Elysées 2012

Pour Sarkozy, la primaire serait contraire à l'esprit de la Ve République

Sur la primaire PS, la droite peine décidément à parler d'une même voix. Après François Fillon qui louait, en fin de semaine dernière, «un processus moderne qui convient à droite comme à gauche», Nicolas Sarkozy a pris le contre-pied, ce mardi matin devant des responsables de sa majorité, en laissant entendre que la compétition socialiste était contraire à l'esprit de la Ve République.
«La Ve République ne peut être l'otage des partis politiques et le candidat (à la présidentielle, ndlr) pris en otage par son parti, le général de Gaulle a voulu une élection à deux tours, pas à quatre tours», a expliqué le chef del'Etat, selon un responsable UMP qui participait au petit-déjeuner des ténors de la majorité à l'Elysée. «Les socialistes s'occupent des socialistes, nous devons nous occuper de l'ensemble des Français», a ajouté Sarkozy, Sarkozyd'après cette même source, en s'adressant à plusieurs ministres dont Xavier Bertrand (Travail) et Alain Juppé (Affaires étrangères), et au secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé.
«Malgré un pilonnage médiatique sans pareil, la participation à la primaire est assez loin de ce qui était annoncé», a aussi estimé Sarkozy. Et ce malgré une participation qui dépasse les 2,5 millions de votants.

«Mauvaise interprétation» de la Constitution

Des critiques qui trahissent, selon le premier secrétaire par intérim du PS, Harlem Désir, «un immense désarroi» du président de la République «face au succès» de ce scrutin, inédit en France. Cela confirme que «la droite est ébranlée», affirme Désir à l'AFP.
François Hollande y voit, lui, une «mauvaise interprétation» de la Constitution et «une fausse analyse»: «Justement les primaires sont la procédure la plus citoyenne, la plus ouverte qui soit: la consultation n'est pas confisquée par un parti, mais donnée aux Français pour qu'ils fassent leur choix», a analysé le candidat qui sera opposé, dimanche au second tour, à Martine Aubry. «Une nouvelle fois, il aurait mieux fait de rester dans son rôle et ne pas commenter ce que font les partis», rétorque Hollande: «Pourquoi s'en prendre aux partis?»
Au cours du petit-déjeuner à l'Elysée, la majorité présidentielle a aussi réfléchi à la façon de reprendre la main, après la séquence «primaire», Juppé suggérant que la droite initie une dynamique pour «occuper l'espace» face à la gauche. Copé a répondu que l'UMP avait fixé un programme de conventions thématiques et adopterait ensuite son projet.
A rebours des propos présidentiels, le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP), qui n'était pas au petit-déjeuner, a estimé ce matin que «le mécanisme des primaires finira par s'imposer en France», en précisant que ce système ne concerne pas en 2012 la majorité, dont le candidat naturel «est le président sortant».
(Source AFP)

 


Libération 4 Oct