Elysées 2012

François Bayrou plaide, comme en 2007, pour "une majorité centrale"

 

Dans son discours fleuve – une heure et vingt minutes – de clôture des universités d'été du MoDem, François Bayrou a plaidé, comme il l'avait fait en 2007, pour la création d'une "majorité centrale" à l'occasion de l'élection présidentielle de 2012. La partition entonnée sur la presqu'île de Giens (Var), dimanche 18 septembre, est un classique pour le député béarnais. Mais il la remet au goût du jour, en estimant que la crise économique et financière qui frappe l'Europe confirme son diagnostic.

"Nous n'allons pas laisser notre pays continuer à s'affaiblir jusqu'à s'effondrer", a lancé François Bayrou, qui estime, martial, que le pays est entré "en temps de guerre". La crise, pour engager le combat, impose selon lui de créer "une majorité nouvelle qui ne peut être qu'une majorité centrale", afin de succéder à la logique de deux "blocs fermés".

Selon le président du MoDem, "les deux majorités classiques" souffrent de deux défauts rédhibitoires : "Elles coupent le pays en deux et sont coupées en deux en leur sein. Au sein de la gauche et de la droite, il y a deux thèses qui s'affrontent. Sur leurs ailes, il y a deux forces qui prétendent que les problèmes viennent de l'extérieur, soit des immigrés soit du capitalisme international. Notre conviction à nous, c'est que les problèmes viennent pour l'essentiel de chez nous."

François Bayrou, reprenant en substance le contenu de son dernier livre, 2012, Etat d'urgence, a tracé un chemin programmatique qui suit trois axes principaux : "produire", pour relancer les emplois et lutter contre les déficits du commerce extérieur ; "instruire", pour préparer l'avenir ; et "construire une démocratie digne de ce nom", histoire d'en finir avec les affaires politico-judiciaires, mais aussi avec le système bipartisan français, en injectant une dose de proportionnelle dans le mode de scrutin des élections législatives.

"MONSIEUR PROPRE"

Engagé dans une primaire informelle avec Jean-Louis Borloo, avec qui il se dispute l'espace du centre pour 2012, François Bayrou s'est évertué à se présenter comme le seul candidat crédible. En ciblant, en creux, ce qu'il estime être la faiblesse de son concurrent, ancien ministre de Nicolas Sarkozy. "Nous avons refusé toutes les compromissions et toutes les soumissions", a affirmé le président du MoDem, ajoutant : "Nous ne serons jamais dans aucune manœuvre, accord souterrain, dans aucun deal de quelque poil que soit le dealeur".

Revenant aux fondamentaux de sa campagne de 2007, François Bayrou a aussi retrouvé son costume de "Monsieur Propre" de la politique française. "Affaire Djouri, affaire Bourgi, affaire Tapie, affaire Guérini, Takkiedine et compagnie (…), tout cela nous fait honte, et c'est à ceux là en vérité qu'il faut en premier lieu passer le Karcher !", a-t-il tonné, retournant contre Nicolas Sarkozy la formule qu'il avait employée à La Courneuve lors de la campagne de l'élection présidentielle de 2007. "On prétendait que les voyous étaient dans les cités (…). On découvre qu'en réalité les voyous, les truands, les trafiquants, on les a installés au cœur de l'Etat", a-t-il attaqué.

Pierre Jaxel-Truer

 


Le Monde du 18 Sept