centrale, et comment toutes les problématiques politiques s'en trouvent modifiées.