Elysées 2012

Primaires

Dans sa conception d’origine, la « primaire citoyenne à gauche » pouvait devenir un grand moment démocratique : largement mobilisatrice, confrontant les projets et les idées, et éventuellement bouleversant les leaderships établis. Pour l’instant et avant certes les débats télévisés qui débuteront jeudi 15, ce sondage Viavoice réalisé pour Libération indique que :
- La prééminence de François Hollande est confirmée, voire confortée auprès de l’opinion ;
- La primaire peine à susciter l’engouement des Français.

Persévérance d’une prééminence d’opinion en faveur de François Hollande

François Hollande bénéficie d’un net crédit d’opinion, supérieur à ceux dont disposent les autres présidentiables socialistes :
- Il est le plus populaire des présidentiables socialistes. Sa popularité, établie à 55 % auprès des Français, ne baisse pas par rapport aux données enregistrées en août, et demeure établie sur le score acquis par le député de Corrèze au mois de mai dernier, après le déclenchement de l’affaire Strauss-Kahn ; concernant ses publics de proximité politique, François Hollande obtient 70 % de popularité auprès des sympathisants de gauche, et 81 % auprès des sympathisants socialistes ;
- François Hollande est le candidat dont la victoire à la primaire est la plus désirée, par 33 % des Français, 40 % des sympathisants de gauche et 49 % des sympathisants socialistes.
Ces scores confortés s’expliquent notamment par la crédibilité perçue du candidat pour exercer la fonction présidentielle, et par sa capacité à ne pas cliver l’opinion.

Fragilisation d’image concernant Martine Aubry

En revanche, Martine Aubry subit des défections d’opinion.
- Sa popularité auprès des Français est désormais de 45 %, en baisse sensible de 4 points par rapport aux résultats enregistrés récemment, les 18 et 19 août ; qui plus est ces résultats actuels consacrent une perte de 8 points de popularité par rapport aux données obtenues en juin dernier ;
- En termes de souhaits de victoire à la primaire, Martine Aubry obtient des résultats à distance de ceux que recueillent François Hollande : 15 % auprès des Français (-18 points par rapport à François Hollande), 22 % auprès des sympathisants de gauche (-18 également) et 24 % auprès des sympathisants socialistes (-25).
Cette fragilisation d’image s’inscrit notamment dans le contexte de l’affaire Guérini et du refus, par Martine Aubry, de sanctionner le premier fédéral des Bouches-du-Rhône après la diffusion du rapport Montebourg ; elle s’inscrit, plus largement, dans le contexte d’une campagne électorale jugée insuffisamment convaincante par une partie des sympathisants de gauche.
Ségolène Royal dispose de résultats stables en popularité (33 %, -1 par rapport aux données d’août), et de souhaits de victoire établis entre 12 % (sympathisants de gauche) et 9 % (sympathisants socialistes). Ce sondage, réalisé jeudi 8 et vendredi 9, ne traduit pas d’impact, positif ou négatif, des déclarations de la candidate concernant François Hollande et Martine Aubry ; il a, par ailleurs, été réalisé avant le discours de Montreuil.
Manuel Valls et Arnaud Montebourg progressent en popularité (respectivement 30 %, +4 et 27 %, +3), mais les souhaits de victoire en leur faveur sont inférieurs ou égaux à 6 %. Jean-Michel Baylet, peu connu, obtient des souhaits de victoire inférieurs à 1 %.


Une primaire qui peine à susciter l’engouement des Français

Au-delà de ces scores concernant les candidats, la primaire en elle-même peine à convaincre les Français.
Dans leur majorité, les Français ne s’intéressent pas (60 %) à cette « primaire citoyenne à gauche ». Et l’univers sémantique associé à cette consultation est prioritairement critique. En dehors du terme « démocratie » cité par 25 % des personnes interrogées, les mots les plus souvent retenus sont « artificielle » (25 %), « compliquée » (24 %), « confusion » (21 %), « divisions » (18 %). Certes, il est compréhensible que des sympathisants de droite ne souscrivent pas au principe de la primaire ; mais ces résultats ne témoignent pas d’un phénomène d’exemplarité qui aurait pu ériger la primaire en modèle aux yeux de l’ensemble des Français.
Les trois débats télévisés modifieront peut-être l’image de cette primaire. Mais pour l’instant, les appréciations concernant son contenu sont faibles, citées en septième position (« débat », 17 %) et en huitième (« projet », 16 %).
Certes, les sympathisants de gauche apparaissent plus bienveillants mais leur taux d’intérêt, établi à 58 %, n’est pas massif, et le deuxième terme qu’ils associent à la primaire, après celui de « démocratie » (35 %) est celui de « compliquée » (24 %).
La primaire citoyenne, phénomène inédit, exige encore une phase d’appropriation par les électeurs, et de pédagogie par ses promoteurs.

Nicolas Sarkozy ne parvient pas à franchir un plafond de 35 % de popularité

A droite, Nicolas Sarkozy obtient une popularité de 35 % (-1). En réalité, ce niveau apparaît comme un plafond que le chef de l’Etat ne parvient pas à dépasser depuis un an. Ni le sommet avec Angela Merkel, ni l’évolution jugée positive en Libye, ni la « représidentialisation » du style Sarkozy n’auront fait bouger les perceptions de Français déçus, principalement, par les résultats en matière de pouvoir d’achat et peu convaincus de la capacité du président de la République à obtenir des résultats tangibles en la matière au cours des mois qui viennent.
François Miquet-Marty